Caen can, mars 1959, p. 3 Cl. M. Daeffler1Alors qu’aux lendemains de la Grande Guerre, dans le contexte de reconstruction matérielle et intellectuelle de la France, s’étaient multipliées les cérémonies commémoratives d’universités et de grandes écoles [2], le médiéviste Édouard Jordan insistait sur les discontinuités dans l’histoire des établissements d’enseignement supérieur Dans quelle mesure les Université françaises actuelles sont-elles les descendantes légitimes des Universités qui ont existé au Moyen Âge sur le sol de la France d’aujourd’hui ? […] Que nos Universités actuelles s’amusent à célébrer leurs poly-centenaires, c’est un plaisir innocent, et même utile, si on veut il entretient le culte du passé. Mais entre elles et leurs devancières, il y a [de] grandes différences d’organisation » [3].De fait, l’histoire des universités est marquée par des ruptures et des moments de refondation. Au xxe siècle, deux césures se distinguent la refondation consécutive à la loi de 1968, moment général en France et, spécifiquement à Caen, 1944. 2L’université d’aujourd’hui est l’héritière de l’université médiévale et cette longue histoire est rappelée tout au long de la période étudiée. Néanmoins, cette phase s’étendant de 1944, date de la destruction du palais de l’université, à 1957, année de l’inauguration des nouveaux bâtiments, constitue le moment où naît l’actuelle université de Caen. Ce ne sont en effet pas seulement de nouveaux bâtiments qui apparaissent, mais aussi un projet universitaire renouvelé, la période étant l’une de celles où la question lancinante et décisive à quoi sert une université ? » se pose. 3La phase considérée est trop riche pour que tous les aspects soient présentés. L’étude est donc centrée sur l’enjeu majeur de ces années, soit la redéfinition de la place de l’université dans la cité, la polysémie de ce mot nous étant ici utile, désignant autant la ville d’implantation, Caen, que la cité entendue au sens de champ public. Il s’agit de montrer comment le redémarrage de l’université à cette époque symbolise le relèvement de la cité normande [4], puis d’aborder la redéfinition des missions de l’université et l’extension de son rôle à des domaines jusque-là délaissés. Cette étude se veut également une contribution à l’histoire de la construction régionale de la Normandie, tant l’enjeu de la prééminence intellectuelle entre les métropoles caennaise et rouennaise apparaît ici essentiel. 4L’état des sources est variable et nombreux sont les manques, qui n’excluent pas pourtant l’impression d’un certain foisonnement. La conservation difficile dans l’espace exigu dévolu à l’administration après 1944 a conduit à la destruction d’archives de l’université ; la situation n’est guère meilleure après l’installation sur le site actuel Campus 1, puisque, longtemps, les facultés et le rectorat n’ont pas versé leurs archives [5], au moins jusqu’en 1968. Les documents sont donc lacunaires, bien que variés on trouve aux archives municipales de Caen [6] des dossiers permettant de rendre compte des débats et des projets ayant précédé la reconstruction et, aux Archives départementales, les très riches documents concernant le redémarrage des activités universitaires à Caen ; enfin, à l’université, ont été consultées les archives de Jean Collin [7], qui avait conservé de nombreuses pièces à propos de l’histoire de l’établissement après renaissance de l’université de Caen, un enjeu du relèvement de la cité5Parmi les destructions occasionnées par la Bataille de Normandie, celle de l’université possède un poids symbolique certain. La décision de reconstruire l’université à Caen apparaît comme un des enjeux majeurs de la résurrection » de la université menacée ?6Le redémarrage s’est opéré dans les premières semaines suivant la destruction du palais de l’université. L’établissement n’a plus de tête, le recteur Jean Mercier [8], qui avait cependant pris les premières décisions pour la reprise des activités, étant relevé de ses fonctions le 14 septembre 1944 [9]. Le nouveau préfet, l’ancien recteur Pierre Daure, reprend de facto les rênes, secondé par un autre universitaire, l’économiste Albert Pasquier. La situation est délicate, avec des enseignants mobilisés ou bloqués à Paris et d’autres peu aptes à exercer des responsabilités de commandement, d’après le préfet. Celui-ci propose d’ailleurs à François Coulet, commissaire de la République, de nommer symboliquement recteur René Musset, doyen de la faculté des lettres, arrêté en 1942 et déporté à Buchenwald, dans le but de rappeler la contribution de l’université à la Résistance [10]. 7Cette proposition inaugure une pratique consistant à rappeler systématiquement l’immense sacrifice consenti par l’université de Caen et la Normandie. Ainsi, toute cérémonie universitaire des premières années inclut une visite des plages du Débarquement. Ce n’est significativement plus le cas en 1957, lors de l’inauguration des nouveaux bâtiments, quand la visite organisée au Mont Saint-Michel – comme lors du cinquième centenaire en 1932 – semble signifier la fin du recueillement. 8Pierre Daure estime que c’est à cause de ce tribut de la région à la Libération qu’il convient d’agir d’urgence, selon un argumentaire récurrent pendant les premiers mois 9 Il serait particulièrement pénible qu’après ce que la Ville et la Région ont souffert pour la cause de la Libération du territoire national, l’Université de Caen disparaisse, soit par décision administrative, soit par anémie totale. » [11] 10Les étudiants partagent cette crainte. L’Union nationale des étudiants de France UNEF, à laquelle l’Association générale des Étudiants de Caen AGEC est affiliée, intervient au plan national, jugeant regrettable que la nomination du nouveau Recteur de l’Académie de Caen ne soit pas encore intervenue, et que faute d’une direction unique, beaucoup d’efforts et de bonnes volontés risquent de n’atteindre qu’imparfaitement leur but » [12]. Pourtant, les perspectives sont favorables, comme le signale Léonard Gille [13] dès le 13 septembre 1944 devant le comité départemental de Libération. Après une réunion avec le ministre de l’Éducation nationale, il rapporte avoir reçu ces fermes assurances 11 Caen va conserver sa faculté, celle-ci va bientôt rouvrir ses portes aux étudiants en droit, aux étudiants en lettres. Elles [sic] vont recevoir des subventions de l’État. Pour les étudiants en sciences ce sera un peu plus long. » [14] 12Peu de temps après, Robert Mazet [15] est nommé recteur et un premier crédit d’urgence de 500 000 francs est octroyé. La mobilisation des universitaires présents autorise la reprise de l’activité universitaire à Caen dès l’automne avec l’organisation du baccalauréat [16]. En outre, lors de sa visite le 9 octobre 1944, le général de Gaulle clame publiquement la volonté du gouvernement de maintenir l’université. Il s’adresse ainsi au chef de la délégation spéciale Yves Guillou 13 Il y a dans votre cité beaucoup de choses à reconstruire. Je ne les énumérerai pas, mais il y en a une qui m’a frappé c’est votre Université. Je n’ignore pas que votre Université a un passé admirable. Je n’ignore pas la valeur du corps enseignant de cette Université. Je n’ignore pas le concours des étudiants qui s’y pressaient et qui vont de nouveau s’y presser. Je puis vous dire, Monsieur le Maire, que la ville de Caen conservera son Université. » [17] 14D’ailleurs, l’architecte Henry Bernard est mandaté pour la reconstruction dès novembre 1944 ; dans sa lettre de mission, le recteur Mazet lui demande de faire vite 15 Il importe que l’Université puisse faire connaître au plus tôt, au moins dans leurs grandes lignes, ses projets de reconstruction, afin de ne pas être mise en face de décisions qui limiteraient son choix et risqueraient d’entraver son développement ultérieur. » [18] 16Enfin, le 13 décembre 1944, a lieu la rentrée solennelle [19] de l’université. La présence du ministre René Capitant et de Jean Bayet [20], directeur général de l’enseignement, témoigne de la volonté de l’État et du caractère inéluctable de la reconstruction d’une université à Caen. 17Ces assurances réitérées laissent peu de place pour les hypothèses parfois avancées d’un projet de transfert de l’université à Rouen ou de sa disparition. Jean Collin rapporte ainsi que le ministre aurait informé en septembre 1944 Yves Guillou, Léonard Gille et Serge Goguel, représentant des étudiants, que Rouen avait fait une offre. Heureusement, son souhait était de sauver Caen ! Il fallait agit vite ! » [21], commente Jean Collin. Cette éventualité ne résiste guère à l’analyse. D’abord, l’absence de traces d’un tel projet, dans les archives du ministère de l’Éducation nationale, du rectorat ou de la municipalité laisse penser que si tentation il y eut, elle fut fugace. Il convient aussi de penser cette rumeur dans l’histoire d’une rivalité Rouen-Caen exacerbée en 1941 par la désignation par l’État français de la capitale de la Normandie, et dont le redémarrage de l’université n’est qu’un des multiples avatars jusqu’à aujourd’hui. Est en jeu d’ailleurs ici davantage une primauté régionale dans le domaine intellectuel que l’accueil d’activités universitaires Rouen dispose déjà d’une école supérieure de sciences et de lettres et d’une école de droit, rattachées depuis les années 1920 à l’université de Caen [22], et possède sa propre école municipale de médecine [23]. À la fin des années 1940, les effectifs rouennais sont d’ailleurs comparables à ceux de Caen, ce qui soulage d’autant l’école normale de la rue Caponière, lieu exigu et provisoire d’accueil des étudiants caennais [24]. La rivalité entre les deux métropoles normandes s’exprime d’ailleurs dans les deux sens, des Rouennais ayant vis-à -vis de Caen le même type de réaction que certains Caennais vis-à -vis de Paris, selon un bel emboîtement d’échelles. Ainsi, lors de la pose de la première pierre des cités universitaires en 1958, un étudiant rouennais affirme son espoir qu’un jour les professeurs venus de Caen ne seront plus partagés entre leurs étudiants et les horaires de la SNCF » [25], tout comme un étudiant caennais dénonçait après-guerre une vie universitaire […] formée de professeurs qui, pour la plupart, habitent Paris et ne consentent à venir à Caen que quelques jours par semaine, répandre du haut de leurs chaires, un enseignement rapide à une multitude d’isolés » [26]. 18En somme, l’hypothèse rouennaise a davantage servi de repoussoir susceptible de fédérer les énergies à Caen que constitué une véritable menace. Ainsi, lorsqu’au début de l’année 1946, le recteur Mazet constate que le conseil municipal s’est élevé contre l’étendue trop vaste fixée pour la nouvelle Université », il met en garde le maire Yves Guillou contre le risque de faire penser que Caen trouve le plan trop somptuaire » et entretient la menace d’une disparition ou – pire encore ? – d’un transfert à Rouen 19 Vous n’êtes pas sans avoir eu connaissance des paroles prononcées, lors de la discussion du budget de l’Éducation Nationale par Monsieur Georges Cogniot, rapporteur “Qu’une meilleure répartition de l’enseignement entre les Universités françaises soit possible, souhaitable même, personne ici ne le conteste. S’il s’agissait, par exemple, de remplacer une Université de faible importance par une Université située dans un grand centre où le besoin s’en fait sentir, dans une ville comme Rouen ou Nice, par exemple, la question pourrait être discutée.” Qu’arriverait-il si la ville de Rouen se piquant d’émulation se déclarait prête à consentir de larges sacrifices de terrain et d’argent pour accueillir une Université modèle présentée comme un exutoire possible des Facultés parisiennes encombrées ? » [27] 20Ce document montre d’ailleurs que l’éventuel projet alternatif n’est alors toujours pas formulé. Mais en maniant cet argument, le recteur obtient rapidement satisfaction de la part d’un maire de Caen pour qui cette hypothèse est proprement insupportable. 21À défaut d’un transfert, la menace d’une disparition pure et simple reste brandie longtemps dans les discours. Le professeur Moreau, de la faculté des sciences, en fait le thème funeste de son allocution lors de la rentrée solennelle de 1945, intitulé comment naissent, comment meurent les organismes vivants que sont les Universités » [28]. Les étudiants partagent cette vision d’un tel risque. Alors que le coutumier bal de l’ A » l’AGEC n’a pas lieu en 1946, faute d’un soutien de la municipalité, l’association étudiante réagit elle aussi en utilisant cet argument. Déplorant l’extinction de la vie culturelle locale, les étudiants demandent aux autorités de s’inspirer de Rennes, grande ville universitaire, et de Rouen qui veut le devenir », mettant en garde contre les conséquences d’une disparition 22 Si la ville de Caen perd son Université, elle perdra progressivement tous les éléments qui en faisaient une grande ville, elle ne sera plus qu’un petit chef-lieu de département l’incompréhension administrative aura bien fait les choses. » [29] 23En 1957 encore, alors que l’inauguration approche, le recteur Daure évoque les instances supérieures » qui contenaient encore des survivants du “Comité de la Hache” de 1935, qui espéraient pouvoir enfin réaliser une “économie massive” par la suppression d’une Université » [30]. Or, le même, alors au cœur de ces instances [31], écrivait en 1946 qu’il n’y avait actuellement aucune intention dans aucun service ou organisation de son ressort visant à la réduction de l’importance de l’Université de Caen » [32]. 24De fait, l’amputation de l’université a semblé être une dernière menace, portant d’abord sur la faculté des sciences, à laquelle on assignait volontiers une vocation, qui eût pu être étouffante, à l’étude du lait et de la pomologie [33] », cette spécialisation normande avec des fermes-modèles… vidant de sa substance une faculté dont Henry Bernard avait pourtant fait le point fort de l’université dès ses premiers plans. Par ailleurs, les interrogations sur l’école de médecine et de pharmacie ont occupé toute la période. L’école municipale, ne permettant pas aux étudiants de mener le cycle complet de leurs études, est comme tous les établissements de ce type menacée de disparition à la Libération, et le maire bataille contre les décrets imposant aux étudiants de médecine ou de pharmacie de notre École de subir leurs examens à Paris [34] ». L’école municipale est transformée en école nationale en 1955 puis en faculté en 1961. 25Cette période d’inquiétudes et de rumeurs le plus souvent infondées s’achève avec la pose précipitée de la première pierre le 13 novembre 1948 [35]. En 1949, les crédits nécessaires à la construction parviennent enfin et la deuxième pierre peut être posée. 26Au total, ces menaces ont principalement eu l’avantage d’obliger à l’union et à l’efficacité ; nombre de questions entre la mairie et l’université ont été tranchées dans l’idée d’une urgence, notamment la question du terrain. Mais dès que la menace est écartée, les rivalités reprennent entre ces acteurs ainsi, la ville veut acquérir le château en 1953, mais se retrouve à lutter contre l’offensive de l’Université de Caen que rien ne justifiait » [36], le recteur voulant alors utiliser le Logis du Gouverneur pour le palais du rectorat, la mairie voulant y établir le Musée de universitaires et la Reconstruction difficultés et amertumes27La perception de cette époque, par les enseignants et les étudiants, est d’abord centrée sur les immenses lacunes matérielles qui ont marqué la décennie d’enseignement rue Caponière. Les archives sont riches de discussions techniques pour savoir comment se procurer, par exemple, un sommier pour le recteur… En 1954 encore, Roger Apéry, professeur de mathématiques à la faculté des sciences, peut légitimement écrire 28 À Caen, où les touristes peuvent admirer le réseau routier, les hôtels somptueux [….] l’Université vit toujours dans des locaux provisoires, aucun de nos ministres n’accepterait pour un de ses huissiers le bureau d’un de nos Doyens. » [37] 29Le turn over important des enseignants, dû aux conditions de résidence peu tentantes qu’offre une ville aux deux tiers anéantie » [38] et en dépit d’une indemnité de difficultés exceptionnelles d’existence pour les fonctionnaires de Caen, constitue un autre problème. Ainsi, à la fin des années 1940, nombre de chaires ne sont pas occupées par leurs titulaires, détachés ailleurs. Les mutations entraînent un profond renouvellement du corps enseignant, rares étant ceux qui furent présents tout au long de la période seuls Michel de Boüard et le philosophe Raphaël Lévêque sont dans ce cas à la faculté des lettres, par exemple. 30Cela étant, la position géographique de la cité maintient partiellement l’attractivité de son université Caen demeure un choix acceptable, puisque c’est l’une des universités de province autorisant une activité et une présence physique parallèles à Paris. Le témoignage d’André Mandouze évoque cette possibilité d’une double vie ». À la fin de la guerre, le spécialiste des Pères de l’Église aurait pu rejoindre Caen et rapporte y avoir vu une opportunité favorable 31 [Jean Bayet] avait un moment espéré pouvoir m’offrir un poste à Caen, ce qui m’aurait permis de pouvoir cumuler avec l’enseignement à Caen, celui de Sèvres et le travail à un Témoignage chrétien […]. La perspective du poste de Caen s’évanouit vu l’âge et le retour de captivité d’un autre candidat. » [39] 32Mais ce sont surtout la lenteur des décisions et les restrictions budgétaires qui ont constitué les principaux motifs d’inquiétude et de récrimination. En effet, les financements sont chaotiques. Au début, c’est une question de survie, comme l’écrit Robert Mazet en 1946, demandant d’une façon respectueusement pressante » des crédits exceptionnels 33 C’est grâce à des crédits spéciaux totalisant 7 millions 5 millions en 1944, 2 millions en 1945 venus s’ajouter à ses ressources annuelles que l’Université a pu aménager ses locaux d’emprunt à l’École Normale d’Instituteurs pour les adapter à leur nouvelle destination ; rééquiper ses laboratoires, commencer à reconstituer sa bibliothèque, loger et nourrir ses étudiants, rendre à nouveau possibles le travail et les recherches de ses professeurs résidents chez qui se compte une forte proportion de premiers résultats, pour encourageants qu’ils soient, risqueraient de se trouver sans lendemain si l’aide financière extraordinaire qui nous a été jusqu’ici accordée venait à nous faire brusquement défaut. Supprimer tout nouveau crédit spécial serait condamner l’Université de Caen, qui seule des Universités françaises a le triste privilège d’être totalement sinistrée, à un lent mais définitif étiolement. Il est à peine utile d’insister sur ce qu’une telle éventualité aurait de douloureux pour les professeurs et étudiants qui lui sont demeurés fidèles et de décevant pour les collectivités étrangères qui, en lui apportant spontanément une aide appréciable, ne lui ont pas caché qu’elles faisaient de son relèvement le symbole du renouveau spirituel et intellectuel l’Université de Caen veut maintenir et étendre son rayonnement en Normandie comme au-delà des frontières anglo-saxonnes et scandinaves, il est absolument indispensable que le Ministère de l’Éducation Nationale continue de lui attribuer un crédit extraordinaire renouvelé d’année en année. » [40] 34Par la suite, la restriction provisoire des ambitions s’impose, comme le concède Pierre Daure au moment de la pose de la première pierre, en 1948 35 En raison des difficultés de l’heure, il est apparu qu’il convenait d’entreprendre seulement une tranche du programme, correspondant aux besoins actuels, soit environ 1 500 à 2 000 étudiants. » [41] 36La durée du chantier incite d’ailleurs les étudiants à adresser ce conseil ironique à leurs pairs 37 Si vous espérez vivre entre ces beaux murs, prenez votre temps. Si vous comptez être au nombre des étudiants de cette Université modèle, ne mettez pas les bouchées doubles. FAITES COMME LA RECONSTRUCTION. » [42] 38Ces délais et ces conditions de vie difficiles ne sont pourtant pas propres à l’université. La presse de la période permet de constater que tous les chantiers de la reconstruction ont connu des problèmes similaires et suscité de telles récriminations. Mais chaque difficulté a été alors interprétée comme la preuve de l’inattention d’une administration centrale irresponsable à l’égard d’un dossier de reconstruction au poids symbolique déterminant. 39Au total, la reconstruction a pu être présentée comme le fruit d’une mobilisation locale victorieuse des pesanteurs nationales. Sur ce point, l’absence du Président de la République René Coty, pourtant ancien étudiant de droit à Caen, lors de l’inauguration début juin 1957, est vivement ressentie par les Caennais » [43] et interprétée par Pierre Daure comme significative des conditions du relèvement. Celui qui, bien dans son temps, jure que seule une bombe atomique peut nous empêcher d’inaugurer l’Université les 1er et 2 juin 1957 » [44], fait part de son amertume en avril 1957 40 Le Président de la République a jugé qu’il avait été trop souvent en Normandie pour y venir une fois de plus […]. La destruction et la reconstruction de l’Université de Caen qui ont été pour les Parisiens des phénomènes indifférents, ont eu au contraire une certaine résonance à l’étranger. » [45] 41La toponymie choisie pour la voierie autour de l’université confirme cette vision de la reconstruction. Sont célébrés des figures disparues de l’université de Caen et les donateurs étrangers, lieux ou individus [46] ; en revanche, sont absents les noms de responsables du ministère de l’Éducation ou les références à Paris. Par ailleurs, dans les remerciements, on omet la mobilisation des anciens professeurs de Caen, qui avaient pourtant mis sur pied dès novembre 1944 un comité pour la renaissance de l’université – initié par Jean Bayet, directeur général de l’enseignement et Marcel Durry, directeur de l’enseignement supérieur et ancien professeur à la faculté des lettres de Caen –, mais aussi d’éminentes figures de la vie intellectuelle comme Jacques Maritain [47]. En revanche, la mobilisation étrangère est toujours rappelée, car elle est en effet décisive pour la reconstitution des collections d’une bibliothèque universitaire où il ne restait que quatre livres [48]. L’université a su obliger ces soutiens étrangers, conférant des titres de doctor honoris causa [49] à de nombreux professeurs et donateurs belges, anglo-saxons et scandinaves. Cela permet aux autorités de souligner l’enjeu international de la reconstruction et l’impéritie supposée de l’État Le monde entier a les yeux fixés sur notre Université qui reçoit des dons de divers pays. C’est non seulement tarir la source de ces dons, mais porter un coup grave au prestige de notre pays que d’étaler notre impuissance à établir même un projet » [50], déclare ainsi le maire de Caen Yves Guillou. 42On verra ici un topos des discours universitaires, à comparer avec l’ensemble des discours tenus alors dans le cadre de la Reconstruction. Le thème de l’oubli des sacrifices consentis, l’accusation portée à l’encontre de l’État d’oublier les sinistrés établissent un lien entre la question de la reconstruction de l’université et toutes celles ayant trait au redémarrage de la cité bas-normande. Sur ce point, les universitaires réagissent conformément aux orientations décelables dans l’ensemble du corps social caennais. En cela, l’université semble parfaitement intégrée à la Université pour quoi faire ?43Le programme universitaire élaboré à partir de 1944 peut être présenté selon deux axes un changement de taille des structures universitaires et des ambitions renouvelées pour le rayonnement de l’université. À côté de ces objectifs planifiés et concrétisés, on observe aussi des formes d’intervention inattendues des universitaires dans la vie de la changement de dimensions44On ne saurait ici être exhaustif sur des projets de reconstruction sur lesquels la documentation est particulièrement abondante. En raison de l’exiguïté du terrain, aucune reconstruction sur le site du palais n’est possible. C’était d’ailleurs un leitmotiv des rapports universitaires d’avant 1944 que de souligner l’extrême difficulté de l’enseignement dans ces locaux. En 1940, Marie-Jeanne Durry présente ainsi la situation, en faisant allusion aux efforts d’accueil d’étudiants parisiens pendant la drôle de guerre 45 Aussi nous permettons-nous de souhaiter que le jour où reviendront avec une paix durable des temps meilleurs, on tienne compte à l’Université de Normandie des services qu’elle eut à honneur de rendre aux temps d’épreuve. Nous espérons qu’alors on ne lui marchandera plus l’aide dont elle a besoin pour réaliser une extension indispensable de ses locaux. » [51] 46Michel de Boüard se souvenait d’un bâtiment tout à fait inadéquat, surtout aux besoins de la Faculté des sciences, et beaucoup trop exigu pour tous » [52]. Il faudrait décupler la surface de nos salles et tripler le nombre de livres usuels [53] », estimait aussi le doyen Nézard au début de l’Occupation. 47Sans entrer dans les détails [54], la recherche du terrain adéquat a occupé l’essentiel des discussions de novembre 1944 à mai 1946 [55]. Quatre emplacements ont été pressentis le plus central, englobant l’abbaye aux Hommes et les abords de la Prairie selon un ensemble allant jusqu’à l’actuel lycée Malherbe, supposant une utilisation de remblais dus aux destructions – auquel cas l’université se serait établie sur les décombres de la cité –, un deuxième, situé boulevard Dunois et un troisième situé route de Ouistreham, face à l’hôpital 48Mais, le 16 mai 1945, un quatrième emplacement dit du Gaillon est soumis au conseil de l’université qui se prononce en sa faveur. Le 15 mai 1946, le ministre accepte cette solution, cet espace de 32 ha répondant à l’exigence d’une extension de l’université. Cette décision s’accompagne d’une mutation majeure, à savoir la dissolution du lien financier entre l’université et la municipalité ; par un vœu le 23 novembre 1945 le conseil de l’université plaide pour l’ autonomie complète » de l’établissement, grâce à l’acquisition en toute propriété de ses terrains et de ses bâtiments » désormais l’interlocuteur financier n’est plus la municipalité, mais l’État. La mairie ne pouvait en effet financer la reconstruction d’un établissement plus trois premiers sites envisagés plan d’Henry Bernard, Archives municipales de Caen, Délibérations du conseil municipal de Caen, 28 février 194649Le site choisi autorise quelques journalistes à prolonger avec grandiloquence le mythe de l’Athènes normande – les pentes du Gaillon étant naturellement comparées à l’Acropole et les bâtiments au Parthénon 50 La gloire crée des obligations. L’Université de Caen à qui son prestige, les conditions héroïques de sa destruction et l’effort persévérant dont elle a fait preuve pour maintenir son enseignement dans des conditions très précaires, valent les hommages des intellectuels du monde entier demeurés sensibles à la culture française qu’elle dispensa toujours si noblement, se doit de ne les point décevoir. Elle change de classe d’institut régional elle devient nationale. […] Elle sera, sur la colline normande, le temple de l’Esprit où se croiseront les races, où se confronteront les civilisations, à l’ombre portée sur les gazons de ses jardins à la française, de la colonne élevée, par souscription internationale, à la Paix. Ainsi, l’Athéna Promachos profilait son ombre sur l’Acropole et lui dictait son message. » [56]Des fonctions et des ambitions redéfinies51Le fait que de nombreuses cérémonies aient accompagné le redémarrage de l’université permet de disposer de très nombreux documents, publiés ou non, sur ses fonctions. En comparaison avec l’avant-guerre, on assiste à un élargissement des ambitions. 52Dès le 22 novembre 1944 [57], le recteur Mazet fixait à l’architecte Henry Bernard trois axes que Caen soit une université classique, une université régionale et une université internationale. 53La première mission de l’université demeure la formation des étudiants, avec les perspectives d’élargissement de l’accès à l’enseignement supérieur planifiées dès l’après-guerre. Fin février 1945, le conseil de l’université fixe le chiffre des étudiants prévus 1 700 au total, 350 en droit, 600 en lettres et en sciences, 150 en médecine [58]. Ces chiffres sont rapidement revus à la hausse, jusqu’à atteindre 3 500 au total. 54S’agit-il d’arguments destinés à emporter la décision sur la taille de l’université ou d’une illusion partagée ? Toujours est-il que les ambitions de recrutement sont alors larges, puisque l’on prétend attirer à la fois le surplus d’étudiants parisiens et un fort contingent international au nom d’un déterminisme géographique et historique cultivé. Ainsi, dès 1945, est affichée la volonté de développer des enseignements anglo-saxons et scandinaves dans les facultés des lettres et de droit. La création des cours de vacances pour étrangers contribue à entretenir cette dimension internationale. Il y aurait même un lien entre les bâtiments et cet objectif Le plan général même de la reconstruction de l’Université, au milieu de vastes jardins, à la manière de plusieurs Universités étrangères, ne pourra manquer d’exercer son attraction au-delà de nos frontières » [59], note Jean Yver. Très vite, on se rend compte pourtant que rares sont les étudiants étrangers souhaitant venir à Caen. 55Attirer les étudiants parisiens s’avère une chimère encore plus forte. Bien pire, se produit pendant les années de la rue Caponière une fuite des étudiants vers Paris dont les doyens se plaignent régulièrement. Ainsi, René Musset exige une application stricte d’une circulaire obligeant les étudiants à s’inscrire dans leur académie puisque la Faculté des Lettres de Caen peut accueillir beaucoup plus d’étudiants qu’elle n’en a actuellement » 56 Par suite de la structure géographique de l’académie, les étudiants sont sollicités à s’inscrire dans d’autres universités ceux de la Seine-Inférieure et de l’Eure à Paris, ceux de la Sarthe à Paris ou à Rennes, ceux du Sud de la Manche à Rennes. Or, Paris et dans une moindre mesure Rennes sont des académies à ressort étendu, pouvant suffire à leur activité, et sont, la première surtout, spécialement encombrées. » [60] 57Le problème demeure après l’ouverture des nouveaux locaux, ce que dénonce par exemple le doyen de Boüard en signalant les subterfuges » [61] utilisés par les étudiants pour éviter Caen choix d’une discipline non enseignée à Caen, ou inscription à l’Institut catholique de Paris suivie d’un transfert à la Sorbonne. Ce phénomène n’empêche pas des enseignants de croire encore à la supériorité des conditions d’enseignement à Caen 58 Quand un étudiant ne tient plus en place et veut descendre à Paris, nous ne faisons rien pour le décourager, ajoutaient-ils. Nous sommes sûrs, l’expérience le prouve que, s’il est sérieux, il reviendra vite, effrayé par les amphithéâtres surpeuplés où il faut souvent arriver une demi-heure à l’avance pour trouver une place, par l’impossibilité des contacts humains entre le professeur parisien et sa horde d’étudiants. » [62]Les étudiants dans l’académie de Caen de 1937 à 195859Or, Caen n’a guère attiré en dehors du ressort de l’académie, mais ce recrutement régional suffit pourtant à ce que, dès la fin des années 1950, les locaux soient insuffisants et nécessitent la construction de nouveaux bâtiments. La prospective était juste sur le plan quantitatif, mais fausse sur le plan qualitatif. 60Par ailleurs, l’on insiste alors sur ce que l’on appelait généralement l’activité extérieure des membres de l’université, enseignants et étudiants. Classiquement réduite à des publications ou des participations à des congrès, cette activité se diversifie, avec de nouvelles formes d’intervention dans la cité. Il s’agit à la fois d’une captation de missions anciennement remplies par d’autres, d’un renouvellement des missions antérieures et de l’apparition à la marge d’autres formes d’implication sociale. Un enjeu intéressant est ce que Léopold Senghor appelait la normandité » ou caractère normand. C’est là un grand thème de l’entre-deux guerres ainsi lors des cérémonies de 1932, Eustache Pilon, doyen honoraire de la faculté de droit, proclame le recteur Maigron Normand d’adoption » au nom d’une procédure non écrite de naturalisation » par l’œuvre accomplie 61 Les hautes fonctions que vous exercez depuis bientôt dix ans dans cette ville, avec un tact, une courtoisie, un dévouement auquel tous ceux qui vous connaissent rendent hommage, ont fait de vous un Normand par l’esprit et par le cœur. » [63] 62L’université après 1944 entend remplir un rôle régional qui justifie aussi son existence et définit une part de son identité. La gestion de cet axe montre à quel point la rupture est nette. En effet, ce genre de discours visant à décerner le titre » de Normand disparaît, mais l’objectif d’assurer le rayonnement régional est maintenu Une Université implantée depuis des siècles au cœur de la Normandie est faite pour exprimer la province qui est la sienne, pour en approfondir les problèmes et apporter dans leur solution la contribution scientifique qui est la sienne propre » [64], estime Jean Yver. Mais c’est désormais un objectif scientifique qui est fixé à l’université, et non, comme c’était souvent le cas avant-guerre, une mission d’exaltation d’un improbable génie normand ». Sur ce point, l’université étend son champ d’intervention au détriment d’autres structures. L’exemple des études historiques normandes est significatif. Naguère dominées par les sociétés savantes, souvent en étroite collaboration avec l’université – le premier titulaire de la chaire d’histoire de la Normandie, Henri Prentout, estimait que l’université de Caen était le conservatoire naturel » des traditions et du génie normand » [65] – ces études sont progressivement accaparées par les universitaires, notamment Michel de Boüard [66], maîtrisant désormais les axes de recherche l’ethnographie, puis l’archéologie et les publications, avec la fondation des Annales de Normandie en 1951. Certes, la vénérable société des Antiquaires de Normandie poursuit son œuvre avec Lucien Musset qui épaule René-Norbert Sauvage, mais l’université a capté le thème et dépossédé partiellement les sociétés savantes. 63L’université assure aussi le rayonnement de la cité. Caen s’impose comme un centre de congrès dès la livraison des nouveaux bâtiments en 1954. Le premier événement est le congrès de l’association française pour l’avancement des sciences en 1955. L’année suivante a lieu le célèbre colloque national sur la recherche et l’enseignement scientifique 1er-3 novembre 1956 [67], puis du 17 au 20 juillet 1957 sont organisées les Journées franco-anglaises d’histoire. De manière plus fortuite et provisoire, l’université de Caen devient aussi un lieu touristique, ce que n’avait jamais été le vieux palais, et, grâce à ses œuvres d’art, fait figure de nouveau monument d’une ville qui n’en compte plus guère. L’université devient enfin un passage obligé des événements importants se déroulant à Caen, accueillant ainsi en juillet 1960, à quelques jours d’intervalle, le départ d’une étape du Tour de France cycliste [68], selon un mélange des genres dont on peinerait aujourd’hui à trouver des équivalences, et le président de la République Charles de Gaulle en visite universitaires dans la vie publique64 Tout allait calmement et doucement, du train-train tout-puissant des choses anciennes et consacrées, dans cette faculté du paisible sommeil » [69], écrit Julien Gracq à propos de la faculté des lettres sous l’Occupation. L’écrivain et géographe se remémore une université close sur elle-même, sans grande liaison avec la cité. Le tableau, sans doute excessif pour la situation d’avant 1944, est caduc pour les années suivant la Libération. Les universitaires sont désormais très présents dans la vie publique. 65La première forme d’intervention extra muros reprend une habitude interrompue par la guerre l’une des premières décisions des doyens à la Libération est de reprendre la pratique des cours publics, manière d’impliquer les professeurs dans la vie caennaise et de contribuer à une activité culturelle locale très diminuée par les destructions. La société des amis de l’université redémarre après avoir suspendu ses manifestations pendant la guerre. Les conférences du comité d’action et d’études normandes, le bien nommé CAEN, en liaison avec l’office municipal de la jeunesse OMJ sont particulièrement courues. Une initiative innovante vaut d’être mentionnée. Caen eut en 1946 une université populaire, organisée par la CGT avec l’union française universitaire, et le soutien du recteur Mazet. Des conférences ont lieu à l’OMJ, Michel de Boüard et René Musset étant les premiers orateurs [70]. L’échec fut rapide, l’auditoire étant maigre, mais la tentative illustre cette volonté nouvelle d’aller vers la population. 66On note aussi une implication très forte des universitaires dans la vie publique, donnant forme à une expertise dont on peinerait à trouver de probants exemples avant 1944. Les enjeux de la Reconstruction intéressent de nombreux enseignants, surtout des professeurs de la faculté de droit, soit par mandat électif Jean Yver est rapporteur sur la reconstruction au conseil municipal de Caen, soit par choix scientifique, notamment en réponse à la sollicitation des instances de planification. Le représentant principal de cette utilisation des compétences à des fins d’expertise est Albert Pasquier, selon qui la recherche en économie doit contribuer à éclairer les enjeux de la Reconstruction et de la modernisation économique de la région. La réalisation la plus nette est la création à la faculté de droit du bureau d’études régionales en 1954, qui livre des rapports prospectifs sur l’économie et la société normandes. 67Par ailleurs, au-delà du cas assez traditionnel de l’élection d’universitaires au conseil municipal, dont le nombre augmente, des universitaires se portent candidats aux élections législatives, notamment à gauche Roger Apéry pour les radicaux, Michel de Boüard pour les communistes. Et, si l’on a, au plan national, daté de l’Affaire Dreyfus la naissance de l’intellectuel » [71], il semble qu’à Caen, en dépit de quelques exceptions antérieures – Ludovic Zoretti [72] notamment –, c’est à la Libération que cette figure trouve son expression locale. On notera ici l’activité politique de Michel de Boüard au Front national puis aux côtés des communistes, signant des éditoriaux dans la presse communiste et animant de nombreuses réunions politiques, du professeur de la faculté des sciences Maurice Scherer engagé lui aussi auprès du PC, du mathématicien radical » [73] Roger Apéry, animateur majeur du mouvement de la Paix et impliqué sur divers dossiers ou des enseignants membres du mouvement européen, autour d’un ancien universitaire de Caen, Daniel Villey. Nombreux sont ces engagements le plus souvent individuels qui trouvent une traduction collective dès les débuts de la guerre d’Algérie, notamment parmi les enseignants de la Paroisse universitaire, lieu où les chrétiens opposés à la condamnation de La Quinzaine par Pie XII ou révoltés par la fin de l’expérience des prêtres-ouvriers forment à la fin de la période le gros du contingent mobilisé sur la guerre d’Algérie. Quelques jours avant l’inauguration de l’université, un jeune universitaire, Maurice Audin, disparaît en Algérie. Débute alors une affaire qui connaît un écho particulier à Caen en raison de la triple présence de Pierre Daure, chargé de l’affaire à la Commission de sauvegarde instituée par le gouvernement Mollet, de Roger Apéry, et bien sûr, de Pierre Vidal-Naquet [74]. 68Au total, c’est le rôle social » des universitaires caennais qui est redéfini et élargi dans les années suivant la Libération. Le lien entre l’exaltation décrite de la mission de l’université et l’apparition de la figure de l’intellectuel au niveau local apparaît étudiants dans la cité69On peut présenter l’évolution des étudiants caennais dans la vie de la cité selon trois phases. Ils sont en 1944 actifs dans la vie publique, avec une personnalité telle que Serge Goguel, qui souligne la mission de participation au rayonnement spirituel » [75] de l’université. Le discours étudiant insiste alors sur le sens des responsabilités. Mais bien vite, les étudiants s’effacent, comme le décrit Jean Collin, qui se souvient que chaque année l’enthousiasme estudiantin s’amenuisait, et vers 1955, il ne restait plus que quelques défilés à l’occasion des bizutages » [76]. Certes, les activités dirigées par les étudiants contribuent à la renaissance culturelle de la cité, mais ils sont peu présents dans la vie locale. Oubliés même, voire aigris, à les lire C’est révoltant, tout de même, de penser que la moitié de la ville est catastrophée quand Malherbe prend 4 à 0, alors que la ville, dans une splendide indifférence, nous a laissé pendant 8 ans, vivre dans le fumier des baraques, rue Caponière. » [77]Pourtant, à la toute fin de la période considérée, on assiste à une plus grande implication et à une politisation du mouvement étudiant à Caen, en liaison avec les évolutions nationales de l’UNEF [78]. La guerre d’Algérie, à Caen comme ailleurs, provoque une mobilisation inédite des étudiants et met à mal le respect de la stricte neutralité politique de l’université, longtemps considérée comme un impératif. Ainsi lors d’incidents au congrès national des étudiants en lettres en janvier 1957, des intrus ayant perturbé le discours de Michel de La Fournière, ancien président de l’UNEF, le doyen de Boüard déplore des procédés qui n’avaient jusque-là sévi que dans certaines salles de réunion politique » [79]. Ce n’est là que le début d’une mutation puisque les étudiants seront dans les années suivantes les principaux acteurs de la lutte contre la guerre d’ est donc à double titre un symbole de la renaissance caennaise, à la fois illustration des difficultés de la reconstruction, avec les inquiétudes et les aigreurs que cette phase a engendrées, et réalisation la plus fameuse du relèvement de la ville. 71La destruction du palais en 1944 n’avait guère été soulignée, les photographies de Caen publiées après-guerre mettant bien davantage en évidence la destruction des églises notamment. En revanche, la reconstruction de l’université, parfois bien rapidement désignée comme la plus moderne d’Europe » est constamment célébrée, y compris sur des cartes postales, comme le signe de la vitalité retrouvée par une ville dévastée, qui maintient et renforce ainsi sa position de métropole régionale. L’université devient le principal symbole du dynamisme d’une cité qui, durant les années suivantes, s’inscrit, au même titre que Grenoble par exemple, au cœur de la modernité française des Trente Glorieuses. Par ailleurs, l’université se voit assigner et reconnaître un rôle accru après la Libération, chargée de contribuer activement au relèvement de la région. Jamais sans doute les acteurs politiques et sociaux n’ont accordé une telle priorité au développement des infrastructures et des activités universitaires. Et, bien que l’université n’ait pas rempli certains objectifs parfois très ambitieux et disproportionnés qui lui avaient été un peu rapidement assignés, notamment en ce qui concerne son rôle international, elle a pris dans la vie de la cité une centralité nouvelle. 72Finalement, l’université de Caen s’inscrit de manière relativement spécifique dans l’histoire des universités françaises. En effet, elle ne compte pas, au contraire par exemple de ses voisines et rivales » de Rouen [80] et du Havre, parmi les universités nouvelles » [81], nées à partir des années 1960, ayant élaboré ex nihilo ou presque un projet universitaire complet, incluant des bâtiments et des objectifs nouveaux. À Caen, la longue histoire universitaire, si elle ne se matérialise plus après 1944 dans l’espace urbain comme c’est le cas pour les autres universités anciennes, oblige les décideurs et constitue, nous l’avons vu, une condition essentielle du redémarrage. Pourtant, par bien des aspects, les concepteurs de l’université renaissante ont eu à affronter à Caen, quelques années ou décennies avant les initiateurs des universités nouvelles, les mêmes enjeux anticiper la croissance prévisible des effectifs étudiants et adapter les formations et les équipements aux évolutions économiques et sociales. La différence ne réside donc pas tant dans la nature des évolutions universitaires que dans une chronologie décalée. Alors que pour l’ensemble des universités françaises, la Seconde Guerre mondiale n’est guère une césure majeure – les continuités l’emportent –, l’université de Caen connaît, elle, deux moments de rupture majeurs au xxe siècle 1944 et 1968. Notes [1] Docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au article est la version mise à jour d’une communication prononcée le 5 octobre 2007, dans le cadre du colloque sur le cinquantenaire de l’université de Caen. Voir Jean Quellien, Dominique Toulorge, Histoire de l’Université de Caen, Caen, Presses universitaires de Caen, 2012. [2] Parmi les cérémonies les plus marquantes, on notera le centenaire de l’École nationale des chartes en 1921, sous la direction de Maurice Prou, et le cinq centième anniversaire des universités de Poitiers 1931 et de Caen 1932. [3] E. Jordan, compte rendu de Stephen d’Irsay, Histoire des universités françaises et étrangères, des origines à nos jours. Tome I Moyen Âge et Renaissance », Revue d’histoire de l’Église de France, 20-86, 1934, p. 109. [4] Sur la reconstruction caennaise, voir notamment Bertaux, Renaissance d’une ville, la reconstruction de Caen, Caen, Delpha, 1994. [5] Des versements ont eu lieu depuis le colloque d’octobre 2007, mais les archives déposées aux Archives départementales du Calvados ne concernent que secondairement la période 1944-1957. [6] Je remercie l’ensemble du personnel des archives municipales de Caen, en particulier leur directrice Mme Jacqueline Dordron. [7] Jean Collin 1926-2008 a été un témoin privilégié de la période puisqu’il fut notamment le directeur de cabinet du recteur Pierre Daure. Il fut d’ailleurs l’auteur de deux ouvrages sur l’histoire de l’université de Caen. Je remercie Mlle Marie-Bénédicte Hamel de la bibliothèque universitaire pour l’autorisation de consulter les documents conservés dans ses services. [8] Jean Mercier 1891-1962 avait été nommé recteur au début de l’année 1942 après la révocation de Pierre Daure. Après la Libération, il est affecté au CNRS à Paris, avant de retrouver un poste à l’université de Bordeaux, puis d’enseigner au Maroc. Voir C. Singer, L’Université libérée, l’Université épurée, Paris, Les Belles Lettres, 1997, p. 222. [9] Pierre Daure demande au ministre d’éviter toute mesure retentissante » contre Mercier. Lettre du préfet Pierre Daure au ministre de l’Éducation nationale, 14 septembre 1944, Arch. dép. Calvados, 9 W 90. [10] Cette volonté politique explique aussi le peu d’écho donné localement aux accusations de collaboration à l’encontre des universitaires caennais. Voir C. Singer, op. cit. et F. Rouquet, Mon cher Collègue et Ami. L’épuration des universitaires 1940-1953, Rennes, PUR, 2010. [11] Lettre du préfet au ministre de l’Éducation nationale, 14 septembre 1944, Arch. dép. Calvados, 9 W 90. [12] Lettre de l’UNEF au ministre de l’Éducation nationale, 19 septembre 1944, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine BDIC, Correspondance de l’UNEF 1941-1945. [13] Léonard Gille 1904-1971 a été l’une des figures marquantes de la Résistance à Caen et préside le comité départemental de Libération en 1944. [14] Procès-verbal de la réunion plénière du 13 septembre 1944, Arch. mun. Caen, archives Comité départemental de Libération, p. 81. [15] Robert Mazet 1903-1991 était professeur à la faculté des sciences de Lille avant sa nomination à la tête de l’académie de Caen. Il est ensuite recteur à Poitiers et professeur dans les facultés de sciences de Poitiers et Paris. [16] Voir Arch. dép. Calvados, T 1634. Il s’agit d’une liasse très riche sur les premières semaines de reprise de l’université. [17] Liberté de Normandie, 10 octobre 1944. Voir aussi Arch. dép. Calvados, 9 W 48. [18] Lettre de Robert Mazet à Henry Bernard, 22 novembre 1944, Arch. mun. Caen, délibération du conseil municipal du 28 février 1946 – Choix du terrain – Reconstruction. Cette liasse essentielle est constituée de l’ensemble des documents préparatoires à la reconstruction. [19] Rapport du 23 décembre 1944, Arch. dép. Calvados, 9 W 45. [20] Jean Bayet 1892-1969, latiniste, avait été professeur à la Faculté des Lettres de Caen de 1928 à 1933. [21] J. Collin et A. Heintz, La vie quotidienne des étudiants à Caen de 1939 à 1955, Caen, Presses universitaires de Caen, 1994, p. 60. [22] J. Yver, L’Université de Caen », Études normandes, n° 3, 1954, p. 851. [23] Voir A. Bidois, Pré-histoire de l’université des origines à sa fondation en 1966 », dans A. Bidois, O. Feiertag et Y. Marec dir., L’université de Rouen 1966-2016, histoire d’une université nouvelle, Rouen, PURH, 2016, p. 17-55. [24] Dans le même but sont créés les cours du Mans en 1944 – la Sarthe est alors dans le ressort de l’université de Caen. [25] Propos rapportés par Henri van Effenterre, directeur de l’école supérieure des sciences et des lettres de Rouen dans une lettre à Michel de Boüard, doyen de la faculté des lettres de l’université de Caen, 12 février 1958. Archives de l’université de Caen, archives de la faculté des lettres de Caen, correspondance du secrétariat du doyen, 1958 non coté. [26] S. Goguel président de l’AGEC, Reconstruire l’Université », Caen-can, juin 1945. Caen-can – qui paraît parfois sous le titre de Can-Caen – est le journal de l’AGEC, paraissant de manière particulièrement chaotique. Le numéro de juin 1945 est le premier depuis 1936, puisque, comme le soulignent plaisamment ses rédacteurs, le Caen-can est le seul journal français qui se soit sabordé dès cette date et qui ait refusé de faire entendre sa voix dans un monde qui courait vers l’abîme. » [27] Lettre du recteur Mazet à Yves Guillou, 9 janvier 1946, Arch. mun. Caen, délibérations de conseil municipal de Caen, 28 février 1946. [28] Ce long discours est conservé dans les archives Jean Collin. Archives de l’université de Caen. [29] Can-Caen, janvier-février 1947. [30] P. Daure, La reconstruction de l’Université de Caen », Les Cahiers français, n° 16, avril 1957. [31] Pierre Daure a quitté la préfecture du Calvados en janvier 1946 et n’est redevenu recteur qu’à l’automne 1946. Entre temps, il a occupé la fonction de directeur de l’enseignement supérieur. [32] Lettre de Pierre Daure à Yves Guillou, 9 juillet 1946. Arch. mun. Caen, Délibérations du conseil municipal, 8 juillet 1946 – Cession des droits à l’Université. [33] M. de Boüard, Heurs et malheurs de l’Université de Caen, réflexions et souvenirs », Études normandes, n°1, 1988, p. 9. [34] Bulletin municipal, séance du 24 mars 1947, p. 141-142. [35] Voir le dossier sur cette cérémonie conservé dans archives de Jean Collin. Archives de l’université de Caen. [36] Bulletin municipal, séance du 28 janvier 1953, p. 71. [37] R. Apéry, Veut-on supprimer l’Université ? », Can-Caen, février-mars 1954. [38] Rapport sur la situation de l’Université de Caen présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale au nom du Conseil de l’Université, 1945-1946. [39] A. Mandouze, Mémoires d’outre-siècle, tome 1 D’une résistance à l’autre, Paris, Viviane Hamy, 1998, p. 159. André Mandouze 1916-2006 est finalement nommé à Alger en 1946. [40] Lettre du recteur Mazet à la direction de l’enseignement supérieur, 4 juin 1946, Arch. dép. Calvados, T 1634. [41] Brochure consacrée à la pose de la première pierre le 13 novembre 1948. Arch. Jean Collin. [42] Caen-can, Mi-carême 1952. [43] L’Express, 7 juin 1957. [44] Lettre de Pierre Daure à M. Cox, 21 décembre 1956, Arch. Jean Collin. [45] Lettre de Pierre Daure à la RTF, 4 avril 1957, Arch. Jean Collin. [46] Bulletin municipal, séance du 29 octobre 1952, dénomination voierie rapport Priout, p. 497-503. On trouve autour de l’université les avenues d’Édimbourg, de Lausanne et de Bruxelles, les rues Professeur John Orr et Colonel Usher, soit l’expression de la dette de reconnaissance » à l’égard des étrangers ; et pour les enseignants caennais, les rues Léon-Lecornu, grand savant caennais, très attaché à sa ville natale », du Doyen Barbeau de réputation mondiale », Robert-Génestal, Maurice-Souriau et Henri-Prentout. [47] Lettre de Jean Bayet, directeur général du ministère de l’Éducation nationale au préfet, 19 novembre 1944, Arch. dép. Calvados, 9 W 90. Voir aussi le tract de l’association, Arch. dép. Calvados, Fonds Lucien Musset, F 6372. [48] Voir M. Poulain, Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques françaises sous l’Occupation, Paris, Gallimard, 2008. L’auteur consacre quelques pages au cas de la bibliothèque universitaire de Caen et à sa directrice Madeleine Dupasquier. Cette dernière a témoigné sur cette reconstitution des collections voir Le Mois à Caen, n° 100, décembre 1971, p. 15-18. Voir aussi R. Féret, Bibliothèques universitaires le retard français ? Histoire comparée des bibliothèques universitaires de Caen et de Cardiff 1945-1980 », Annales de Normandie, 66e année, n° 1, 2016, p. 65-101. [49] Il s’agit là d’une pratique récente à Caen puisque les premiers titres n’ont été décernés qu’en 1932, lors du cinquième centenaire de l’université. [50] Bulletin municipal, séance du 24 mars 1947, p. 141-142. [51] Durry, Rapport sur la situation de l’Université de Caen présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale au nom du Conseil de l’Université, année 1938-1939, p. 11. [52] M. de Boüard, art. cit., p. 7. [53] H. Nézard, Rapport sur la situation de l’Université de Caen présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale au nom du Conseil de l’Université, année 1941-1942, p. 30. [54] P. Gourbin, La reconstruction de l’université de Caen. À l’origine du campus français », In Situ [En ligne], n° 17, 2011, mis en ligne le 09 janvier 2014, consulté le 26 janvier 2017. URL [55] L’ensemble des délibérations et des plans d’Henry Bernard sont conservés dans les différentes délibérations du conseil municipal de Caen concernant l’université. Voir notamment Arch. mun. Caen, Délibérations du Conseil municipal du 28 février 1946- Choix du terrain – Reconstruction. [56] P. Lecomte, Caen restera l’Athènes normande par son université faisant revivre son Acropole », Paris-Normandie, 2 juillet 1948. Autre référence antique, les étudiants rédigent à propos de ce site un récit humoristique de la construction de la Nouvelle Jérusalem ». Caen-can, Mi-carême 1953. [57] Lettre de Robert Mazet à Henry Bernard, 22 novembre 1944, Arch. mun. Caen, Délibération du conseil municipal du 28 février 1946 – Choix du terrain – Reconstruction. [58] Arch. mun. Caen, Rapport préparatoire pour la reconstruction de l’Université, 4 mai 1945, 57 p. [59] J. Yver, Rapport sur la situation de l’Université de Caen présenté à M. le Ministre de l’Éducation nationale au nom du Conseil de l’Université, année 1945-1946, p. 6. [60] Lettre du doyen René Musset au recteur, 26 janvier 1946, Arch. dép. Calvados, T 1634. [61] Lettre du doyen Michel de Boüard au ministre, 2 novembre 1956, Archives de la faculté des lettres non coté. [62] L’Express, 7 juin 1957. [63] Livre d’or, Ve centenaire de la fondation de l’Université de Caen, Caen, Imp. Malherbe, 1933, p. 70. [64] J. Yver, L’Université de Caen », op. cit., p. 855. [65] H. Prentout, La Normandie, choix de textes précédés d’une étude, Paris, H. Laurens, 1914, p. 118. [66] Voir B. Hamelin, Singulier et pluriel Michel de Boüard, thèse d’histoire contemporaine, Université de Caen Basse-Normandie, 2011 dactyl.. [67] Organisé sous l’égide des Cahiers de la République et en présence de Pierre Mendès France, le colloque accueille 250 chercheurs, hommes politiques et experts. Voir V. Duclert, Le colloque de Caen, second temps de l’engagement mendésiste », dans A. Chatriot et V. Duclert, Le gouvernement de la recherche. Histoire d’un engagement politique, de Pierre Mendès France à Charles de Gaulle 1955-1969, Paris, La Découverte, coll. Recherches », 2006, p. 81-100. Le 3 novembre 2016, s’est tenu à l’université de Caen un colloque sur l’histoire de cette étape décisive dans l’histoire de la recherche scientifique en France, en présence du président de la République François Hollande. [68] Quand le Tour de France rend hommage à l’Université caennaise », Paris-Normandie, 1er juillet 1960. [69] J. Gracq, Carnets du grand chemin, Paris, José Corti, 1992, p. 163-164. L’écrivain – sous son nom de naissance Louis Poirier – fut assistant de géographie à la faculté des lettres de Caen de 1942 à 1946. [70] Rapport du commissaire de police aux Renseignements généraux, 25 mars 1946, Arch. dép. Calvados, 21 W 19. [71] C. Charle, Naissance des intellectuels », 1880-1900, Paris, Minuit, Le sens commun », 1990. [72] Ludovic Zoretti 1880-1948, professeur à la faculté des lettres pendant l’entre-deux guerres, est un syndicaliste CGT et un responsable SFIO particulièrement actif. Munichois et ultra-pacifiste, il s’engage dans la collaboration au sein du RNP pendant l’Occupation et meurt en détention. [73] F. Apéry, Un mathématicien radical, édition hors-commerce, 1998. [74] Voir B. Hamelin, Une mobilisation d’intellectuels inédite le milieu universitaire caennais », dans R. Branche et S. Thénault dir., La France en guerre 1954-1962. Expériences métropolitaines de la guerre d’indépendance algérienne, Paris, Autrement, 2008, p. 143-158. [75] Caen-can, juin 1945. [76] J. Collin et A. Heintz, op. cit., p. 83. [77] La bouteille à l’encre », Caen-can, février 1956. [78] Voir A. Monchablon, Histoire de l’UNEF, Paris, PUF, 1983. [79] Lettre du doyen de Boüard au recteur, 4 février 1957. Archives de la faculté des lettres. [80] A. Bidois, O. Feiertag et Y. Marec dir., L’université de Rouen 1966-2016, histoire d’une université nouvelle, op. cit. [81] L. Roy, Y. Gingras dir., Les universités nouvelles, enjeux et perspectives, Montréal, PUQ, 2012.
Cetteétude n’aurait pas été possible sans la participation active des vingt établissements volontaires : Centre René Capitant ; Hôpital de jour Gombault Darnaud ; Association Vivre, Centre Denise Croisant ; Hôpital de jour pour adolescents de l’ASM13 ; École expérimentale de Bonneuil ; Centre du Parc de Saint-Cloud ; Hôpital de jour géronto-psychiatrique J.S. Bach (SPASM
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HopitalRobert Ballanger - centre hospitalier intercommunal d’Aulnay, Villepinte, Sevran, Tremblay, Le Blanc Mesnil : medecine generale, anesthesie, chirurgie, maternité, pediatrie, psychiatrie, IFSI Contact Fournisseurs Plan du site. Centre Hospitalier Intercommunal Robert Ballanger Boulevard Robert Ballanger 93600 Aulnay-sous-Bois Tél. : 01 49 36 71 23. Aller au contenu; Aller à la
Un centre de post-cure, qui accueille des patients venus de l'hôpital psychiatrique Marchant de Toulouse, est menacé de fermeture. En cette période de restrictions des dépenses publiques, il est considéré comme trop coûteux. Pourtant, il permet à des personnes ne relevant plus de l'hôpital mais pas encore aptes à se débrouiller seules, de leur offrir, avec un bon encadrement, un soutien pour favoriser leur insertion dans la ville."Le centre de post-cure Maignan est un lieu d'hospitalisation de moyen séjour 1 an en moyenne, implanté au cœur de Toulouse, pour des patients stabilisés, nécessitant des soins de transition entre un état de crise et l'organisation ou la réorganisation d'un cadre de vie en dehors du milieu sanitaire." C'est ainsi que le site officiel du Centre hospitaliser Marchant présente le CPC Maignan car situé dans le quartier des Minimes, rue Emmanuel Maignan, un théologien du XVIIème appartenant à l'ordre religieux des Minimes, qui fut censuré par les évêques parce qu'il semblait vouloir autoriser l'usure. Hôpital Marchant [site de l'hôpital]Cette structure une maison en ville accueille des patients psychotiques, ou ayant une névrose grave, sans pour autant relever d'une hospitalisation intra-muros, ni pouvoir être autonome. Il leur faut une présence rassurante qui les aide à affronter la réalité de la vie autonome, avant de pouvoir partir et vivre seuls. Ils sont au nombre de dix, et leurs encadrants sont aussi nombreux. Pour l'essentiel des infirmiers qui doivent assurer les 3 X 8, afin d'être présents en permanence, y compris la nuit. Mais aussi une ASH agent des services hospitaliers, un éducateur, un cadre de santé, des temps partiels de psychologue, psychiatre, assistante au retour à une vie presque normale consiste à accompagner ces personnes afin qu'elles accèdent à leurs droits sociaux, à les aider dans la gestion de leur budget, dans les actes de la vie quotidienne dont l'acceptation des soins, et, éventuellement, d'une protection juridique, tutelle, curatelle. Mais aussi à réaliser des activités dans le quartier, à rencontrer d'autres personnes, ce qui suppose tout un travail de réseau pour inciter les associations et leurs membres à accueillir des patients, qui, il y a peu, étaient encore enfermés dans l'hôpital. Travail tellement respectable, nécessaire, mais qui, évidemment, requiert des moyens financiers importants. Les personnels se rencontrent régulièrement et se tiennent informés à tout moment des faits marquants. L'approche individualisée de la situation des patients souvent difficile à effectuer dans l'hôpital et la possibilité de prendre du temps sont des aspects non négligeables du service rendu à ces patients. Or l'Agence Régionale de Santé l'ARS pousse, sous consigne du gouvernement et en s'appuyant sur un avis non public de la Chambre régionale des comptes, à réduire les dépenses de santé. L'Hôpital Marchant présente un déficit de 2,5 millions d'euros. Ainsi, chaque pôle de l'hôpital doit se débrouiller pour réduire la voilure de 300 000 €. D'où l'hypothèse qui court de supprimer une structure de réinsertion en psychiatrie qui coûte chaque année 800 000 €. Le ratio, calculé de façon stricte, sans tenir compte des spécificités de la structure courtes sorties en permission, vacance entre une sortie et une entrée conduit à exagérer le coût. Or, si le prix de journée est élevé, il ne l'est pas plus qu'à l'hôpital 466 € auxquels il faut ajouter le forfait hospitalier de 13,50 €, à la charge du patient. La Chambre régionale des comptes et l'ARS se fondent sur des éléments comptables, sur des chiffres consultés en chambre, mais elles ne se sont pas rendus sur place. [Photo YF]Le secteur privé lucratif gagne du terrainLe secteur public est ainsi mis à la diète. Par contre, des centres privés existent et ne sont pas menacés. En Haute-Garonne, le secteur privé en psychiatrie est trois fois supérieur à celui du public 8 sites privés contre 2 publics soit 417 lits publics contre 1060 lits privés ; 5 CPC dont 3 privés. Le groupe Capio, présent dans 4 pays européens, possède 23 cliniques en France avec un chiffre d'affaire d'un demi-milliard d'euros en 2003, ce groupe a acheté la clinique des Cèdres à Toulouse, la plus grande clinique privée de France. Le groupe Orpea, présent dans 7 pays européens, a tout un secteur psychiatrique privé en France Clinea son site décrit ses "opérations stratégiques" qui consistent ici ou là à acquérir des lits pour gonfler le chiffre d'affaire. L'ARS considère qu'elle n'a pas à intervenir dans ce secteur privé. Ces groupes affichent leurs "valeurs", qui ne sont pas, prétendent-ils, les profits exorbitants qu'ils font sur la santé des citoyens et sur la sécurité sociale, mais des "compétences pan-européennes" sic pour assurer aux patients "le plus haut niveau de qualité de prestations et de soins". Evidemment, comme toujours dans les rapports entre public et privé, dans le domaine de la santé, lorsque des malades sont trop gravement atteints, ils sont renvoyés sur le secteur public. Sinon, ils ont des durées de séjour bien plus longues que dans le secteur public ce qui gonfle le chiffre d'affaire et les bénéfices.Par ailleurs, l'Hôpital Marchant prévoit de financer, en lien avec le secteur privé, une HAD hospitalisation à domicile 15 lits publics, 15 lits Capio, pour un coût de 2 M€ an presque le déficit annuel de l'hôpital.Tout va très vite. Le personnel apprend en avril, par des bruits de couloirs, qu'il existe un risque de fermeture et en mai la menace se précise on parle réellement de la suppression de ces dix il serait pourtant préférable de créer d'autres CPC, plutôt que de supprimer les rares qui existent un centre, comparable à Maignan, a fermé il y a quelques mois à Romilly-sur-Seine. La progression considérable de la population à Toulouse et ses environs, avec de plus en plus de personnes en grande difficulté, justifie qu'on ne lève pas le pied sur ce type de prise en charge. Les concepteurs purement comptables affichent une conception binaire de la société les gens vont bien, ou ils ne vont pas bien, il n'y a pas de situation intermédiaire. Le malade est supposé guéri, il peut directement rentrer chez lui. Le personnel, qui conteste ces évolutions, ne craint pas de perdre son poste il ne s'agit pas d'une revendication corporatiste mais de la défense d'un mode d'approche de la maladie mentale, qui a fait ses preuves et que, pour satisfaire nos "experts" qui réclament de façon lancinante la baisse de la dépense, nos gouvernants décident froidement de Direction devrait annoncer début juillet la décision qu'elle compte prendre. Il semble qu'elle n'exclut pas d'intégrer le CPC intra-muros, ce qui serait un non-sens l'intérêt de cette maison étant d'être vraiment une ouverture sur le monde extérieur, certainement pas en restant enfermée dans les murs de l'hôpital. 24 juin rassemblement contre la fermeture du CPC Maignan [Photos Alex Lacrampe]Des membres de l'équipe et une intersyndicale CGT, Sud et FO ont rencontré ce 24 juin François Chollet, adjoint de la mairie de Toulouse, président du conseil de surveillance de l'hôpital qui se réunissait dans l'après-midi. Il a écouté le personnel démontrant l'intérêt pour les malades de pouvoir être accueillis un temps dans ce lieu de vie, en ville. Puis, en fin d'après-midi, aux Arènes, lors de l'inauguration d'un immeuble d'habitation hébergeant, au rez-de-chaussée, un Centre médico-psychologique CMP, le même élu, après avoir accepté que les personnels fassent, en cette occasion, une déclaration publique, a certes objecté qu'il importait d'optimiser les moyens, mais admis, devant un représentant de l'ARS, combien il est important de faciliter l'insertion de ces patients dans la ville. Wait and see...________L'Hôpital Marchant a été gravement touché par l'explosion d'AZF le 21 septembre 2001. Suite à cette tragédie qui fit 31 morts à Toulouse et plusieurs blessés dans l'hôpital, ce dernier fut évacué 350 patients, 1000 employés. Un an plus tard, les patients commencent à revenir le retour s'est échelonné jusqu'en 2005. L'hôpital a été entièrement restructuré avec une énorme enveloppe fournie par le groupe Total, ce qui aurait permis à beaucoup de directeurs et sous-directeurs de rénover leurs bureaux et la direction en a profité pour fermer des lits et ouvrir des CMP centre médico-psychologique et des CATTP centre d'accueil thérapeutique à temps partiel. Ce sont des structures d'accueil de jour, alors que le CPC évoqué dans ce billet consiste à accueillir jour et nuit, hors de l'hôpital, les patients non encore aptes à retourner chez hôpital de jour qui accueillait quelques étudiants également la nuit voit sa section de nuit fermée à partir du 20 Ides de mars Avec la circulaire du 15 mars 1960, la psychiatrie est incitée à s'ouvrir sur l'extérieur. La "sectorisation" doit favoriser le maintien ou le retour à domicile du malade mental. Mais, il faudra très longtemps avant que l'hôpital psychiatrique et ses soignants prennent en compte cette injonction du 14 mars 1986 a défini les équipements et services qui ne relèvent par de l'hôpital intra-muros, dont le CPC " des centres de post-cure unités de moyen séjour destinées à assurer, après la phase aiguë de la maladie, le prolongement des soins actifs ainsi que les traitements nécessaires à la réadaptation en vue du retour à une existence autonome " art. 2.La circulaire du 14 mars 1990, signée Claude Evin, reconnaissait déjà que le dispositif de la politique de santé mentale était "confronté aux contraintes de la maîtrise des coûts de santé", mais elle insistait sur une meilleure organisation des secteurs psychiatriques, afin de favoriser l'insertion des personnes un centre de post-cure peut être éventuellement implanté dans l'enceinte d'un établissement hospitaliser, il doit être nettement différencié des locaux d'hospitalisation à temps complet. Si l'on veut travailler l'insertion sociale, il est évident que l'implantation au cœur de la ville est nettement exemples de CPC Sarzeau dans le Morbihan, de La Chicotière association Les Apsyades à Nantes, Centre de la Thébaudais géré directement par l'Assurance maladie, groupe Ugecam, La Métairie ou le Centre René Capitant à Paris. Ne pas confondre le CPC avec un centre de post-cure que tu fou là ?Au commencement, une folle envie née de la rencontre entre deux théâtreux » un peu aguerris, qui se croisent parfois dans un centre de formation en travail social. Ils se rejoignent autour de la découverte de Psychiatrie Déconniatrie suite de 19 variations autour des liens entre folie et poésie, ouvrage de Serge Valletti, inspiré par les écrits de François Tosquelles, un psychiatre qui a laissé une trace profonde à Toulouse et bien ailleurs…Mise en scène Eric Raphael. Acteurs Bahya Bouhenna, Betty Durand, Laurent Jeanmougin, Jacques Jouves, Vanda Mayonove, Eric Raphael, Fabienne Raphael, Mustapha Samr, Didier François Tosquelles "La qualité essentielle de l’homme c’est d’être fou. Et que tout le problème c’est de savoir comment il soigne sa folie. Si vous n’étiez pas fou, comment voulez-vous que quelqu’un soit amoureux de vous, pas même vous. Et que les fous que l’on met dans les asiles psychiatriques, c’est des types qui ratent leur folie. L’essentiel de l’homme c’est de réussir sa folie…"La troupe a joué Qu'est-ce que tu fou là ? à Balma le 17 juin. Elle joue à la rentrée je donnerai ultérieurement les dates et les lieux. Affiche de la Troupe de théâtre Les Grands DysférentsBillet n°205 Billets récemment mis en ligne sur Social en question Et la richesse ruissellera sur les pauvresDes enfants sont pauvres, leurs parents aussi"La lutte des classes n'est pas républicaine"La loi du marché c'est l'humiliationLa solidarité à rude épreuveContact YvesFaucoup [Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200]
Fermeturede l’établissement mais une garde téléphonique est assurée 24h/24, 7 jours sur 7. Les étudiants qui ne sont pas déjà pris en charge ne vont pas pouvoir parler a un therapeute - ceux qui le sont déjà appellent le 01 47 70 70 32 (il s'agit du directeur du BAPU qui agit en tant que coordinateur entre les psy et les étudiants) pour etre ensuite redirigés vers les therapeutes
Les trois Unités René Diatkine URD fonctionnent de façon indépendante mais sont liées par un statut comun d’hôpital de jour exclusivement destiné à des accueils à temps partiels. Elles comprennent trois sous unités répondant chacune à des besoins spécifiques d’âge et de pathologies l’Unité de Soins Intensifs du Soir USIS, l’Unité de Soins Précoces USP et l’Unité Benjamins UB. Les URD sont situées sur deux sites soins s’adressent en priorité aux enfants du 13e arrondissement de Paris, sur indication du médecin consultant du Centre Alfred-Binet CAB. Les soins sont pris en charge par le Régime d’assurance maladie de l’enfant. L’admission se fait sur indication du médecin consultant du Centre Alfred ce médecin pense qu’une prise en charge aux URD est indiquée pour l’enfant, il en parle à sa famille et à l’équipe de la sous-unité qui sera chargée de l’accueillir, pour requérir leur avis respectif. Selon les cas, les parents seront invités à prendre directement contact avec la structure de soins ou devront attendre un courrier les informant qu’une place est disponible pour leur des unités a un projet de soins spécifique et une équipe soignante indépendante sous la responsabilité d’un médecin psychiatre et d’un cadre de santé. Un personnel, composé de psychologues, psychopédagogues, éducateurs, orthophoniste et psychomotricien, d’une assistante sociale et d’une secrétaire, y est diversement associé. Les prises en charge sont généralement prolongées sur plusieurs mois et de soins intensifs du soir USIS Médecin responsable Dr Véronique LaurentCadre de proximité Michel BillonSecrétaire Samantha Buet L’USIS accueille en moyenne 16 enfants âgés de 6 ans à 15 ans, plusieurs fois par semaine, essentiellement le soir après l’école, et toujours en dehors des temps scolaires. Cette disposition suppose que l’enfant puisse s’inscrire dans une scolarité à temps plein. L’USIS s’adresse à des enfants qui présentent des troubles de la personnalité suffisamment préoccupants pour nécessiter une prise en charge institutionnelle pluri-hebdomadaire ou se manifestant de telle sorte qu’un soin collectif, offrant le support de diverses médiations et mettant le patient en lien avec d’autres enfants et différents professionnels, paraisse plus approprié qu’un soin individuel. Les troubles suivants, non spécifiques, sont souvent présents des difficultés de comportement agitation, inhibition, ennui, dans les relations conflits, isolement, bouc émissaire ou dans les apprentissages retard, problème de concentration, des troubles somatiques alimentaires, du sommeil, maux de ventre, des manifestations d’angoisse ou de tristesse. Mais c’est surtout la compréhension du médecin du Centre Alfred Binet sur la nature profonde de ces troubles qui justifiera l’orientation vers l’USIS. L’admission se fait à l’âge primaire. Le suivi de chaque enfant s’effectue sous la responsabilité du médecin psychiatre de l’USIS ou, par délégation, du psychologue institutionnel qui l’assiste. C’est lui qui organise l’admission de l’enfant, reste un interlocuteur privilégié pour le médecin du CAB et pour les parents -notamment lors des consultations régulières qui jalonnent la prise en charge de leur enfant- et qui coordonne le projet thérapeutique de celui-ci. Il est également le garant du travail d’équipe qui s’effectue autour du jeune patient dans l’institution et du travail de coordination avec les partenaires extérieurs notamment scolaires et, le cas échéant, sociaux voire judiciaires.L’accueil des enfants répond à une organisation très fixe afin de favoriser la constitution de repères fiables, autour d’un personnel identique tout au long de la semaine, et d’activités à investir. La première partie de la soirée est consacrée au travail scolaire. Ensuite, divers ateliers à médiation sont mis à la disposition des jeunes patients. Ce sont des psychologues qui les animent. Les enfants circulent dans les ateliers à leur gré. Le mercredi et lors des vacances scolaires l’accueil prend des formes plus variées comprenant des activités à l’extérieur. Ce dispositif de soin, utilisant les ressources expressives et créatives des divers supports proposés, et les rencontres avec d’autres, vise à relancer le bon développement de l’enfant, le dégager de ce qui le fait souffrir et faire évoluer ce qui contribue à ses symptômes. Il prend sens et se réajuste grâce à une réflexion d’équipe régulière sur chaque patient et aux échanges avec sa prise en charge est prolongée permettant d’accompagner l’entrée dans l’adolescence. A ce stade, un accueil spécifique, en petit groupe, est généralement proposé aux adolescents. Il a lieu les vendredis soir et termine habituellement leur période de soins. Dans certains cas, peu fréquents, une orientation vers une nouvelle structure s’avère nécessaire hôpital de jour pour adolescents ou IMPro par exemple. Parfois c’est la poursuite d’un suivi ambulatoire qui est indiquée. Adresse Centre Clément Michel6, rue du conventionnel-Chiappe 75013 ParisTel secrétariat 01 44 06 72 30 Horaires d’ouverture Lundi de 16h30 à 19hMardi de 16h30 à 19hMercredi de 11h45 à 14h15Jeudi de 16h30 à 19hVendredi de 16h30 à 19hPendant les vacances scolaires, l’USIS ouvre les lundis, mardis et jeudis de 14h à 16h30 ; les horaires des mercredis et vendredis restent inchangés. Unité des benjamins Médecin responsable Dr Véronique LaurentCadre de proximité Michel BillonSecrétaire Samantha Buet L’Unité Benjamins accueille, trois demi-journées par semaine, 12 enfants de 6 à 11 ans présentant des difficultés d’apprentissage et de comportement dans le cadre est préférable que leur temps scolaire soit allégé pour qu’ils reprennent confiance dans leurs enfants sont accueillis dans des groupes thérapeutiques animés par des psychologues ou des éducateurs afin de les aider dans leurs difficultés, à travers le jeu et différents médias pédagogiques. Une réunion hebdomadaire permet la réflexion clinique et le suivi des familles sont régulièrement reçues par les médecins de l’équipe et les thérapeutes de leur est composée d’un médecin psychiatre, d’un cadre de santé, d’une psychologue institutionnelle, d’une interne, de psychologues et psychopédagogues, d’un éducateur. Adresse Centre Clément Michel6, rue du conventionnel-Chiappe 75013 ParisTel secrétariat 01 44 06 72 30 Horaires d’ouverture Lundi et jeudi de 13h45 à 16h15Mardi de 8h45 à 11h15 Unité de soins précoces Médecin responsable Dr Dominique DeyonCadre de proximité Francine Allouch L’unité de soins précoces accueille des enfants de 2 ans et 1/2 à 6 ans présentant des troubles du développement ou des troubles avec autisme, cinq demi-journées par semaine. Elle est animée par une équipe pluridisciplinaire médecin psychiatre, psychologues, éducateur spécialisé, psychomotricien, enfants sont pris en charge plusieurs fois par semaine groupe thérapeutique et traitement individuel en psychomotricité et en orthophonie leur sont proposés. Ils restent scolarisés à temps partiel à l’école maternelle avec laquelle l’équipe collabore familles sont régulièrement reçues en consultation par le médecin et une psychologue, en lien avec les équipes du Centre Alfred réunions cliniques hebdomadaires permettent de réfléchir et d’évaluer l’évolution de chaque enfant. Les soins se prolongent pendant toute la durée du cycle de l’école maternelle, après quoi la poursuite d’une autre prise en charge se discutera en fonction de l’évolution. Adresse 74bis, avenue Edison 75013 ParisTel secrétariat 01 40 77 43 93 Horaires d’ouverture L’Unité est ouverte du lundi au vendredi de 9h30 à 17h30. A l’intérieur de ces plages, les horaires peuvent varier en fonction des besoins des enfants.
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Cliniques de médecine spécialisées Cliniques de médecine spécialisées Centrale de rendez-vous Institut universitaire de santé mentale Hôpital Maisonneuve-Rosemont Allergies et immunologie Cancérologie Cardiologie Centre de gestion de la douleur Centre de jour de diabète Chirurgie générale Chirurgie plastique Clinique d'investigation de médecine interne Clinique d'investigation en pneumologie Dermatologie Endocrinologie Greffe rénale Gynécologie Hémodynamie Insuffisance cardiaque Microbiologie Médecine de jour Néonatalogie Neurologie Néphrologie Obstétrique Ophtalmologie Orthopédie Oto-Rhino-Laryngologie ORL Pneumologie Rhumatologie Pavillon Rosemont Hôpital Santa Cabrini Le centre de médecine de jour offre des soins et services spécialisés nécessitant un temps de traitement, d'investigation ou de surveillance. Le centre de médecine de jour inclut la clinique de traitement des infections la prise en charge des personnes nécessitant une antibiothérapie IV la clinique de soins de plaies complexes Horaire Lundi au vendredi 7 h à 22 h Coordonnées Hôpital Maisonneuve-Rosemont Centre de soins ambulatoires CSA 1er étage, aile jaune Guichet F Téléphone 514 252-3400, poste 1422 Clinique de plaie et CAPA 514 252-3400, poste 1428 Télécopieur 514 251-7097 Itinéraire, stationnement et autres informations Prendre rendez-vous Pour obtenir les services, vous devez avoir une demande d'examen ou d'intervention. Votre médecin acheminera votre demande d'examen ou d'intervention au centre de médecine de jour Par la suite, nous vous contacterons pour vous offrir un rendez-vous.
Centrehospitalier de Dinan (Dinan) Centre hospitalier René Pleven (Dinan) L'annuaire. Rechercher; Recherche cartographique; A propos de l'annuaire; Etablissement géographique Centre hospitalier René Pleven (Dinan) Informations pratiques. Adresse Centre hospitalier René Pleven (Dinan) rue Chateaubriand 22101 Dinan Cedex Coordonnées > Standard : 02 96 85 72
Je suis un sentimental, je trouvais que l’on pouvait respecter les formes. » Michel Jobert, le 16 avril 1974, cité par Michèle Cotta. Un sentimental choqué par la manière dont Jacques Chaban-Delmas a été "démissionné" débarqué de Matignon. L’ancien ministre gaulliste Michel Jobert est né il y a un siècle, le 11 septembre 1921 à Meknès, au Maroc, où sa famille s’était installée. À 21 ans, en pleine guerre, il s’est engagé en novembre 1942 et a participé au débarquement en Provence puis à la libération du territoire. Petit homme sympathique au crâne dégarni, Michel Jobert a toujours été un extraterrestre de la vie politique française. À l’instar de Dominique de Villepin, il a fait partie des rares politiques à avoir occupé de fonctions ministérielles de première importance sans avoir été élu nulle part, avant, pendant ou après ses responsabilités ministérielles. Il a gravi le mont politique par la face technocratique. Diplômé du futur Science Po et de l’ENA de la même promotion que Claude Cheysson, Henri Froment-Meurice, Michel Poniatowski et Pascal Arrighi, Michel Jobert a intégré la Cour des Comptes et s’est frotté très rapidement au monde politique en entrant dans des cabinets ministériels sous la Quatrième République entre 1952 et 1956, en particulier celui de Pierre Abelin Ministre des Finances, de Paul Bacon Ministre du Travail et de la Sécurité sociale et enfin, celui de Pierre Mendès France, alors Président du Conseil. Après avoir été directeur de cabinet du Haut-commissaire de la République en Afrique-Occidentale française de 1956 à 1958 Gaston Cusin, il a participé à l’élaboration de la Constitution de la Cinquième République, puis a été nommé directeur de cabinet du ministre d’État Robert Lecourt de 1959 à 1961. Michel Jobert est sorti de la discrétion politique le 8 janvier 1966 il a succédé au futur ministre François-Xavier Ortoli, nommé Commissaire général au Plan. En effet, directeur adjoint du cabinet du Premier Ministre de 1963 à 1966, il est devenu le premier collaborateur de Georges Pompidou, et cela jusqu’en 1973 son directeur de cabinet à Matignon de janvier 1966 à juillet 1968 avec le départ de Georges Pompidou de Matignon. Il est devenu administrateur d’Havas en 1968. Parmi ses nombreuses responsabilités, il a aussi été le président de l’Office national des forêts de 1966 à 1973. Dans ses "Cahiers secrets", Michèle Cotta a raconté une confidence de Jacques Chirac du 2 décembre 1970 Chirac me raconte en outre que, en 1964, Olivier Guichard et François-Xavier Ortoli avaient essayé de le vider du cabinet de Georges Pompidou. Michel Jobert, lui aussi au cabinet de Pompidou, l’avait appris un vendredi soir et, écœuré, avait décidé de partir à la chasse pour deux ou trois jours. ». Finalement, lundi matin, tout était rentré en ordre et Jacques Chirac restait, protégé par Georges Pompidou. Lors d’un enregistrement pour la campagne présidentielle le 4 novembre 1965, la déclaration de candidature de De Gaulle à sa reconduction, Alain Peyrefitte avait compris que les mots seraient mal interprétés par Georges Pompidou car De Gaulle disait en gros sans moi, ce serait le chaos, alors que toute la presse se posait la question "pourquoi lui plutôt que Pompidou ?". Mais Alain Peyrefitte n’a pas osé demander à De Gaulle, autosatisfait de sa prestation, de recommencer son allocution. Si bien que lors de sa diffusion à 20 heures à la télévision, alors que tout le staff de Georges Pompidou était réuni dans le bureau de Michel Jobert, le seul qui avait un téléviseur, ce dernier fut choqué. Alain Peyrefitte a foncé à Matignon pour le "service après-vente" et a raconté dans son "C’était De Gaulle" Le silence est tendu. À mesure que le Général parle, j’ai l’impression que le visage de Jobert, d’ordinaire impassible, se décompose. Pompidou, que je n’avais pas vu, se retire sans un mot. À la fin, Jobert me déclare sèchement "Ce n’est guère aimable pour Pompidou. C’est même franchement insultant. En somme, si le Général n’avait pas décidé de se présenter, personne n’aurait pu sauver la République à sa place". On ne peut pas reprocher à un collaborateur intime de préférer son patron au patron de son patron. Mais si ce loyal serviteur du régime, parfaitement maître de ses nerfs, ne cache pas son indignation, comment va réagir la "classe jacassante" ? ». Michel Jobert a fait partie des collaborateurs les plus proches et les plus fidèles de Georges Pompidou, avec Jacques Chirac, Anne-Marie Dupuy chef de cabinet et future maire de Cannes, Édouard Balladur, Pierre Juillet et Marie-France Garaud. Ces conseillers furent sollicités par Georges Pompidou en mai 1968 pour savoir quoi faire, puis furent réunis dès la nuit du référendum du 28 avril 1969 pour préparer la candidature de Georges Pompidou à la Présidence de la République. De juin 1969 à avril 1973, Michel Jobert fut le Secrétaire Général de l’Élysée après l’élection de Georges Pompidou. Régnaient alors à l’Élysée deux clans, celui des conseillers de l’ombre menés par Pierre Juillet avec Marie-France Garaud, et celui plus formel et officiel, mené par Michel Jobert, très respecté des parlementaires, avec Édouard Balladur comme Secrétaire Général adjoint de l’Élysée. Ces clans se sont ignorés et vaguement détestés. Ce n’est pas un hasard si, en 1979, Jacques Chirac a pris Édouard Balladur comme conseiller après s’être éloigné du tandem Juillet-Garaud. Pour avoir un petit aperçu de ces clans, rien ne vaut la lecture des "Cahiers secrets" de Michèle Cotta. Voici ce qu’elle a écrit le 24 octobre 1970 Bagarre entre Jobert et Juillet, à l’Élysée, sur la nomination de Denis Baudouin [à la tête du service de presse]. Jobert y était hostile, Juillet, favorable. Ce qui accrédite les bruits qui courent sur la brouille entre les deux hommes. ». Le 20 novembre 1970 La bataille entre Jobert et Juillet atteint, paraît-il, son point culminant. Beaucoup plus sur des questions de sensibilité ou de comportement que sur des questions politiques. Anne-Marie Dupuy a demandé à être reçue hier à 16 heures par Pompidou et lui a craché le morceau Pompidou ne se doutait pas que les affrontements étaient aussi vifs entre ses conseillers, à quelques pas seulement de lui. Tout cela entretenu, semble-t-il, par Balladur, que Chirac appelle "le Chanoine". La cohésion de l’ensemble du cabinet est à peu près totale autour de Pierre Juillet. Mais Jobert montre une extraordinaire volonté de puissance, et pas grand-chose ne lui résiste. Pas même Juillet, qui, paraît-il, parlait hier de démissionner. ». Dans le livre du journaliste d’investigation Vincent Nouzille publié en 2009, "Des secrets si bien gardés les dossiers de la Maison-Blanche et de la CIA sur la France et ses Présidents, 1958-1981" éd. Pluriel, on apprend que les Américains envisageaient sérieusement la nomination de Michel Jobert à Matignon en 1972 ce fut finalement Pierre Messmer, considéré comme un ami des États-Unis parce qu’il parlait anglais et que son épouse était américaine. Cela montre à quel point Michel Jobert était une pièce maîtresse dans le dispositif élyséen de Georges Pompidou. Lui-même ancien diplomate, Michel Jobert fut très actif dans les relations entre la France et l’URSS. La consécration de l’homme des coulisses a eu lieu à l’issue des élections législatives de mars 1973 Michel Jobert fut nommé Ministre des Affaires étrangères du 2 avril 1973 au 27 mai 1974. Son successeur au Secrétariat Général de l’Élysée fut par ailleurs Édouard Balladur. Aux conseils des ministres, il faisait partie des rares ministres à donner son avis personnel, avec Valéry Giscard d’Estaing et Pierre Messmer. Pendant un an, il s’est montré un chef de la diplomatie française résolument gaulliste, rejetant parfois des propositions américaines, notamment celles de son homologue Henry Kissinger sur l’OTAN. Plus généralement, Michel Jobert a été contesté dans la classe politique française pour avoir trop soutenu les pays arabes et pas assez la politique américaine. Le 20 janvier 1974, le comité directeur du parti radical a même "stigmatisé" l’action de Michel Jobert dont l’antiaméricanisme avait fini jusqu’à refuser d’aller à Washington de peur de mécontenter les pays arabes ». Le 14 septembre 1973, à la fin de l’épuisante visite de Georges Pompidou à Pékin, Michel Jobert, qui l’a accompagné, a confié à Michèle Cotta Nous lui demandons ce que les Russes vont penser de ce voyage présidentiel en Chine "Nous n’avons rien fait qui puisse gêner personne", assure Jobert, l’air malin. ». Le 13 mars 1974, Michel Jobert a accompagné Georges Pompidou en URSS pour sa rencontre avec Leonid Brejnev et Andreï Gromyko. L’hypothèse américaine de Michel Jobert premier-ministrable est revenue le 16 octobre 1973 à la buvette de l’Assemblée Nationale, en plein débat constitutionnel sur le quinquennat. Bernard Pons aurait annoncé dans sa circonscription qu’il serait bientôt ministre d’un nouveau gouvernement dirigé par Olivier Guichard. François Mitterrand a commenté la rumeur devant son ami Maurice Faure Vous croyez que Messmer est terminé ? Alors, qui Pompidou choisira-t-il ? Michel Jobert, c’est sûrement l’homme de son cœur. Mais Olivier Guichard n’est pas mal du tout. Évidemment, les Français le trouveront un peu lent, mais ce serait un bon Premier Ministre. ». Une possibilité redite par Xavier Marchetti lui-même, le porte-parole adjoint de l’Élysée, le 23 janvier 1974 à Michèle Cotta Si Georges Pompidou souhaite se représenter en 1976, il lui faut désigner Guichard dès maintenant à Matignon. Ce sera le tour de Jobert après 1976. ». Encore plus intéressante, cette analyse de Jacques Chirac proposée à Michèle Cotta le 11 février 1974 Deux clans s’opposent … sur un diagnostic médical. Il y a ceux qui pensent que Pompidou est foutu. C’est le cas de Chaban, qui se dépêche d’entrer en campagne. Ceux-là , que veulent-ils obtenir dès aujourd’hui ? Le départ de Messmer, d’abord. Et après, quel Premier Ministre, sinon un homme accepté par Pompidou et favorable à Chaban ? Il n’y en a qu’un Michel Jobert. Il y a aussi une deuxième catégorie de gens ceux qui pensent que Pompidou tiendra jusqu’en 1976. Et qu’il faut s’aligner. Giscard le fait à sa manière, sans pouvoir s’empêcher de donner des coups de canif au contrat. Mais il pense avoir plus de temps, c’est-à -dire plus d’espérances. Face à ces deux clans, un seul homme Pierre Messmer, nécessaire pour sauvegarder les équilibres. ». En pleine campagne présidentielle le 16 avril 1974, Michèle Cotta a interrogé celui qui était encore le Ministre des Affaires étrangères sur ses rapports avec Pierre Juillet Je l’interroge sur la personnalité de Pierre Juillet. Six mois avant le remaniement l’occasion duquel lui, Jobert, est devenu Ministre des Affaires étrangères, les deux hommes ne se parlaient déjà plus. Lorsque Jobert est allé au Quai, Juillet, lui, devait retourner à ses moutons. "Pour solde de tout compte, me rapporte Jobert, il devait recevoir le Conseil Constitutionnel. Édouard Balladur, à mon départ, m’a dit Alors, je vais rester seul à l’Élysée ! – N’y comptez pas trop, lui ai-je répondu, Juillet revient toujours’…". Juillet, ajoute-t-il, n’a jamais aimé Chaban. Cela remonte à très loin, peut-être à la IVe République. ». Comme il avait soutenu fidèlement la candidature de Jacques Chaban-Delmas à l’élection présidentielle de 1974 et que ce dernier avait perdu, il était naturel qu’il quittât le gouvernement, d’autant plus qu’il s’opposait à Valéry Giscard d’Estaing, nouveau Président de la République. Ce fut à partir de cette date que Michel Jobert a bifurqué insensiblement vers la gauche il avait alors 53 ans et au lieu de se définir comme "gaulliste de gauche", il préférait se dire "ailleurs" au risque d’être "nulle part". Le 11 juin 1974, il a tenu une conférence de presse pour faire un appel à tous les démocrates Si ça marche terrible, je ferai l’esquisse de l’esquisse d’un mouvement. ». Le 16 mars 1975, il a fondé le Mouvement des démocrates qui se situerait au centre gauche. Regrettant l’absence d’un centre d’opposition pour éviter la progression des socialistes aux élections cantonales de mars 1976, Marie-France Garaud a susurré à Michèle Cotta le 9 mars 1976 J’ai tout fait pour que Michel Jobert occupe le terrain, il ne l’a pas voulu. ». Dans la direction de ce micromouvement politique à l’issue du second congrès le 24 octobre 1976 à Marseille, on pouvait remarquer René Galy-Dejean, qui était alors conseiller de Paris et futur député-maire RPR du 15e arrondissement de Paris. Michel Jobert était très mécontent de l’action du gouvernement et de la majorité. Le 16 novembre 1976, il regrettait que la France laissât se développer la diplomatie américaine Il est important que des hommes politiques français le disent, même si leurs paroles tombent dans le désert. Il n’y a pas de désert pour les paroles ! ». Et il considérait que l’action du gouvernement Chirac avait été un échec, et même après son départ de Matignon, Jacques Chirac n’avait pas son estime Les actions nées dans l’opportunité meurent dans l’opportunité. » cité par Michèle Cotta. Bien que rencontrant régulièrement le Premier Ministre Raymond Barre, Michel Jobert s’est rapproché de plus en plus du PS. En juin 1977, son mouvement a mêm participé comme observateur invité au congrès du PS à Nantes, congrès important puisque les sondages envisageaient la victoire de l’union de la gauche aux élections législatives de mars 1978. À l’élection présidentielle de 1981, comme du reste sa collègue Marie-France Garaud, Michel Jobert a voulu présenter sa candidature mais il n’a pas pu aller jusqu’au bout par manque des 500 parrainages Jean-Marie Le Pen non plus n’a pas pu se présenter pour la même raison. Michel Jobert a donc apporté son soutien dès le premier tour à la candidature de François Mitterrand, ce qui l’a rangé dans le camp des vainqueurs le 10 mai 1981. Une occasion que François Mitterrand n’allait pas rater un gaulliste "historique" au plus près du pouvoir pompidolien dans son nouveau gouvernement. Michel Jobert est ainsi revenu au pouvoir par une porte nouvelle, comme le premier ministre de l’ouverture des socialistes Ministre d’État, Ministre du Commerce extérieur du 23 mai 1981 au 17 mars 1983 dans les deux premiers gouvernements de Pierre Mauroy. Michèle Cotta a expliqué le 25 mai 1981 le rôle de Michel Jobert au gouvernement Rassurer les investisseurs étrangers. Parmi eux, les pays arabes et surtout l’Arabie Saoudite. C’est de cela qu’est chargé Michel Jobert, qui, comme ancien Ministre des Affaires étrangères de Georges Pompidou, est connu pour être un interlocuteur privilégié du monde arabe. Aujourd’hui, il doit convaincre les rois du pétrole de ne pas "désinvestir", de ne pas évacuer hors de France les capitaux de l’or noir. ». À une époque où le franc était violemment attaqué sur les marchés. Autre retour d’ascenseur, indiqué par Michèle Cotta deux jours plus tard François Mitterrand demande à Xavier Gouyou-Beauchamps via André Rousselet, qui voit Jean Serisé de présenter sa démission de président de la Sofirad [nommé par Valéry Giscard d’Estaing en 1977]. On va voir ce que cela donne Mitterrand nomme Michel Caste, un homme de Michel Jobert …. La nomination de cet hurluberlu, grand amateur de femmes, au demeurant sympathique, va faire rigoler tout Paris mais c’est le retour d’ascenseur promis à l’ancien directeur de cabinet de Georges Pompidou qui a apporté son soutien au moins tacite, depuis six mois, à François Mitterrand. ». Se confiant à Michèle Cotta le 4 juin 1981, juste avant les élections législatives anticipées, Michel Jobert ne croyait pas à l’entrée de communistes au gouvernement Au moindre secrétaire d’État communiste, le roi Khaled ferme les vannes du pétrole à la France ! ». La suite lui a donné tort. Quatre ministres communistes ont été nommés le 23 juin 1981. Michèle Cotta a commenté Ce n’est un mystère pour personne que Michel Jobert et Jacques Delors pensent et disent que la présence des communistes à leurs côtés risquent d’atténuer la confiance, combien fragile, que manifestent au nouveau gouvernement de la France les milieux financiers, nationaux et internationaux. ». Après 1983, toujours "nulle part", Michel Jobert n’a pas su trouver un mode d’expression politique adapté à une démarche politique dont il n’était pas familier. Selon "Le Monde" du 16 février 1989, il aurait souhaité se présenter à la mairie d’Orléans en mars 1989, et finalement, il s’est retiré complètement de la vie politique au début des années 1990 en changeant de métier et en devenant avocat au barreau de Paris. C’est une dizaine d’années plus tard que Michel Jobert s’est éteint, le 25 mai 2002, à l’âge de 80 ans, d’une hémorragie cérébrale, dans l’hôpital qui, comme une coïncidence, a été baptisé du nom de son ancien mentor, Georges Pompidou, dans le 15e arrondissement. Parmi la vingtaine d’essais dont il fut l’auteur, le premier, "Mémoires d’avenir", sorti en 1974 éd. Grasset, a obtenu le Prix Aujourd’hui. Aussi sur le blog. Sylvain Rakotoarison 05 septembre 2021 Pour aller plus loin Michel Jobert. Pierre Mazeaud. Michel Debré. Bernard Pons. Pierre Juillet. Philippe Mestre. Henry Chabert. Olivier Dassault. Éric Raoult. Yvon Bourges. Christian Poncelet. René Capitant.
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