Les800 lettres d’un Poilu retranscrites. Enseignante d’histoire au collĂšge Supervielle de Bressuire, Dominique Lenne a eu la chance de se faire prĂȘter par une de ses Ă©lĂšves les 800 lettres que son arriĂšre-arriĂšre-grand-pĂšre a Ă©crites Ă  sa femme durant la guerre. Exceptionnellement bien conservĂ©es malgrĂ© l’écriture au crayon Lettre d’EugĂšne-Emmanuel Lemercier Ă  sa mĂšre, 22 fĂ©vrier 1915 Tu ne peux savoir, ma mĂšre aimĂ©e, ce que l’homme peut faire contre l’homme. Voici cinq jours que mes souliers sont gras de cervelles humaines, que j’écrase des thorax, que je rencontre des entrailles. Les hommes mangent le peu qu’ils ont, accotĂ©s Ă  des cadavres. Le rĂ©giment a Ă©tĂ© hĂ©roĂŻque nous n’avons plus d’officiers. » Lettres d’un soldat, Chapelot, 1916, p. de Henri Barbusse Ă  sa femme, 21 juin 1915 Dans le boyau mĂȘme, il y avait des cadavres qu’on ne peut retirer de lĂ  ni ensevelir on n’a pas eu le temps jusqu’ici, et qu’on piĂ©tine en passant. L’un d’eux, qui a un masque de boue et deux trous d’yeux, laisse traĂźner une main qui est effilochĂ©e et Ă  moitiĂ© dĂ©truite par les pieds des soldats qui se hĂątent, en file, le long de ce boyau. On a pu le voir, le boyau Ă©tant couvert Ă  cet endroit, on a allumĂ©, une seconde. N’est-ce point macabre, ces morts qu’on use de la sorte comme de pauvres choses ? » Lettres de Henri Barbusse Ă  sa femme, 1914-1917, Ernest Flammarion Ă©diteur, 1937, p. de Maurice Genevoix, 1915 Cette guerre est ignoble j’ai Ă©tĂ©, pendant quatre jours, souillĂ© de terre, de sang, de cervelle. J’ai reçu Ă  travers la figure un paquet d’entrailles, et sur la main une langue, Ă  quoi l’arriĂšre-gorge pendait
 
 Je suis Ă©cƓurĂ©, saoul d’horreur. » CitĂ©e dans Les Eparges 1923, Ceux de 14 1949, Flammarion, 1990, p. de Fernand LĂ©ger Ă  Louis Poughon, 30 octobre 1916 Les dĂ©bris humains commencent Ă  apparaĂźtre aussitĂŽt que l’on quitte la zone oĂč il y a encore un chemin. J’ai vu des choses excessivement curieuses. Des tĂȘtes d’hommes presque momifiĂ©es Ă©mergeant de la boue. C’est tout petit dans cette mer de terre. On croirait des enfants. Les mains surtout sont extraordinaires. Il y a des mains dont j’aurais voulu prendre la photo exacte. C’est ce qu’il y a de plus expressif. Plusieurs ont les doigts dans la bouche, les doigts sont coupĂ©s par les dents. J’avais dĂ©jĂ  vu cela le 13 juillet en Argonne, un type qui souffre trop se bouffe les mains. Pendant prĂšs d’une heure avec des attentions de chaque minute pour ne pas me noyer car tu n’ignores pas que de nombreux blessĂ©s meurent noyĂ©s dans les trous des 380 qui ont 3 mĂštres de profondeur et pleins d’eau. [...] Il faut savoir ces choses-lĂ . » Fernand LĂ©ger, une correspondance de guerre, Les Cahiers du MusĂ©e national d’art moderne, Hors sĂ©rie / archives, 1997, p. inconnu Paroles prononcĂ©es par un pupille de l’Assistance publique, quelques secondes avant sa mort, le 22 mai 1916 Ecrivez Ă  Monsieur Mesureur que G. est mort Ă  Verdun, qu’il est perdu dans un grand champ de bataille comme un jour il fut trouvĂ© dans la rue. » La derniĂšre lettre Ă©crite par des soldats français tombĂ©s au champ d’honneur, 1914-1918, Flammarion, 1921, p. 129. Lepoilu, c'est celui que tout le monde admire, mais dont on s'Ă©carte lorsqu'on le voit monter dans un train, rentrer dans un cafĂ©, dans un restaurant, dans un magasin, de peur que ses brodequins amochent les bottines, que ses effets maculent les vestons de derniĂšre coupe, que ses gestes effleurent les robes cloches, que ses paroles soient trop crues. C'est celui La sen­tence est tom­bĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l’exemple, demain, avec six de mes cama­rades, pour refus d’obtempĂ©rer. Pen­dant la Pre­miĂšre Guerre mon­diale, en France 2 400 poi­lus » auront Ă©tĂ© condam­nĂ©s Ă  mort et 600 fusillĂ©s pour l’exemple, les autres voyant leur peine com­muĂ©e en tra­vaux for­cĂ©s. Ces condam­na­tions ont Ă©tĂ© pro­non­cĂ©es pour refus d’obĂ©issance, muti­la­tions volon­taires, dĂ©ser­tion, aban­don de poste devant l’ennemi, dĂ©lit de lĂąche­tĂ© ou muti­ne­rie en 1917. Cette esti­ma­tion de 600 fusillĂ©s pour l’exemple ne prend pas en compte les exé­cu­tions som­maires. Le Poi­lu ne refuse pas de se battre mais il refuse d’attaquer Ă  outrance. À Craonne, lors des san­glants assauts com­man­dĂ©s par le gĂ©né­ral Nivelle, ce sont 30 000 hommes qui meurent en 10 jours et 100 000 sont bles­sĂ©s. En 1918, en France comme chez les AlliĂ©s, on constate un dĂ©clin des exé­cu­tions. En effet, les com­man­de­ments mili­taires com­prennent mieux l’état men­tal des sol­dats, les consé­quences du Shell-Shock », ce choc psy­cho­lo­gique pro­vo­quĂ© par les condi­tions de vie des sol­dats notam­ment sous les bombardements. Ain­si, la lettre d’a­dieu d’EugĂšne X tĂ©moigne de l’hor­reur, fusillĂ© pour l’exemple, est dĂ©diĂ©e Ă  son Ă©pouse et Ă  sa fille Jeanne LĂ©o­nie chĂ©rie J’ai confiĂ© cette der­niĂšre lettre Ă  des mains amies en espé­rant qu’elle t’ar­rive un jour afin que tu saches la vĂ©ri­tĂ© et parce que je veux aujourd’­hui tĂ©moi­gner de l’hor­reur de cette guerre. Quand nous sommes arri­vĂ©s ici, la plaine Ă©tait magni­fique. Aujourd’­hui, les rives de l’Aisne res­semblent au pays de la mort. La terre est bou­le­ver­sĂ©e, brû­lĂ©e. Le pay­sage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tran­chĂ©es de pre­miĂšre ligne. En plus des balles, des bombes, des bar­be­lĂ©s, c’est la guerre des mines avec la pers­pec­tive de sau­ter Ă  tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lam­beaux. Nous patau­geons dans la boue, une boue de glaise, Ă©paisse, col­lante dont il est impos­sible de se dĂ©bar­ras­ser. Les tran­chĂ©es s’é­croulent sous les obus et mettent Ă  jour des corps, des osse­ments et des crĂąnes, l’o­deur est pestilentielle. Tout manque l’eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravi­taillĂ©s, la gale­touse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid Ă  cause de la lon­gueur des boyaux Ă  par­cou­rir. Nous n’a­vons mĂȘme plus de sĂšches pour nous rĂ©con­for­ter par­fois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous rĂ©chauffer. Nous par­tons au com­bat l’é­pingle Ă  cha­peau au fusil. Il est dif­fi­cile de se mou­voir, coif­fĂ©s d’un casque en tĂŽle d’a­cier lourd et incom­mode mais qui pro­tĂšge des rico­chets et encom­brĂ©s de tout l’at­ti­rail contre les gaz asphyxiants. Nous avons par­ti­ci­pĂ© Ă  des offen­sives Ă  outrance qui ont toutes Ă©chouĂ© sur des mon­tagnes de cadavres. Ces inces­sants com­bats nous ont lais­sĂ© exté­nuĂ©s et dĂ©ses­pé­rĂ©s. Les mal­heu­reux estro­piĂ©s que le monde va regar­der d’un air dĂ©dai­gneux Ă  leur retour, auront-ils seule­ment droit Ă  la petite croix de guerre pour les dĂ©dom­ma­ger d’un bras, d’une jambe en moins ? Cette guerre nous appa­raĂźt Ă  tous comme une infĂąme et inutile boucherie. Le 16 avril, le gĂ©né­ral Nivelle a lan­cĂ© une nou­velle attaque au Che­min des Dames. Ce fut un Ă©chec, un dĂ©sastre ! Par­tout des morts ! Lorsque j’a­van­çais les sen­ti­ments n’exis­taient plus, la peur, l’a­mour, plus rien n’a­vait de sens. Il impor­tait juste d’al­ler de l’a­vant, de cou­rir, de tirer et par­tout les sol­dats tom­baient en hur­lant de dou­leur. Les pentes d’ac­cĂšs boi­sĂ©es, Ă©taient rudes .Per­du dans le brouillard, le fusil Ă  l’é­paule j’er­rais, la sueur dĂ©gou­li­nant dans mon dos. Le champ de bataille me don­nait la nau­sĂ©e. Un vrai char­nier s’é­ten­dait Ă  mes pieds. J’ai des­cen­du la butte en enjam­bant les corps dĂ©sar­ti­cu­lĂ©s, une haine ter­rible s’emparant de moi. Cet assaut a semĂ© le trouble chez tous les poi­lus et for­cĂ© notre dĂ©s­illu­sion. Depuis, on ne sup­porte plus les sacri­fices inutiles, les men­songes de l’é­tat major. Tous les com­bat­tants dĂ©ses­pĂšrent de l’exis­tence, beau­coup ont dĂ©ser­tĂ© et per­sonne ne veut plus mar­cher. Des tracts cir­culent pour nous inci­ter Ă  dĂ©po­ser les armes. La semaine der­niĂšre, le rĂ©gi­ment entier n’a pas vou­lu sor­tir une nou­velle fois de la tran­chĂ©e, nous avons refu­sĂ© de conti­nuer Ă  atta­quer mais pas de dĂ©fendre. Alors, nos offi­ciers ont Ă©tĂ© char­gĂ©s de nous juger. J’ai Ă©tĂ© condam­nĂ© Ă  pas­ser en conseil de guerre excep­tion­nel, sans aucun recours pos­sible. La sen­tence est tom­bĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l’exemple, demain, avec six de mes cama­rades, pour refus d’ob­tem­pé­rer. En nous exé­cu­tant, nos supé­rieurs ont pour objec­tif d’ai­der les com­bat­tants Ă  retrou­ver le goĂ»t de l’o­bĂ©is­sance, je ne crois pas qu’ils y parviendront. Com­pren­dras-tu LĂ©o­nie ché­rie que je ne suis pas cou­pable mais vic­time d’une jus­tice expé­di­tive ? Je vais finir dans la fosse com­mune des morts hon­teux, oubliĂ©s de l’his­toire. Je ne mour­rai pas au front mais les yeux ban­dĂ©s, Ă  l’aube, age­nouillĂ© devant le pelo­ton d’exé­cu­tion. Je regrette tant ma LĂ©o­nie la dou­leur et la honte que ma triste fin va t’infliger. C’est si dif­fi­cile de savoir que je ne te rever­rai plus et que ma fille gran­di­ra sans moi. Conce­voir cette enfant avant mon dĂ©part au com­bat Ă©tait une si douce et si jolie folie mais aujourd’­hui, vous lais­ser seules toutes les deux me brise le cƓur. Je vous demande par­don mes anges de vous abandonner. Pro­mets-moi mon amour de taire Ă  ma petite Jeanne les cir­cons­tances exactes de ma dis­pa­ri­tion. Dis-lui que son pĂšre est tom­bĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bra­voure et la vaillance des sol­dats et si un jour, la mĂ©moire des poi­lus fusillĂ©s pour l’exemple est rĂ©ha­bi­li­tĂ©e, mais je n’y crois guĂšre, alors seule­ment, et si tu le juges nĂ©ces­saire, montre-lui cette lettre. Ne dou­tez jamais toutes les deux de mon hon­neur et de mon cou­rage car la France nous a tra­hi et la France va nous sacrifier. Pro­mets-moi aus­si ma douce LĂ©o­nie, lorsque le temps aura lis­sĂ© ta dou­leur, de ne pas renon­cer Ă  ĂȘtre heu­reuse, de conti­nuer Ă  sou­rire Ă  la vie, ma mort sera ain­si moins cruelle. Je vous sou­haite Ă  toutes les deux, mes petites femmes, tout le bon­heur que vous mĂ©ri­tez et que je ne pour­rai pas vous don­ner. Je vous embrasse, le cƓur au bord des larmes. Vos mer­veilleux visages, gra­vĂ©s dans ma mĂ©moire, seront mon der­nier rĂ©con­fort avant la fin. EugĂšne ton mari qui t’aime tant 30 mai 1917

Jevoudrais me battre Ă  tes cĂŽtĂ©s ainsi qu’essayer d’assurer ta protection. Tu es mon seul frĂšre. J’aimerais venir te rejoindre, frĂ©rot. L’Union fait la force paraĂźt-il,

Mercredi 5 mai 1915 Neuf jours aprĂšs avoir Ă©crit cette lettre, Alphonse X a Ă©tĂ© tuĂ© par un obus. VoilĂ  le baptĂȘme du feu, c'est chose tout Ă  fait agrĂ©able, tu peux le croire, mais je prĂ©fĂ©rerais ĂȘtre bien loin d'ici plutĂŽt que de vivre dans un vacarme pareil. C'est un vĂ©ritable enfer. L'air est sillonnĂ© d'obus, on n'en a pas peur pourtant nous arrivons dans un petit village, oĂč se fait le ravitaillement ; lĂ , on trouve dans des casemates enfoncĂ©es dans la terre les gros canons de 155 ; il faudrait que tu les entendes cracher, ceux-lĂ  ; ils sont Ă  cinq kilomĂštres des lignes, ils tirent Ă  115 sur l'artillerie boche. On sort du village Ă  l'abri d'une petite crĂȘte, lĂ  commencent les boyaux de communication ; ce sont de grands fossĂ©s de 1 mĂštre de large et de deux mĂštres de profondeur ; nous faisons trois kilomĂštres dans ces fossĂ©s, aprĂšs on arrive aux tranchĂ©es qui sont assez confortables. De temps en temps, on entend siffler quelques balles, les Boches nous envoient quelques bombes peu redoutables ; nous sommes Ă  deux cents mĂštres des Boches, ils ne sont pas trop mĂ©chants. Je me suis promenĂ© Ă  huit cents mĂštres sur une route, Ă  peine si j'en ai entendu deux siffler ; nous avons affaire Ă  des Bavarois qui doivent en avoir assez de la guerre, ça va changer d ici quelques jours. Nous faisons des prĂ©paratifs formidables en vue des prochaines attaques. Que se passera-t-il alors, je n'en sais rien, mais ce sera terrible car Ă  tout ce que nous faisons nous prĂ©voyons une chaude affaire. J'ai le coeur gros mais j'attends toujours confiant ; nous prĂ©voyons le coup prĂ©vu avant dimanche. Si tu n'avais pas de mes nouvelles aprĂšs ce jour, c'est qu'il me sera arrivĂ© quelque chose, d'ailleurs tu en seras avertie par un de mes camarades. Il ne faut pas se le dissimuler, nous sommes en danger et on peut prĂ©voir la catastrophe ; sois toujours confiante malgrĂ© cela parce que tous n y restent pas.

Lettresà léa - d'un poilu à sa femme par Albert Viard aux éditions Editions de l'aube. Juillet 1914. Albert, 27 ans, officier d'artillerie, est engagé en Alsace dÚs le début des combats ; il ne retrouvera son foyer qu'en 1919. Avec lui, nous trave

C'est une lettre Ă©crite en 1915 par RenĂ© Jacob envoyĂ©e Ă  sa femme. Pour complĂ©ter cette lettre, ou plutĂŽt pour rĂ©pondre aux questions qu'il se pose, l'auteur utilise de nombreux ingrĂ©dients tels que des figures de style - une accumulation qui sert Ă  dĂ©crire l'horreur des champs de bataille. L'accumulation se sert du mot "cadavres" pour dĂ©crire et prĂ©ciser l'horreur qui rĂšgne sur les champs de batailles "cadavres allemands [...] cadavres qu'on recouvre de chaux..." - une comparaison qui identifie les champs de bataille Ă  des chaps de carnage "non, pas champ de bataille, mais champ de carnage" - une anaphore qui permet d'insister sur la mort en rĂ©pĂ©tant le mot "cadavre" Ă  chaque dĂ©but de phrase. L'auteur utilise en outre le prĂ©sent de description pour appuyer sur l'ampleur des dĂ©gĂąts "bourdonnent". Il y a un vaste champ lexical exprimant la mort en dĂ©composition et la destruction "son pont dĂ©truit", "horreur", "cadavres", "l'odeur de la mort", "un champ de carnage", "ruine", "saccage", "pillage". Il emploie Ă©galement le futur de l'indicatif pour montrer son traumatisme face Ă  cette guerre "ce que je n'oublierai jamais, c'est la ruine des choses, c'est le saccage abominable des chaumiĂšres, c'est le pillage des maisons". Dans cette phrase, RenĂ© Jacob utilise le prĂ©sentatif "c'est" pour appuyer sur l'importance de la destruction. Il met aussi sa lettre sous une forme rhĂ©torique. C'est un texte qui prĂ©sente des questions au dĂ©but et qui se termine sous la forme d'une rĂ©ponse. Et grĂące Ă  cette forme, l'auteur permet d'attirer la curiositĂ© du lecteur. Ce texte est intĂ©ressant car il dĂ©montre que la guerre n'est pas joyeuse, comme le prĂ©tendent les journaux. Cette guerre est tellement abominable que l'auteur lui-mĂȘme ne sait pas comment dĂ©crire cette horreur "comment dĂ©crire ? Quels mots prendre ?" Il dĂ©crit cette atrocitĂ© non pas comme un champ de bataille, mais comme un champ de carnage, dont le seul but et la seule Ă©chappatoire est la mort. Ce ne sont plus les guerres des Ă©popĂ©es, comme dans l'Iliade d'HomĂšre, oĂč les soldats partaient heureux de faire la guerre car ils pourraient, comme le hĂ©ros grec Achille, montrer leur bravoure et peut-ĂȘtre avoir leur nom Ă  jamais gravĂ© dans l'histoire des hommes. La bande dessinĂ©e qui accompagne la lettre montre l'horreur du champ de bataille en y prĂ©sentant tous les ĂȘtres en dĂ©composition, surtout RenĂ© Jacob qui Ă  la fin se retrouve sous une forme cadavĂ©rique. Les couleurs froides et noires Ă©voquent la mort omniprĂ©sente. Le rouge fait rĂ©fĂ©rence au sang versĂ© et aux entrailles. MĂȘme le ciel est colorĂ© en noir et imprĂ©gnĂ© de la mort.
Etquand il terminera ses lettres ainsi, on comprendra combien le lien d’amour est le seul qui les garde en vie et ne fait pas vaciller sa raison : « Quand tu m’écriras, dis-moi un peu des choses amoureuses et alors je prendrai ton portrait d’une main et ta lettre de l’autre et il me semblera que je te fais la cour. Maintenant je vais m’endormir en pensant Ă  toi, le joli rĂȘve
Dans “La Grande Guerre 1914- 1918 tĂ©moignage de la vie quotidienne d’un poilu”, Michel Le Goff a compilĂ© les lettres d'HervĂ© Le Coz, de Plouvien, Ă  son Ă©pouse depuis le front. Par RĂ©daction CĂŽtĂ© Brest PubliĂ© le 5 Avr 21 Ă  1004 ©Dialogues.Vous pensiez avoir tout lu sur la PremiĂšre Guerre mondiale ? Michel Le Goff, membre de l’Agip Association guipavasienne pour l’identitĂ© et le patrimoine, va vous prouver le contraire avec cet ouvrage dont le titre complet est La Grande Guerre 1914- 1918 tĂ©moignage de la vie quotidienne d’un lettres d’HervĂ© Le CozCe livre de 700 pages compile les lettres qu’HervĂ© Le Coz, originaire de Plouvien, avait adressĂ©es depuis le front Ă  son Ă©pouse comme le dit Goulc’han Kervella dans la postface, ces missives forment un ensemble cohĂ©rent qui couvre toutes les annĂ©es de guerre et mĂȘme un peu aprĂšs». Elles constituent donc un document d’autant plus prĂ©cieux qu’il est excessivement rare qu’une famille de poilu ait conservĂ© une correspondance aussi notes historiques sur le conflit permettent de resituer les missives d’HervĂ© Le Coz dans leur pratiques Michel Le Goff, TĂ©moignage de la vie quotidienne d’un poilu, Ă©ditions Skolig al Louarn. Prix 15 article vous a Ă©tĂ© utile ? Sachez que vous pouvez suivre CĂŽtĂ© Brest dans l’espace Mon Actu . En un clic, aprĂšs inscription, vous y retrouverez toute l’actualitĂ© de vos villes et marques favorites. Quandun poilu Ă©crit sa guerre. Abel Gangneux (premier rang, identifiĂ© par une croix) avec ses copains du 66e rĂ©giment d'infanterie, en 1916. Il est parti trois ans de chez lui -35% Le deal Ă  ne pas rater KRUPS Essential – Machine Ă  cafĂ© automatique avec broyeur Ă  ... 299 € 459 € Voir le deal Le Forum Des Lecteurs Forum Livre LittĂ©rature gĂ©nĂ©rale classification par genres Culture gĂ©nĂ©rale 5 participantsAuteurMessageMargotPimousse cassisNombre de messages 2309Localisation Con Quijote perdida en la Mancha Date d'inscription 18/02/2005Sujet Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1236 Ils avaient 17 ou 25 ans. Se prĂ©nommaient Gaston, Louis, RenĂ©. Ils Ă©taient palfreniers, boulangers, colporteurs, ouvriers ou bourgeois. Ils devienrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers...Voyageurs sans bagages, ils durent quitter leurs femmes et leurs enfants, et revĂȘtir l'uniforme mal coupĂ©, chaussures et godillots cloutĂ©s...Sur 8 millions de mobilisĂ©s entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de 4 millions subirent des blessures graves ...Mon avis touchant, bouleversant. Les soldats dĂ©crivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont Ă  peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont Ă©tĂ© Ă©crits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Brume crĂ©pusculaireMadame TotoroNombre de messages 521Age 43Localisation entre les rĂȘves et l'Ă©cume des vaguesDate d'inscription 26/12/2005Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1545 Oui, je confirme, bouleversantes ces lettres ...Il y a quelques annĂ©es j'avais bossĂ© sur quelques lettres avec mes CM2 ... J'avoue que c'est une des seules leçon d'histoire qui l'ait intĂ©ressĂ©s ... j'avais choisi quelques lettres bien poignantes, deux d'entre elles les avaient interpellĂ© l'Ă©pisode oĂč les allemands tuent tous les blessĂ©s d'un hĂŽpital et les infirmiĂšres et un autre oĂč des soldats français sauvent des blessĂ©s allemands ... jujugStagiaire en bibliothĂšqueNombre de messages 57Localisation Saint Brice sous forĂȘt 95Date d'inscription 01/02/2006Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1548 Citation Les soldats dĂ©crivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont Ă  peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont Ă©tĂ© Ă©crits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Je suis assez d'accord pour dire que cet ouvrage fait vivre largement mieux le thĂšme de la guerre 14-18 que tout autre ouvrage historique, ou du moins qu'il est un prĂ©alable indispensable si l'on veut un minimum comprendre la pĂ©riode. D'ailleurs, je m'en sers systĂ©matiquement dĂšs que j'aborde ce thĂšme en contre parler de sang-froid dans ce cas me paraĂźt inadaptĂ© la peur, le dĂ©couragement, la lassitude, le dĂ©sespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque tĂ©moignage, certains s'adressent vraiment Ă  notre ressenti, et s'il s'agisait de rĂ©daction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisĂ©s. Dans la mĂȘme collection et sur un thĂšme diffĂ©rent, il y a Ă©galement '"paroles d'Ă©toiles" tĂ©moignages cinquante ans aprĂšs d'enfants juifs cachĂ©s pour Ă©viter les rafles pendant la seconde guerre mondiale. Ce n'est pas du tĂ©moignage Ă  chaud comme pour les poilus mais c'est Ă©mouvant Ă©galement. jonkalakDouble daddyNombre de messages 2435Age 45Localisation Planet earthDate d'inscription 25/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Ven 17 Nov 2006 - 1552 Je n'ai pas lu ce livre mais une petite intervention pour vous parler d'un projet trĂšs intĂ©ressant autour de ces Ă©ditions Soleil et France Inter ont entrepris d'adapter ces lettres au format BD. 20 lettres parmis les plus intĂ©ressantes ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es et confiĂ©es Ă  20 auteurs contemporains de bande dessinĂ©es pour une mise en le rĂ©sultat entre les mains et je ne manquerais pas de vous en parler quand je l'aurais en feuilletant un petit peu c'est dĂ©jĂ  pas lettre est accompagnĂ©e d'un petit texte parlant de son auteur avec mĂȘme des photos parfois. Suit la mise en tout est vendu 14€95 pour un album de 160 pages c'est pas si cher .Plus d'info ici avec en particulier la couverture et une planche. shenzyPrincesse aux petits de messages 3741Age 32Localisation somewhere over the rainbow...Date d'inscription 04/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Mar 21 Nov 2006 - 2250 Je me disais bien qu'on en avait dejĂ  parlĂ© de poilus. Citation Par contre parler de sang-froid dans ce cas me paraĂźt inadaptĂ© la peur, le dĂ©couragement, la lassitude, le dĂ©sespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque tĂ©moignage, certains s'adressent vraiment Ă  notre ressenti, et s'il s'agisait de rĂ©daction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisĂ©s Je suis tout a fait d'accord avec toi, je n'y ai pas ressenti "un sang" froid mais une realitĂ© exposĂ© dans l'urgence. Un temoignage par moment qui ressemble a un dernier cri afin qu'on ne les oublie pas un peu comme les otages d'un avions qui ecrivent vite un dernier mot a leurs familles voyant le crash arriver a grand pas. Certains plien d'espoirs tentent de profiler un futur, d'autres n'y croient plus et puis l'expression de leurs douleurs, leurs desespoirs, leurs espoirs, et tout ce que la guerre a de plus horrible m'a profondement bouleversĂ©. C'est d'autant plus difficile a imaginer que nous n'avons pas connu la guerre et notre connaissance est celle de film ou de peu comme dans le journal d'Anne Franck, ces lettres etant veridiques nous plongent dans ce qu'a du etre l'horreur de ces hommes et imaginer en plus leurs familles les lire et souffrir avec eux est encore plus avoir Ă©tudiĂ© la condition des femmes dans tous les temps et dans tous les pays, je suis arrivĂ© Ă  la conclusion qu'au lieu de leur dire bonjour, on devrait leur dire pardon"Alfred de Vigny Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Page 1 sur 1 Sujets similaires» Paroles de poilus - Lettres et Carnets du front 1914-1918» Une aventure rocambolesque de..., de Manu Larcenet» Les carnets du Major Thomson de Pierre Daninos» Lettres anglaises - Olivier Barrot Bernard Rapp» Les lettres de mon moulin- Alphonse DaudetPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumLe Forum Des Lecteurs Forum Livre LittĂ©rature gĂ©nĂ©rale classification par genres Culture gĂ©nĂ©raleSauter vers . 426 690 64 661 489 180 164 24

lettre d un poilu Ă  sa femme