Plaisirde lire. CE2. ThĂšme 7. Grandir prĂšs du chĂątaignier. ThĂšme 6 : Le printemps. Texte . 1 . Lecture intĂ©grale d’Ɠuvre littĂ©raire classique. La chĂšvre de Monsieur Seguin. 1M. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chĂšvres. Il les perdait toutes de la mĂȘme façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et lĂ -haut le loup les
Je vous propose une nouvelle Ă  lire seul ou avec ses enfants, pour rĂ©flĂ©chir et discuter de la notion de liberté  À M. Pierre Gringoire, poĂšte lyrique Ă  ParisTu seras bien toujours le mĂȘme, mon pauvre Gringoire !Comment ! On t’offre une place de chroniqueur dans un bon journal de Paris, et tu as l’aplomb de refuser
 Mais regarde-toi, malheureux garçon ! Regarde ce pourpoint trouĂ©, ces chausses en dĂ©route, cette face maigre qui crie la faim. VoilĂ  pourtant oĂč t’a conduit la passion des belles rimes ! VoilĂ  ce que t’ont valu dix ans de loyaux services dans les pages du sire Apollo
 Est-ce que tu n’as pas honte, Ă  la fin ?Fais-toi donc chroniqueur, imbĂ©cile ! Fais-toi chroniqueur ! Tu gagneras de beaux Ă©cus Ă  la rose, tu auras ton couvert chez BrĂ©bant, et tu pourras te montrer les jours de premiĂšre avec une plume neuve Ă  ta barrette
Non ? Tu ne veux pas ?
 Tu prĂ©tends rester libre Ă  ta guise jusqu’au bout
 Eh bien, Ă©coute un peu l’histoire de la chĂšvre de M. Seguin. Tu verras ce que l’on gagne Ă  vouloir vivre Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses les perdait toutes de la mĂȘme façon un beau matin, elles cassaient leur corde, s’en allaient dans la montagne, et lĂ -haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maĂźtre, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C’était, paraĂźt-il, des chĂšvres indĂ©pendantes, voulant Ă  tout prix le grand air et la brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractĂšre de ses bĂȘtes, Ă©tait consternĂ©. Il disait – C’est fini ; les chĂšvres s’ennuient chez moi, je n’en garderai pas il ne se dĂ©couragea pas, et, aprĂšs avoir perdu six chĂšvres de la mĂȘme maniĂšre, il en acheta une septiĂšme ; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu’elle s’habituĂąt Ă  demeurer chez ! Gringoire, qu’elle Ă©tait jolie, la petite chĂšvre de M. Seguin ! qu’elle Ă©tait jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zĂ©brĂ©es et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! C’était presque aussi charmant que le cabri d’EsmĂ©ralda, tu te rappelles, Gringoire ? – et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l’écuelle. Un amour de petite chĂšvre
M. Seguin avait derriĂšre sa maison un clos entourĂ© d’aubĂ©pines. C’est lĂ  qu’il mit la nouvelle l’attacha Ă  un pieu, au plus bel endroit du prĂ©, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps, il venait voir si elle Ă©tait bien. La chĂšvre se trouvait trĂšs heureuse et broutait l’herbe de si bon cƓur que M. Seguin Ă©tait ravi.– Enfin, pensait le pauvre homme, en voilĂ  une qui ne s’ennuiera pas chez moi !M. Seguin se trompait, sa chĂšvre s’ jour, elle se dit en regardant la montagne – Comme on doit ĂȘtre bien lĂ -haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruyĂšre, sans cette maudite longe qui vous Ă©corche le cou !
 C’est bon pour l’ñne ou pour le bƓuf de brouter dans un clos !
 Les chĂšvres, il leur faut du partir de ce moment, l’herbe du clos lui parut lui vint. Elle maigrit, son lait se fit rare. C’était pitiĂ© de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tĂȘte tournĂ©e du cĂŽtĂ© de la montagne, la narine ouverte, en faisant MĂȘ.!
 tristement. M. Seguin s’apercevait bien que sa chĂšvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c’était
 Un matin, comme il achevait de la traire, la chĂšvre se retourna et lui dit dans son patois – Écoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.– Ah ! mon Dieu !
 Elle aussi ! cria M. Seguin stupĂ©fait, et du coup il laissa tomber son Ă©cuelle ; puis, s’asseyant dans l’herbe Ă  cĂŽtĂ© de sa chĂšvre – Comment, Blanquette, tu veux me quitter !Et Blanquette rĂ©pondit – Oui, monsieur Seguin.– Est-ce que l’herbe te manque ici ?– Oh ! non ! monsieur Seguin.– Tu es peut-ĂȘtre attachĂ©e de trop court, veux-tu que j’allonge la corde ?– Ce n’est pas la peine, monsieur Seguin.– Alors, qu’est-ce qu’il te faut ? qu’est-ce que tu veux ?– Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin.– Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu’il y a le loup dans la montagne
 Que feras-tu quand il viendra ?
– Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin.– Le loup se moque bien de tes cornes. Il m’a mangĂ© des biques autrement encornĂ©es que toi
 Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui Ă©tait ici l’an dernier ? une maĂźtresse chĂšvre, forte et mĂ©chante comme un bouc. Elle s’est battue avec le loup toute la nuit
 puis, le matin, le loup l’a mangĂ©e.– PĂ©caĂŻre ! Pauvre Renaude !
 Ça ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la montagne.– BontĂ© divine !
 dit M. Seguin ; mais qu’est-ce qu’on leur fait donc Ă  mes chĂšvres ? Encore une que le loup va me manger
 Eh bien, non
 je te sauverai malgrĂ© toi, coquine ! et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t’enfermer dans l’étable et tu y resteras M. Seguin emporta la chĂšvre dans une Ă©table toute noire, dont il ferma la porte Ă  double il avait oubliĂ© la fenĂȘtre et Ă  peine eut-il le dos tournĂ©, que la petite s’en alla
Tu ris, Gringoire ? Parbleu ! Je crois bien ; tu es du parti des chĂšvres, toi, contre ce bon M. Seguin
 Nous allons voir si tu riras tout Ă  l’ la chĂšvre blanche arriva dans la montagne, ce fut un ravissement gĂ©nĂ©ral. Jamais les vieux sapins n’avaient rien vu d’aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les chĂątaigniers se baissaient jusqu’à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genĂȘts d’or s’ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu’ils pouvaient. Toute la montagne lui fit penses, Gringoire, si notre chĂšvre Ă©tait heureuse !Plus de corde, plus de pieu
 Rien qui l’empĂȘchĂąt de gambader, de brouter Ă  sa guise
 C’est lĂ  qu’il y en avait de l’herbe ! jusque par-dessus les cornes, mon cher !
 Et quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelĂ©e, faite de mille plantes
 C’était bien autre chose que le gazon du clos. Et les fleurs donc !
 De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre Ă  longs calices, toute une forĂȘt de fleurs sauvages dĂ©bordant de sucs capiteux !
 La chĂšvre blanche, Ă  moitiĂ© soĂ»le, se vautrait lĂ -dedans les jambes en l’air et roulait le long des talus, pĂȘle-mĂȘle avec les feuilles tombĂ©es et les chĂątaignes
 Puis, tout Ă  coup elle se redressait d’un bond sur ses pattes. Hop ! la voilĂ  partie, la tĂȘte en avant, Ă  travers les maquis et les buissiĂšres, tantĂŽt sur un pic, tantĂŽt au fond d’un ravin, lĂ  haut, en bas, partout
 On aurait dit qu’il y avait dix chĂšvres de M. Seguin dans la montagne. C’est qu’elle n’avait peur de rien la franchissait d’un saut de grands torrents qui l’éclaboussaient au passage de poussiĂšre humide et d’ toute ruisselante, elle allait s’étendre sur quelque roche plate et se faisait sĂ©cher par le soleil
 Une fois, s’avançant au bord d’un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle aperçut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos derriĂšre. Cela la fit rire aux larmes.– Que c’est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir lĂ -dedans ?Pauvrette ! De se voir si haut perchĂ©e, elle se croyait au moins aussi grande que le monde
En somme, ce fut une bonne journĂ©e pour la chĂšvre de M. Seguin. Vers le milieu du jour, en courant de droite et de gauche, elle tomba dans une troupe de chamois en train de croquer une lambrusque Ă  belles dents. Notre petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la meilleure place Ă  la lambrusque, et tous ces messieurs furent trĂšs galants
 Il paraĂźt mĂȘme, – ceci doit rester entre nous, Gringoire, – qu’un jeune chamois Ă  pelage noir, eut la bonne fortune de plaire Ă  Blanquette. Les deux amoureux s’égarĂšrent parmi le bois une heure ou deux, et si tu veux savoir ce qu’ils se dirent, va le demander aux sources bavardes qui courent invisibles dans la Ă  coup le vent fraĂźchit. La montagne devint violette ; c’était le soir.– DĂ©jĂ  ! dit la petite chĂšvre ; et elle s’arrĂȘta fort bas, les champs Ă©taient noyĂ©s de brume. Le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec un peu de fumĂ©e. Elle Ă©couta les clochettes d’un troupeau qu’on ramenait, et se sentit l’ñme toute triste
 Un gerfaut, qui rentrait, la frĂŽla de ses ailes en passant. Elle tressaillit
Puis ce fut un hurlement dans la montagne – Hou ! hou !Elle pensa au loup ; de tout le jour la folle n’y avait pas pensé  Au mĂȘme moment une trompe sonna bien loin dans la vallĂ©e. C’était ce bon M. Seguin qui tentait un dernier effort.– Hou ! hou !
 faisait le loup.– Reviens ! Reviens !
 criait la eut envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa que maintenant elle ne pouvait plus se faire Ă  cette vie, et qu’il valait mieux trompe ne sonnait plus
La chĂšvre entendit derriĂšre elle un bruit de se retourna et vit dans l’ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient
C’était le immobile, assis sur son train de derriĂšre, il Ă©tait lĂ  regardant la petite chĂšvre blanche et la dĂ©gustant par avance. Comme il savait bien qu’il la mangerait, le loup ne se pressait pas ; seulement, quand elle se retourna, il se mit Ă  rire mĂ©chamment.– Ah ! Ha ! La petite chĂšvre de M. Seguin ! Et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d’ se sentit perdue
 Un moment, en se rappelant l’histoire de la vieille Renaude, qui s’était battue toute la nuit pour ĂȘtre mangĂ©e le matin, elle se dit qu’il vaudrait peut-ĂȘtre mieux se laisser manger tout de suite ; puis, s’étant ravisĂ©e, elle tomba en garde, la tĂȘte basse et la corne en avant, comme une brave chĂšvre de M. Seguin qu’elle Ă©tait
 Non pas qu’elle eĂ»t l’espoir de tuer le loup, les chĂšvres ne tuent pas le loup, – mais seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude
Alors le monstre s’avança, et les petites cornes entrĂšrent en danse. Ah ! la brave chevrette, comme elle y allait de bon cƓur! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup Ă  reculer pour reprendre haleine. Pendant ces trĂȘves d’une minute, la gourmande cueillait en hĂąte encore un brin de sa chĂšre herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine
 Cela dura toute la nuit. De temps en temps la chĂšvre de M. Seguin regardait les Ă©toiles danser dans le ciel clair et elle se disait – Oh ! pourvu que je tienne jusqu’à l’aube
 L’une aprĂšs l’autre, les Ă©toiles s’éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coups de dents
Une lueur pĂąle parut dans l’horizon
 Le chant du coq enrouĂ© monta d’une mĂ©tairie.– Enfin ! dit la pauvre bĂȘte, qui n’attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s’allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachĂ©e de sang
Alors le loup se jeta sur la petite chĂšvre et la Gringoire !L’histoire que tu as entendue n’est pas un conte de mon invention. Si jamais tu viens en Provence, nos mĂ©nagers te parleront souvent de la cabro de moussu Seguin, que se battĂ©gue tonto la neui errĂ© lou loup, e piei lou matin lou loup la mangĂ© .Tu m’entends bien, ChĂšvre de Monsieur Seguin, dans les Lettres de mon Moulin d’Alphonse Daudet 1869 La ChĂšvre de Monsieur Seguin – illustration 1 – Marguerite Le BouteillerLa ChĂšvre de Monsieur Seguin – illustration 2 – Marguerite Le BouteillerLa ChĂšvre de Monsieur Seguin – illustration 3 – Marguerite Le Bouteiller La lecture de cette nouvelle vous a plu ? Je publierai prochainement un article avec des pistes, pour aller plus loin Ă  la suite de cette lecture, notamment avec des enfants. Si cela vous intĂ©resse, n’hĂ©sitez pas Ă  vous abonner Ă  mon blog ! cf pied de page ⬇ Notez que les illustrations prĂ©sentĂ©es ici sont le fruit d’un long travail ! đŸ€”đŸ’Ąâ˜•đŸ–ŒđŸŽš Je les propose Ă  la libre consultation ici, en ligne. đŸ€© En revanche, elles ne sont nullement libres de droit. đŸ‘©â€đŸŽ“ Toute reproduction, dans quelque cadre que ce soit, est strictement interdite. đŸš« Au moins, c’est dit. Merci de votre comprĂ©hension ! 😊
Lapetite chĂšvre de Monsieur Seguin s’invite au théùtre. Jusqu’au 31 dĂ©cembre, retrouve l’histoire de la jolie petite chĂšvre dans un spectacle placĂ© sous le signe de la magie, de l’humour et de la poĂ©sie.. La chĂšvre de Monsieur Seguin a Ă©tĂ© Ă©crit par Alphonse Daudet.C’est une des nouvelles du cĂ©lĂšbre recueil de l’auteur : Les lettres de mon moulin.
34poĂ©sies pour des Ce2 – Classe de Fanfan
La ChĂšvre de Monsieur Seguin » raconte la vie morne et les envies d’aventure de Blanquette, une chĂšvre, adorĂ©e de son berger. Elle s’échappera de la garde de son maĂźtre et fera une escapade avec un chevreau noir dans les montagnes. Ignorant les avertissements de Monsieur Seguin, elle dĂ©cide de passer la nuit dans la nature, de ne jamais revenir. Un loup la prend en
LachÚvre de Monsieur Seguin | Alphonse Daudet | | François Place | | |
La fin " est suggĂ©rĂ©e avec beaucoup de poĂ©sie et de douceur. Une belle maniĂšre de faire dĂ©couvrir cette histoire aux enfants. Les intermĂšdes musicaux apportent un vent de fraĂźcheur Ă  ce conte. Vous vous souviendrez longtemps du « Blues des chĂšvres enfermĂ©es dans l’étable », un moment de douceur sur fond de jazz Un spectacle poĂ©tique mĂȘlant théùtre musical, théùtre
. 174 124 437 187 107 272 675 396

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