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SaisonSĂ©rie Drame, Saison en 6 Ă©pisodes, FranceMoins de 10 ansVFHDUne inspectrice de la brigade des mineurs enquĂȘte sur l'enlĂšvement d'une fillette, un drame qui va raviver des souvenirs douloureux chez la jeune Laure de ButlerAvec Sofia Essaidi, Olivier Marchal, Lorant Deutsch, Irina Muluile, Oscar Copp, Guy Lecluyse, Elisa Ezzedine, Natacha Regnier, Leslie MedinaĂpisodesRĂ©sumĂ©s des Ă©pisodesLectureEpisode 1JadeLectureEpisode 2FannyLectureEpisode 3LectureEpisode 4LectureEpisode 5LilasLectureEpisode 6AnaĂŻsCritiques presseAllocinĂ© SpectateurTĂ©lĂ©ramaContinuer la navigation pour parcourir la derniĂšre catĂ©gorieA voir aussiMongevilleSaison 1CallsSaison 2Moins qu'hier plus que demainSaison 1TĂȘtardSaisons 1 Ă 2Chicago FireSaison 2Deux ViesSĂ©rie DrameĂa sera peut-ĂȘtre mieux aprĂšsSaison 1Cher journalSĂ©rie HumourPitchSaisons 1 Ă 2Clothilde fait un filmSaison 1Continuer la navigation pour parcourir la derniĂšre catĂ©gorieA la carteKidnappingSaison 1Maman a tortSaison 1L'absenteSaison 1Section de recherchesSaison 13Dernier ActeSaison 1VisionsSaison 1LaĂ«titiaSaison 1Pour SarahSaison 1CĂ©sar WagnerSaison 1EdenSaison 1
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Ne ratez pas l'Ă©pisode final, qui scellera Ă jamais le destin de vos personnages, Khushi et Arnav. Log In. Contact Serie indienne en français on ⊠ActivitĂ©s . ActivitĂ©s . Saison 1. N'hĂ©sitez pas Ă vous abonnĂ©s et Ă activĂ© la de notification Diffusion de la sĂ©rie lapromesse indienne en français la promesse sĂ©rie indienne en français Ă©pisode 70. la promesse sĂ©rie indienne en français Ă©pisode 70. la promesse sĂ©rie indienne en français episode 1 . la valise en carton '' episode 6; appartement Ă vendre Ă alençon, quartier des promenades; vendre un diamant sans certificat. KAPIL SHARMA SHOW; NEWS; Connexion Membre; Contactez Nous; MEHEK â Episode 1 Ă 100 sĂ©rie en cours de diffusion a la TV sĂ©rie en cours de diffusion a la TV Soyez au courant des nouveaux films! La promesse sĂ©rie indien en français - Facebook Watch ... Log In La promesse streaming complet en français. 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Abstract Outline Text Bibliography Notes References Author Abstracts Moniale clarisse de Nuremberg, femme de caractĂšre, humaniste et Ă©rudite, A. Pirckheimer 1467-1532 fut abbesse de sa communautĂ© pendant les derniĂšres 29 annĂ©es de sa vie. Dâabord cĂ©lĂ©brĂ©e comme une gloire de lâAllemagne », elle sera ensuite abhorrĂ©e comme trouble-fĂȘte au temps de lâintroduction de la RĂ©forme Ă Nuremberg, une des premiĂšres citĂ©s-Ătats Ă lâadopter. Moniale atypique, elle inaugure dans des temps difficiles une nouvelle maniĂšre de penser les rapports entre foi et pouvoir, entre libertĂ© de conscience et responsabilitĂ© collective, une maniĂšre digne de la dĂ©marche dâun Luther. Dans son Ă©crit majeur appelĂ© DenkwĂŒrdigkeiten Notes mĂ©morables », une sorte de journal de rĂ©sistance 1524-1528, elle rend compte de la lutte et des tourments de sa communautĂ© pour sa survie ainsi que pour la libertĂ© de conscience et de foi. A. Pirckheimer 1467-1532 was a nun of the Order of S. Claire, a woman of character, a scholar and a humanist. She was also the abbess of her community for the last 29 years of her life. First celebrated as a glory of Germany », she was later rejected as a trouble-maker, when the Reformation came to Nuremberg, one of the first state-cities to adopt the new creed. She was a non-typical nun who, in her own way, started revisiting the connexion between faith and power, freedom of conscience and collective responsibility, actually in a way that was worthy of Lutherâs. In her main writing DenkwĂŒrdigkeiten Memorable Notes » a sort of diary of her resistance 1524-1528, she gives an account of her fighting and of the agonies of her community for its survival as well as for the freedom of conscience and of of page Full text 1 Caritas Pirckheimer, Notes mĂ©morables [NM], p. 104. Les Notes mĂ©morables sont une sorte de journal ... Il y eut lĂ moins de misĂ©ricorde quâil nây en a en enfer1 ». 1Nous nous proposons de faire dĂ©couvrir un Ă©pisode de la lutte de Caritas Pirckheimer, une abbesse clarisse, pour la survie de sa communautĂ©, en lâillustrant par un extrait de ses Notes mĂ©morables de 1524-1528. Les dĂ©buts de la RĂ©forme Ă Nuremberg 2Ă Nuremberg, entre la fin du Moyen-Ăge et le dĂ©but des Temps modernes, malgrĂ© toutes les rĂ©serves que peut inspirer lâoligarchie des familles patriciennes qui ont le monopole du gouvernement de la ville, il faut reconnaĂźtre que câest leur politique qui a procurĂ© Ă Nuremberg sa place Ă©minente dans lâEmpire. Au-delĂ de la politique municipale, ces familles interviennent, comme celles dâautres villes dâEmpire, dans la politique allemande et mĂȘme europĂ©enne. Leurs interventions ont un poids certain, en rapport avec leur soutien financier Ă la politique de lâempereur et du pape. Il est avĂ©rĂ© quâĂ la fin du Moyen-Ăge la vie ecclĂ©siale et religieuse sâest inextricablement mĂ©langĂ©e avec la politique. Câest particuliĂšrement vrai pour Nuremberg et constituera un facteur essentiel dans lâintroduction de la RĂ©forme en cette ville-Ătat. 3Tous, petits et grands, manants et puissants, se trouvent dans les dispositions requises pour mener leur vie quotidienne dans le cadre de lâĂglise en acceptant son ordre et sa gĂ©rance de la grĂące. Dans cette conception globalisante, les Ă©diles cherchent Ă Ă©tendre continuellement leur droit dâintervention dans les domaines spirituels. Sans nier que, dans cette recherche, sâexprime un rĂ©el souci de responsabilitĂ© chrĂ©tienne, ce dernier est fortement mĂȘlĂ© Ă un dĂ©sir de pouvoir rĂ©gir et dominer la vie spirituelle des citoyens de façon aussi totale que la vie civile. Les relations des Ă©diles avec Rome leur sont dâune grande utilitĂ© dans ce dessein. Vu leurs moyens de persuasion et lâhabiletĂ© de leurs diplomates, il est extrĂȘmement rare que la Curie nâaccĂšde pas Ă leurs demandes. Ainsi, le Conseil de Nuremberg arrive Ă obtenir des privilĂšges, permissions dâexceptions, exemptions et faveurs dans les domaines les plus divers de la vie de lâĂglise, comme dans aucune autre ville dâEmpire. Dans les temps prĂ©cĂ©dant la RĂ©forme, le Conseil de Ville veille Ă tout et surveille tout de la vie tant la liturgie que lâexercice des fonctions pastorales, la gĂ©rance des biens des paroisses et des couvents, la vie personnelle des clercs et la vie interne des communautĂ©s. En tout cela, il se meut dans un scrupuleux respect du droit et, quand il veut outrepasser ses compĂ©tences, il a toujours soin de se procurer des privilĂšges Ă Rome. Cette omniprĂ©sence du Conseil fait spontanĂ©ment penser Ă une sorte de big brother system ». Si le terme est anachronique, la rĂ©alitĂ© ne lâest pas. Aussi, il nâest pas Ă©tonnant que lâintroduction de la RĂ©forme ne se soit faite que par permission et volontĂ© du Conseil. 2 Reinhold Schaffer, citĂ© dans Johannes Kist, Charitas Pirckheimer ein Frauenleben im Zeitalter des ... 4R. Schaffer affirme Il nâĂ©tait pas trop exagĂ©rĂ©, Ă lâĂ©poque, de dire que, dans cette mĂ©tropole franconienne, les femmes, les valets et les artisans connaissaient mieux la Bible quâailleurs dans les grandes Ă©coles !2 ». MalgrĂ© cette dĂ©claration, les premiers pas du mouvement rĂ©formateur Ă Nuremberg ne sont pas le fait dâun Ă©lan populaire, mais dâune Ă©lite. Ce fut celle des humanistes et, parmi eux, particuliĂšrement de la Staupitziana du couvent des Augustins, un club » spirituel frĂ©quentĂ© par beaucoup de hauts magistrats de la ville, oĂč on lisait avec zĂšle les Ă©crits venant du moine de Wittenberg. Câest un des membres de ce cercle, Caspar NĂŒtzel, le procurateur de Sainte-Claire, qui traduira le premier les 95 thĂšses que Luther avait affichĂ©es le 31 octobre 1517, et permettra ainsi leur rapide diffusion Ă travers toute lâAllemagne. Quand Luther passe lâannĂ©e suivante Ă Nuremberg, lâenthousiasme est Ă son comble. Lâinfluence du cercle va grandissant et rĂ©ussit Ă convaincre progressivement la majoritĂ© des membres du Conseil de Ville. En 1520, Christophe Scheuerl Ă©crit Le patriciat, la foule des autres bourgeois et tous les savants sont du cĂŽtĂ© de Luther ». 3 Thomas A. Brady Ă©d., Die deutsche Reformation zwischen SpĂ€tmittelalter und FrĂŒher Neuzeit, MĂŒnche ... 4 Johannes Kist, Das Klarissenkloster in NĂŒrnberg bis zum Beginn des 16. Jahrhunderts, NĂŒrnberg, 1929 ... 5Dans lâardent dĂ©bat menĂ© de nos jours par les chercheurs pour dĂ©terminer si la RĂ©forme Ă©tait continuitĂ© ou discontinuitĂ©, notre Ă©tude de la problĂ©matique des DenkwĂŒrdigkeiten apporte plutĂŽt un Ă©lĂ©ment en faveur de la thĂšse de la continuitĂ©3. Celle-ci se vĂ©rifie dans lâattitude du pouvoir politique Ă Nuremberg. MĂȘme sâil partage plusieurs perspectives, le Conseil de Ville a vu dans lâĂ©vĂ©nement de la RĂ©forme un moyen de continuer lâacquisition de la Kirchenhoheit » mainmise sur lâĂglise de la ville dâEmpire quâil poursuivait depuis plus dâun siĂšcle dĂ©jĂ avec lâaide de la curie romaine. Des annĂ©es aprĂšs lâintroduction de la RĂ©forme, le cadre imposĂ© par le VĂ©nĂ©rable Conseil aux prĂ©dicateurs rĂ©formĂ©s ne sera que la consĂ©quence logique du congĂ© donnĂ© au pape » au dĂ©but de la RĂ©forme, qui Ă©tait dĂ©jĂ lâaboutissement du long et patient dĂ©tachement de la juridiction Ă©piscopale poursuivi auparavant. Ainsi, lâingĂ©rence du Conseil dans le for non seulement externe mais encore interne des monastĂšres sâinscrit dans la suite de sa politique religieuse. Lâironie de lâhistoire, engendrĂ©e par cette continuitĂ©, sâexprime notamment par le fait que la condamnation Ă lâextinction du monastĂšre des Clarisses, motivĂ©e par la rĂ©formation, sera prononcĂ©e en vertu dâun privilĂšge donnĂ© au Conseil de Ville en 1476 par le pape Sixte IV4. Les Notes mĂ©morables rĂ©vĂšlent mĂȘme un chassĂ©-croisĂ© de continuitĂ© et discontinuitĂ©. Le Conseil, conservateur et rĂ©formĂ© Ă la fois, continue comme auparavant, avec le soutien non plus de la Curie mais des rĂ©formateurs, et Caritas, abbesse dâ ancienne foi », dĂ©fend sa position avec des arguments des Temps modernes employĂ©s par les rĂ©formateurs. Les Notes mĂ©morables dĂ©montrent de maniĂšre vivante que la RĂ©forme unit rupture et continuation. Au niveau de lâĂ©volution globale historique, politique ou mĂȘme spirituelle, le processus est entamĂ© depuis longtemps et trouve dans la RĂ©forme une continuitĂ© inattendue, mais il y a une cassure dans la maniĂšre de la recevoir et de la vivre dans les formes concrĂštes. 5 NM, p. 84 ; Pfanner 2, p. 66. 6 En juin 1522, Ă la demande des monastĂšres de Nuremberg, Caritas avait Ă©crit une lettre de fĂ©licitat ... 6Cette cassure sâexprime notamment dans la nouvelle maniĂšre de considĂ©rer les moines et les religieuses dans les villes. Ă Nuremberg, au cours des siĂšcles prĂ©cĂ©dents, les monastĂšres, notamment celui de Sainte-Claire, donnĂšrent des motifs de gloire et dâorgueil Ă la citĂ©, mais dans le temps des DenkwĂŒrdigkeiten les choses ont bien changĂ©. Comment, en si peu dâannĂ©es, les patriciens et la population ont-ils pu changer dâavis aussi radicalement, cela reste une Ă©nigme. Encore en 1519, des patriciens Ă©minents, dĂ©jĂ favorables Ă la RĂ©forme, comme Ebner et NĂŒtzel, les deux premiers magistrats de la ville, acceptent que leurs filles revĂȘtent lâhabit religieux de Sainte-Claire. Mais, en 1525, leurs mĂšres viennent les enlever de force du couvent. Comment expliquer quâen lâespace de quelques annĂ©es Caritas, figure illustre de la ville, connue dans tout lâEmpire, finisse par ĂȘtre vilipendĂ©e et considĂ©rĂ©e comme une orgueilleuse rĂ©calcitrante ?5 Son imprudence dans lâaffaire du pamphlet de la lettre Ă Emser en 1522 nâexplique pas tout6. La parole des prĂ©dicateurs a fait son Ćuvre et a retournĂ© les cĆurs et la situation. Si, autrefois, on nâhĂ©sitait pas Ă couvrir Caritas et sa communautĂ© des louanges les plus dithyrambiques, en 1524 dĂ©jĂ , plus encore en 1525, on nâa pas plus peur de faire dans la surenchĂšre ignominieuse 7 NM, p. 1 ; Pfanner 2, p. 1. Il nous arrive beaucoup dâadversitĂ©s et dâattaques, car beaucoup de gens, aussi bien des milieux aisĂ©s que des milieux simples, viennent tous les jours vers leurs parentes entrĂ©es chez nous et leur prĂȘchent en leur parlant des doctrines nouvelles. Ils discutent sans cesse pour dĂ©montrer combien lâĂ©tat religieux serait condamnable et abominable et comment il ne serait pas possible dây trouver son salut et que nous serions toutes du dĂ©mon. Câest pourquoi, beaucoup voulurent sortir de force du couvent, qui son enfant, qui sa sĆur ou sa parente7. 8 NM, p. 25 ; Pfanner 2, p. 20. 7Cette nouvelle comprĂ©hension des choses sâimpose non seulement dans les institutions publiques, mais encore dans les consciences des individus, comme chez la maman dâune des moniales, Madame Tetzel Or, voici que, par lâĂ©coute et la lecture, jâai dĂ©couvert tant de choses que, maintenant, je considĂšre tout Ă fait que lâĂ©tat monastique nâa rien Ă voir avec Dieu. Il nâest rien dâautre quâune invention humaine et une sĂ©paration hypocrite8. » La situation empire encore aprĂšs le dĂ©but des prĂ©dications. 9 NM, p. 84 ; voir aussi p. 21 et 88 ; Pfanner 2, p. 66-67, 17 et 69. Oh, en quelles grandes angoisses et dĂ©tresses nous nous trouvions jours et nuits. On nous menaçait disant que nous devions faire de mĂȘme nous aussi [abandonner la vie religieuse et embrasser la nouvelle foi »]. Alors, prenant les devants, nous nous Ă©tions mises dâaccord de nâabandonner en aucun cas le couvent, car puisque nous ne lâavions pas construit, il ne nous appartenait pas. Tous les jours, on nous menaçait de nous chasser ou dâentrer par effraction dans le couvent et de le brĂ»ler. Parfois de mĂ©chants et hardis garnements tournaient autour du couvent et menaçaient nos serviteurs dâentrer de nuit dans le couvent, de sorte que nous Ă©tions en grande angoisse et dĂ©tresse et la peur nous empĂȘchait de dormir. Par ailleurs, il y avait tant de troubles en ville que nous craignions quotidiennement des attroupements [âŠ] Nous Ă©tions tellement haĂŻes et si peu considĂ©rĂ©es ! Aussi bien les milieux aisĂ©s que les petites gens nous Ă©taient si hostiles que nos serviteurs ne pouvaient sortir sans se faire repĂ©rer quand ils allaient acheter notre subsistance. On nous considĂ©ra plus vilement que les pauvres femmes [les prostituĂ©es] derriĂšre les remparts de la ville, car on prĂȘchait publiquement que nous Ă©tions pires quâelles. Nos bons amis ne pouvaient venir chez nous autrement quâen cachette et avec grande crainte. Les autres qui venaient chez nous nous torturaient jusquâĂ la moelle, car les prĂ©dicateurs exhortaient de plus en plus, du haut de toutes les chaires, Ă ne plus tolĂ©rer ici aucun couvent, ni aucun froc religieuxâŠ9 8Ce climat de haine et dâhostilitĂ© latentes ou ouvertes rend la vie des religieuses de plus en plus difficile. Les actes se joignant aux paroles, on peut deviner la pression psychologique de lâĂ©tau qui se resserre sur les pauvres moniales. Dans cette ville si rĂ©putĂ©e pour sa piĂ©tĂ© et sa ferveur religieuses, il nây a plus la moindre comprĂ©hension ni tolĂ©rance pour la vie monacale. Toutes les dimensions de ce genre de vie sont mĂ©connues, raillĂ©es ou rejetĂ©es. Les vĆux de religion sont considĂ©rĂ©s comme contraires Ă lâĂcriture et la vie cloĂźtrĂ©e contraire Ă la volontĂ© de Dieu. Les prĂ©dicateurs que lâon voit passer, qui ne se privent pas de dĂ©molir en chaire la vie monastique, ne sont que les interprĂštes de la nouvelle thĂ©ologie en vigueur. 10 Martin Luther, t. 8, p. 313-335 ; Luther Deutsch, Die Werke Luthers in Auswahl, vol. 2, Ă©d. K ... 11 Sur les 139 thĂšses des Themata, il y en a au moins quinze 29, 31-34, 35, 37, 46-47, 71-72, 81-82, ... 12 Themata, p. 318. 9DĂ©jĂ en septembre 1521, Luther en avait fourni lui-mĂȘme tous les arguments dans ses thĂšses sur la vie religieuse, Themata de votis Judicium M. Lutheri de votis, scriptum ad episcopos et diaconos Wittembergensis ecclesiae ; suivies en novembre de lâopuscule De votis monasticis10. Toutes les critiques entendues chez les prĂ©dicateurs, y compris lâaffirmation injurieuse que les couvents sont pires que des bordels, se retrouvent dans les sentences des Themata11. Cet Ă©crit, amplifiĂ© par le De votis monasticis et distillĂ© opportunĂ©ment et inopportunĂ©ment par les prĂ©dicateurs, a eu un impact profond dans la population. Nuremberg le dĂ©montre Ă lâenvi. Il est vrai que les combats dâidĂ©es et de paroles des premiers temps de la RĂ©forme sont extrĂȘmement durs et blessants. Dans ses Themata, Luther conçoit lui-mĂȘme la possibilitĂ© dâune vie religieuse lĂ©gitime, si le religieux ou la religieuse la vit selon la foi et selon la libertĂ© de lâesprit et de la conscience 75-77 et non dans la pensĂ©e de faire une bonne Ćuvre ou dây faire son salut12. Il reste que, pour lui, la vie religieuse est comparable aux servitudes de la loi dont le Christ nous a libĂ©rĂ©s. Il dit 13 Ibid., p. 319. Bien que dĂ©sirer les vĆux puisse ne pas ĂȘtre nocif sâil y a la foi droite, il demeure que ce genre de vie, tout comme la vie sous la Loi, est en dĂ©saccord avec lâĂ©vangile et le christianisme. La mort et tous les maux de ce monde peuvent aussi ĂȘtre inoffensifs sâil y a la foi droite. Pourtant, ils querellent naturellement contre la piĂ©tĂ© et lâĂglise. Donc, ce que lâĂglise pense de la mort et des maux de ce monde, on doit le penser aussi de la vie religieuse et des vĆux. Car ni dans ces rĂ©alitĂ©s-lĂ ni dans celles-ci, il nây a de justice, mais on peut les utiliser comme exercice pour la libertĂ© et la justice 93-9813. 14 Ibid., p. 314. 15 NM, p. 12 ; Pfanner 2, p. 10. 16 Un des prĂ©dicateurs les plus influents de Nuremberg, ami et ancien supĂ©rieur de Luther dans lâOrdre ... 17 NM, p. 163 ; Pfanner 2, p. 126. 18 NM, p. 162 ; Pfanner 2, p. 125. 19 Lettre de Scheurl, citĂ©e par Gerta Krabbel, Caritas Pirckheimer, Ein Lebensbild aus der Zeit der Re ... 10Lâhistoire de la RĂ©forme, Nuremberg en est une illustration, nous montre que les gens nâont retenu que le cĂŽtĂ© dĂ©molisseur de ces Ă©crits. La nuance, ou plutĂŽt le discernement des esprits, leur a complĂštement Ă©chappĂ©. Il est vrai que Luther lui-mĂȘme affirme que, dans ces temps impies, il est Ă craindre que sur mille il sâen trouve Ă peine un qui prononce des vĆux avec une foi droite14 ». Mais, au moins pour une Nurembergeoise, le discernement ne faisant pas dĂ©faut, ces nuances et diffĂ©renciations ne sont pas tombĂ©es dans une oreille sourde. En effet, il est intĂ©ressant de voir comment Caritas dĂ©fend la vie religieuse et les vĆux avec des arguments qui ont quelque parentĂ© avec ceux du docteur de Wittenberg. De lĂ Ă penser quâelle ait eu en main lâopuscule du rĂ©formateur, il y a un pas peut-ĂȘtre trop rapide, puisquâelle affirme dans les DenkwĂŒrdigkeiten que les sĆurs excluaient de leur Ă©tude tout Ă©crit polĂ©mique15. Pourtant, dans son Ă©change avec Wenzel Link16, elle montre quâelle est bien informĂ©e sur les controverses entre les rĂ©formateurs, Luther, Karlstadt, Zwingli, Bucer, Capito, Ćcolampade et dâautres17. Elle lâest Ă©galement des affirmations des uns et des autres18. Bref, il paraĂźt difficile dâadmettre que, parmi tout ce qui parvenait quotidiennement aux sĆurs, comme lâabbesse le dit, il nây ait pas eu un opuscule qui devait les intĂ©resser au premier chef. Avec leur bonne maĂźtrise du latin, il est tout aussi difficile dâadmettre que lâabbesse ne lâait pas lu, dâautant plus quâen 1521, date de la parution de lâopuscule, on nâest pas encore parvenu au stade de la mĂ©fiance. Deux ans auparavant, lors de la prise dâhabit des deux jeunes patriciennes, on savait encore dire beaucoup de bien du docteur de Wittenberg Ă la table festive19. Il est vrai pourtant que Caritas avait dĂ©jĂ quelque antipathie pour Luther, comme lâindique la premiĂšre mention quâelle fait de celui-ci dans ses Ă©crits. Ă NoĂ«l 1521, elle envoie ses vĆux de nouvel an Ă sa niĂšce, Felicitas Imhof, qui vit Ă Augsbourg, et la met en garde contre la doctrine des luthĂ©riens qui a beaucoup dâimpact lĂ -bas. Mais, il nâest pas impossible que ce soit justement aprĂšs avoir eu vent des Themata que son opinion sur le rĂ©formateur ait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e. 20 luther, dans Luther Deutsch, vol. 10, p. 111 ; WA Br n° 446 2, 415. 11Ces Themata nĂ©gatifs de Luther transpirent aussi Ă travers un Ă©change Ă©pistolaire thĂ©ologique avec Wenzel Link. Luther avait Ă©crit, dans une lettre de dĂ©cembre 1521 Ă Link, encore vicaire gĂ©nĂ©ral des Augustins, que personne ne soit forcĂ© de sortir [de lâOrdre], ni de rester », ajoutant Quant Ă toi, tu devrais rester encore quelque temps comme JĂ©rĂ©mie au service de Babylone Jr 40,6, car moi aussi je resterai dans cet habit et dans ce genre de vie, si le monde ne change pas20 ». Mais en 1525, beaucoup de choses ont changĂ©. Luther et Link ont choisi, ils sont sortis de lâOrdre et se sont mariĂ©s. Link et Osiander, le prĂ©dicateur et rĂ©formateur en chef de Nuremberg, ainsi que les autres prĂ©dicateurs ne comprennent pas des moniales qui choisissent de faire autrement sous la conduite de la Pirckheimerin ». Aussi vont-ils faire pression sur le Conseil de Ville pour quâil intervienne et extirpe ce foyer de rĂ©sistance. Qui est donc Caritas Pirckheimer ? 12Caritas Pirckheimer, de son nom de baptĂȘme Barbara, naĂźt le 21 mars 1467 Ă EichstĂ€tt. Son pĂšre, Johannes, docteur de lâun et lâautre droit, au service du prince-Ă©vĂȘque, Ă©tait le descendant dâune famille patricienne de Nuremberg, connue pour sa tradition humaniste. Elle est lâaĂźnĂ©e dâune fratrie de douze enfants, dont le plus illustre sera son frĂšre Willibald, humaniste cĂ©lĂšbre dâAllemagne. Six de ses sĆurs embrasseront Ă leur tour lâĂ©tat religieux. DĂšs huit ans, elle est confiĂ©e Ă ses grands-parents Ă Nuremberg et Ă©duquĂ©e par sa grande-tante, Ă©rudite dĂ©jĂ fameuse, Catherine. Ă douze ans, elle est prĂȘte pour entrer comme Ă©lĂšve conventuelle au prestigieux monastĂšre de Sainte-Claire Ă Nuremberg. En sa seiziĂšme annĂ©e 1483, Barbara y prend le voile et reçoit le nom de Caritas. Pendant vingt ans, elle sera une moniale exemplaire, remplissant entre autres les fonctions de maĂźtresse des Ă©lĂšves conventuelles et des novices. Son Ă©rudition et son frĂšre Willibald lui ouvrent des contacts Ă©pistolaires avec les humanistes de son Ă©poque, comme Conrad Celtis et Sixtus Tucher, qui en tant que curĂ© du lieu devient son ami et directeur spirituel. 21 Otto Bonmann, Eine unbekannte Weihnachtsansprache der Ăbtissin von St. Klara-NĂŒrnberg anlĂ€sslich ... 22 Ich hab ein getreue, freuntliche, liebe, wirdige mutter an yr wyrden, mer denn ich sagen oder sch ... 13En 1503, le 20 dĂ©cembre, Caritas est Ă©lue Ă lâunanimitĂ© abbesse de sa communautĂ©. Sous sa conduite, la rĂ©putation de ferveur spirituelle du couvent allait encore sâaccentuer. Un exemple de la qualitĂ© de la vie spirituelle maintenue par Caritas est lâexhortation quâelle adresse Ă ses sĆurs, Ă NoĂ«l 1515. Le provincial, Kaspar Schatzgeyer, sâĂ©tait annoncĂ© pour la visite canonique prĂ©vue aprĂšs les fĂȘtes. CâĂ©tait lâoccasion pour lâabbesse de faire avec ses sĆurs un examen de conscience approfondi et de se placer devant le Christ, le Messie attendu comme le vrai visiteur, et lui rendre compte de la vie de la communautĂ©21. Cette conscience dâĂȘtre redevable au Christ lui donnera la force de rĂ©pondre pendant toutes les visitations » faites par les Ă©missaires du Conseil de Ville durant la tourmente. Le bien spirituel de ses filles lui tenait certes Ă cĆur, mais pas seulement. Elle donne un beau tĂ©moignage de sa sollicitude maternelle lors de la peste Ă Nuremberg en 1505. Une moniale en est atteinte. Caritas considĂšre de son devoir de sâen occuper personnellement, malgrĂ© les conseils contraires de ses supĂ©rieurs franciscains et de son ami Sixtus. De fait, Caritas est atteinte elle-mĂȘme. Mais aussi bien lâabbesse que la sĆur en rĂ©chappent. Le couvent nâa Ă dĂ©plorer aucun dĂ©cĂšs, tandis que la paroisse de Saint-Laurent compte 1 758 victimes et la paroisse voisine de Saint-Sebald 2 686. La paix rĂ©gnant durant ces annĂ©es ainsi que lâunitĂ© dans laquelle la communautĂ© affrontera plus tard la tourmente tĂ©moignent de la conduite heureuse de Caritas. La communautĂ© entiĂšre souscrit Ă ce que sĆur Felicitas Grundherr Ă©crit en 1511 Ă son pĂšre jâai en elle une fidĂšle, amicale, aimable et digne mĂšre, plus que je ne puis le dire ou Ă©crire. Je ne voudrais pas en changer de toute ma vie22 ». 14Câest pendant le grand bouleversement de la RĂ©forme que Caritas donne toute la mesure de sa stature. Celle-ci se perçoit Ă travers son Ă©crit majeur, les Notes mĂ©morables, lorsquâelle rĂ©siste Ă lâautoritĂ© civile et religieuse de Nuremberg au nom de la libertĂ© de conscience. On illustrera le propos Ă partir du chapitre 30 de ce document, qui traite de lâingĂ©rence du Conseil dans le for interne de la communautĂ© des moniales, sa rĂšgle de vie. Un rĂšglement qui sâoppose Ă la RĂšgle 15RĂ©cit de la visite de trois Ă©missaires du conseil Sigmund FĂŒrer, Sebald Pfinzing, Endres Imhof qui ont fait connaĂźtre Ă la communautĂ© cinq points dĂ©libĂ©rĂ©s par le Conseil 161 lâabbesse devra dĂ©lier les sĆurs de leurs vĆux ; 172 chaque sĆur doit ĂȘtre libre de sortir du couvent, et ses parents devront avoir le droit de lâenlever du couvent et le Conseil pourvoira Ă sa subsistance ; 183 les sĆurs doivent porter des vĂȘtements sĂ©culiers ; 194 il faut percer de grandes » fenĂȘtres de parloir pour permettre aux parents de voir les sĆurs lors des visites et pour voir si elles sont seules pour lâentretien ; 205 les sĆurs doivent faire un inventaire de tout leur bien. 23 RĂ©sumĂ© en exergue du chapitre dans lâĂ©dition critique de Pfanner. 21Tout ceci doit se faire dans les quatre semaines23. La fĂȘte de la dĂ©dicace de notre Ă©glise Ă©tait passablement triste car, de semaine en semaine, nous nous attendions Ă tout instant Ă la visite des seigneurs pour nous tourmenter de quelque Ă©trange maniĂšre. Par la suite, le mercredi matin de la semaine de PentecĂŽte, Ă lâheure de Prime, vinrent chez nous messire Sigmund FĂŒrer, ainsi que Sebald Pfinzing et Endres Imhof, et ils demandĂšrent Ă pĂ©nĂ©trer dans le couvent. Ils avaient Ă faire une communication du Conseil Ă la CommunautĂ©. Ils Ă©taient si pressĂ©s quâils ne pouvaient Ă peine attendre la fin de Prime. Je les laissai donc entrer dans le rĂ©fectoire dâĂ©tĂ© et rassemblai la CommunautĂ©. Messire FĂŒrer commença Ă parler ainsi maintenant la claire parole de Dieu et de lâĂvangile avait rĂ©vĂ©lĂ© au grand jour que lâĂ©tat de clĂŽture monastique Ă©tait un Ă©tat abominable, erronĂ©, pĂ©cheur et damnĂ©, bref une secte Ă part, car on y vivait contre les commandements de Dieu et le saint Ăvangile. Ces choses et dâautres Ă©tant devenues claires et Ă©videntes pour lâhomme du commun, la citĂ© Ă©tait remontĂ©e contre les religieux, de sorte quâelle ne voulait tout simplement plus supporter ni tolĂ©rer aucun couvent ni Ă©tat religieux, non seulement ici mais dans toutes les rĂ©gions alentour. Cela mĂȘme Ă©tait bien la raison de tous les bains de sang perpĂ©trĂ©s par les paysans qui se regroupaient pour anĂ©antir et extirper partout lâĂ©tat religieux. Pour cette raison, le VĂ©nĂ©rable Conseil, en tant que notre pĂšre fidĂšle, se faisait grand souci pour nous â et pour lui-mĂȘme Ă cause de nous â que nous ne soyons pas, par nos habits religieux et nos mĆurs particuliĂšres, cause de troubles de lâordre public dans la commune. Ces troubles pourraient sâĂ©tendre au-delĂ de notre cas particulier et les membres du Conseil seraient affligĂ©s de dĂ©masquer chez nous dâautres formes dâorgueil. Câest pourquoi le VĂ©nĂ©rable Conseil, par paternelle bienveillance, avait examinĂ© la situation et leur avait ordonnĂ© de nous proposer cinq articles. Dans la mesure oĂč nous les accepterions et les mettrions Ă exĂ©cution, ils [les seigneurs du Conseil] pourraient dâautant mieux nous protĂ©ger et nous dĂ©fendre de la population, mais dans le cas contraire â ce Ă quoi ils ne sâattendaient tout de mĂȘme pas de notre part â ils ne pourraient alors rĂ©pondre ni de nous, ni de notre couvent. Au premier article, le VĂ©nĂ©rable Conseil voulait obtenir de moi, en tant que supĂ©rieure, que je dĂ©lie maintenant toutes les sĆurs de tous les vĆux quâelles avaient faits, que je leur laisse lâusage de la libertĂ© chrĂ©tienne et quâelles ne soient plus redevables de rien, ni contraintes Ă quoi que ce soit, mais quâelles puissent agir librement de leur plein grĂ©, mettre un terme Ă leurs vĆux et quitter le couvent si elles le voulaient. Au deuxiĂšme article, je ne devais retenir aucune sĆur au couvent contre son grĂ© et encore moins refuser les enfants Ă leurs parents qui souhaitaient les en retirer, mĂȘme contre la volontĂ© des enfants. Car câĂ©tait contre le commandement de Dieu, puisque les enfants doivent obĂ©issance Ă leurs parents. En tout cas, le Conseil devait ĂȘtre prĂ©alablement averti si lâune ou lâautre voulait sortir ou si les parents voulaient en sortir une de force. Le Conseil voulait donner Ă toutes celles qui sortiraient une part des biens du couvent, du moins ce quâelles avaient apportĂ© en dot. Ă celles qui nâavaient rien apportĂ© en entrant, on voulait nĂ©anmoins leur donner aussi quelque rente de subsistance. Enfin, Ă celles qui voudraient se marier et prendre mari, on voulait encore les pourvoir dâun honorable trousseau de mariage. Tout cela devait se faire selon les possibilitĂ©s des revenus du couvent, avec une telle discrĂ©tion quâil en resterait assez pour les sĆurs ĂągĂ©es qui demeureraient dans le monastĂšre afin quâelles ne souffrent pas dâindigence. Au troisiĂšme article, lâavis dĂ©finitif du Conseil de la Ville Ă©tait que nous devions dĂ©poser lâhabit monastique et nous vĂȘtir comme les autres gens. Puisquâil nây avait pas de diffĂ©rence entre les laĂŻcs et les ecclĂ©siastiques, il ne devait pas non plus y en avoir dans les vĂȘtements. Le rĂšgne des cieux nâĂ©tait quand mĂȘme pas une affaire de vĂȘtement. Au quatriĂšme article, le VĂ©nĂ©rable Conseil avait dĂ©cidĂ© que nos fenĂȘtres de parloir ne devaient pas ĂȘtre simplement des fenĂȘtres pour parler mais aussi pour voir. On devait les modifier en consĂ©quence avec des grilles. Si quelquâun voulait sâentretenir avec une sĆur, les parents devaient pouvoir se rendre compte que câĂ©tait bien la sĆur en question et quâelle Ă©tait bien seule, nâayant personne Ă ses cĂŽtĂ©s. Et si quelquâun voulait parler seul avec une sĆur, cela devait se faire et la sĆur surveillante devait ĂȘtre invitĂ©e Ă se retirer pour que la sĆur puisse parler librement comme elle en avait envie. VoilĂ ce quâĂ©tait lâexigence du Conseil. Au cinquiĂšme article, le VĂ©nĂ©rable Conseil, ayant fait inventorier tous les biens des couvents et dresser des listes descriptives, voulait nĂ©anmoins nous accorder la grĂące de faire nous-mĂȘmes lâinventaire de nos biens et de le remettre au VĂ©nĂ©rable Conseil en indiquant tous nos revenus, toutes les redevances, rentes et avoirs en or, toutes nos fermes, oĂč elles Ă©taient situĂ©es, ce quâelles rapportaient, et aussi tous les objets prĂ©cieux et ce que chacune avait apportĂ© en dot. Le VĂ©nĂ©rable Conseil voulait que toutes ces choses soient accomplies et, pour cela, il nous accordait un dĂ©lai de quatre semaines. Ces articles, et encore beaucoup dâautres points, avaient Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s non seulement pour notre couvent, mais ils avaient aussi ordre dâimposer ces cinq articles, et plusieurs autres, aux sĆurs de Sainte-Catherine, ainsi quâĂ celles de Pillenreuth et dâEngelthal qui, Ă ce moment-lĂ , se trouvaient encore dans la ville [oĂč elles sâĂ©taient rĂ©fugiĂ©es]. Commentaire et prise de position de Caritas 22On imagine lâeffet que cette annonce a dĂ» faire sur la communautĂ© extĂ©nuĂ©e par lâisolement et la privation des sacrements, les nombreuses prĂ©dications publiques qui la couvrent dâopprobre, les persĂ©cutions verbales, privĂ©es et publiques, les menaces et les vexations de tous ordres, des angoisses qui durent depuis des mois dĂ©jĂ . Dans ce climat de fragilitĂ© extrĂȘme, la voix de lâabbesse sonne avec une force tranquille, qui impressionne. Qui devinerait derriĂšre cette femme forte le portrait que dresse sa niĂšce Catherine, Ă©galement moniale Ă Sainte-Claire, Ă©crivant Ă son pĂšre Willibald ? 24 Katharina Pirckheimer Ă son pĂšre Willibald, Stadtbibliothek NĂŒrnberg, Nr. 550/31, citĂ© dans Krabbel... La digne mĂšre [âŠ] est souvent affligĂ©e si profondĂ©ment quâelle me fait pitiĂ© jusquâau trĂ©fonds de lâĂąme. Ce ne serait pas Ă©tonnant quâelle tombe malade de chagrin. Mais, quand la petite Straub, tellement gaie [une autre niĂšce mariĂ©e Ă un nommĂ© Straub] vient nous voir, cela la console tellement quâelle en est transformĂ©e24. 25 Câest nous qui soulignons dans cette sĂ©rie de citations. 23Mais Ă©coutons lâabbesse quand elle fait face aux Ă©missaires chapitre 3125. Je rĂ©pondis au premier article concernant les vĆux toute la CommunautĂ© ici prĂ©sente sait bien quâaucune sĆur nâavait fait vĆu ni Ă moi ni Ă aucune personne humaine vivante ici-bas, mais Ă Dieu Tout-puissant, voilĂ pourquoi il ne me revenait pas, en tant que pauvre ĂȘtre humain et crĂ©ature inutile, de dĂ©lier ce que Dieu avait liĂ©. Donc, je ne voulais, ni ne pouvais, en aucun cas, y consentir, car ce nâĂ©tait pas en mon pouvoir. [RĂ©plique des Ă©missaires] Les vĆux Ă©taient maintenant tous dĂ©passĂ©s, car on nâavait aucun pouvoir de faire des vĆux en dehors du baptĂȘme. Il suffisait que je dĂ©lie les SĆurs de ce quâelles me devaient, car en ce qui regardait Dieu, il nây avait rien de toute façon. Ă ceci, je rĂ©pondis pour ce quâelles devaient Ă ma personne, je voulais volontiers les dĂ©lier puisquâaucune ne mâavait fait vĆu Ă moi de quoi que ce soit, Ă la condition que la CommunautĂ© aussi me relevĂąt de ma charge, car je me trouverais dans lâincapacitĂ© de conduire la CommunautĂ© si lâon ne voulait plus mâobĂ©ir. Cela faisait maintenant 22 annĂ©es que je cheminais avec mes chĂšres enfants qui, jusquâici, mâavaient toujours Ă©tĂ© volontairement et humblement obĂ©issantes et câest ainsi que sâĂ©taient maintenus lâamour fraternel, la paix et lâunitĂ©. Ils dirent quâen ce qui concerne la tenue de la maison, il Ă©tait juste quâelles [les sĆurs] me suivent et mâobĂ©issent. Mais le VĂ©nĂ©rable Conseil ne voulait pas permettre que je les oblige Ă jeĂ»ner, Ă prier ou Ă garder leurs vĆux. Ces choses devaient toutes ĂȘtre libres. Les seigneurs voulaient quâaucune ne soit obligĂ©e Ă observer quoi que ce soit. Item en ce qui concerne lâhabit, je disais Nous savons bien que le salut ne tient pas Ă lâhabit. Mais nous savons bien aussi que le rĂšgne des cieux ne consiste pas non plus en manteaux de poils de chameau. Jâavançai encore beaucoup de raisons quant au coĂ»t qui rendait impossible de vĂȘtir de neuf une si grande communautĂ©. Ils rĂ©pondirent que nous nâavions quâĂ les dĂ©coudre et les faire teindre autrement. De plus, il nây avait pas grand dommage Ă engager cette annĂ©e une somme de 400 florins pour les vĂȘtements puisque de toute façon le couvent Ă©tait appelĂ© Ă disparaĂźtre. [âŠ] Donc, on ne devait pas se gĂȘner de dĂ©penser largement en nourriture et boissons et en vĂȘtements. Il resterait toujours assez de biens et dâargent lorsque nous serions toutes mortes. Mais avant toutes choses, ils dĂ©fendirent Ă toutes les sĆurs de sortir en habit religieux dans le jardin ou ailleurs oĂč les gens du monde pourraient les voir, car cela ne manquerait pas de donner occasion Ă des troubles de lâordre public. Je rĂ©pondis cher seigneur, vous dites toujours quâavec nos vĆux et nos habits, nous donnons occasion Ă des troubles. Or, je crois plutĂŽt que ce sont vos prĂ©dicateurs, que nous avons dĂ» Ă©couter, qui en ont causĂ©s quand ils nous vilipendaient en chaire devant toute la ville et nous outrageaient en supputant de nous de si grands pĂ©chĂ©s et impuretĂ©s que les gens nous disent, les yeux dans les yeux, que si nous faisons vraiment les choses que lâon prĂȘche de nous, il vaudrait mieux que lâon nous brĂ»le toutes vives dans notre couvent [âŠ] nous rĂ©clamons que vous signaliez Ă nos seigneurs que, sâils veulent Ă©viter des troubles, ils traitent avec leurs prĂ©dicateurs pour quâils ne prĂȘchent plus de cette façon inadmissible. Sigmund FĂŒrer se moqua de moi Ă ce propos et dit que lâon prĂȘchait ces choses non seulement de notre chaire, mais dans le monde entier on apprenait par lâĂvangile ce quâil en Ă©tait de lâĂ©tat religieux. Item Ă propos de la grande » fenĂȘtre du parloir et des entretiens sans tĂ©moin, jâeus une grande dispute avec eux. Je leur dis entre autres je vois bien que votre intention est de faire ici un couvent ouvert. Sâils voulaient faire de ce couvent bien rĂ©formĂ© une porte battante, ils devaient mâen avertir auparavant, car en vĂ©ritĂ© je ne voudrais pas y rester craignant de ne pouvoir y faire mon salut. Alors ils dirent non, il nâest pas du tout dans lâintention du Conseil dâen faire un couvent ouvert, et le Conseil avait pour cela proposĂ© dâĂ©largir la fenĂȘtre pour quâon Ă©vite ainsi dâouvrir la clĂŽture. Pour prĂ©venir cela, vous devez faire ouvrir le plus diligemment possible trois grandes » fenĂȘtres de sorte que personne nâait besoin dâattendre que la fenĂȘtre soit libĂ©rĂ©e. 24Dans ce dialogue du tac au tac et sans concessions, deux points du rĂšglement ne sont pas abordĂ©s le deuxiĂšme, celui du droit de sortir du couvent ou de celui des parents dâen enlever leurs enfants ; le cinquiĂšme, celui de lâinventaire des biens. Pourquoi Caritas nâen parle-t-elle pas ? Pour lâinventaire, on le comprend, il paraĂźt normal et se pratique depuis longtemps dĂ©jĂ , du moins Ă Sainte-Claire, puisque le procurateur nommĂ© par le Conseil gĂšre leurs biens. Mais, pour lâenlĂšvement, dont le danger est si imminent, pourquoi ce silence ? Peut-ĂȘtre Caritas veut-elle mĂ©nager les trois jeunes moniales dont les parents sont en train de prĂ©parer le rapt. Peut-ĂȘtre en est-elle trop affectĂ©e. Peut-ĂȘtre est-elle plus dĂ©contenancĂ©e quâil nây paraĂźt. Elle rĂ©pondra plus tard au cours de la dispute thĂ©ologique avec Wenzel Link. Par contre, dans les points quâelle aborde, elle se montre aussi ferme quâĂ lâaccoutumĂ©e. 25Sur le premier point, concernant les vĆux monastiques, elle ne diffĂšre pas dâun iota de ce quâelle dira lors de lâenlĂšvement des jeunes sĆurs, dans la controverse avec NĂŒtzel et Link ou dans celle avec MĂ©lanchton. Les Ă©missaires dĂ©montrent quâils sont Ă des distances planĂ©taires de la conception de lâabbesse. Pour eux, la relation Ă Dieu sâexprimant par des vĆux nâexiste tout simplement pas. LâinterpĂ©nĂ©tration et la diffĂ©renciation entre obĂ©issance Ă Dieu et obĂ©issance humaine leur sont de lâhĂ©breu et ils ne comprennent rien Ă la dimension spirituelle de la fonction de responsable de communautĂ©. 26Quant au troisiĂšme point, ayant compris que la signification spirituelle de lâhabit dĂ©passerait aussi lâhorizon de ses interlocuteurs, Caritas se place uniquement sur un plan pratique. La rĂ©ponse des Ă©missaires se meut Ă©galement au ras des pĂąquerettes » et mĂȘme en-dessous. Ces patriciens, jeunes encore, trahissent un manque de tact qui confine Ă la goujaterie. Ils terminent toutefois par une recommandation qui pousse Caritas Ă mettre le doigt sur le vrai problĂšme. Ce ne sont pas les Ă©toffes qui peuvent provoquer des troubles mais les interprĂ©tations des prĂ©dicateurs idĂ©ologues qui font voir rouge au petit peuple et le fanatisent contre ce qui est diffĂ©rent. LĂ encore, Sigmund FĂŒrer est dĂ©passĂ© et, par la remarque quâil se permet, trahit quâune erreur rĂ©pandue partout devient facilement vĂ©ritĂ©. 27Quant au quatriĂšme point, les Ă©missaires sont confirmĂ©s par les amis du monastĂšre, car une ouverture convenable pour lâentretien des visiteurs avec les moniales par de grandes fenĂȘtres » peut Ă©viter lâaccĂšs brutal et forcĂ© de la clĂŽture. Le pacte de solidaritĂ© des opprimĂ©es 26 NM, p. 94-97 chap. 32 ; Pfanner 2, p. 73-76. 28AprĂšs le dĂ©part des Ă©missaires, les moniales se rĂ©unissent au chapitre et Caritas consulte chacune en particulier pour savoir, comme elle le dit, oĂč jâen Ă©tais avec elle et si elle voulait adopter le rĂšglement que les seigneurs leur avaient donnĂ© ». Or, le vote est unanime elles voulaient suivre la rĂšgle quâelles avaient fait vĆu Ă Dieu dâobserver et non pas la rĂšgle que le Conseil avait Ă©mise ». Puis a lieu comme un contrat moral entre les sĆurs et leur abbesse26 de la part des sĆurs, une obĂ©issance librement renouvelĂ©e avec lâengagement de rester fermes dans la vraie foi chrĂ©tienne » et dans lâĂ©tat religieux ; de la part de lâabbesse, une promesse de fidĂ©litĂ© et dâaccompagnement, avec lâengagement de dĂ©fendre les sĆurs corps et Ăąme jusquâĂ la mort. Seule rendrait le contrat caduc lâinfidĂ©litĂ© Ă lâĂ©poux divin, qui se traduirait par le passage au luthĂ©ranisme ou par lâinstauration dâun couvent ouvert. Ce contrat forme un vĂ©ritable pacte on resserrait de nouveau notre union, toutes ensemble et en tout amour fraternel, nous nous jurions fidĂ©litĂ© jusquâĂ la mort. Nous jurĂąmes aussi communautairement devant le Dieu vivant que nous ne voulions rien adopter de notre propre grĂ© de ce qui serait contre Dieu et notre sainte rĂšgle. 27 NM, p. 97 ; Pfanner 2, p. 75. 28 NM, p. 109 ; Pfanner 2, p. 84. 29Finalement, la rĂ©sistance passive des sĆurs aura quelque succĂšs en regard du rĂšglement. La question fondamentale du premier point se trouve rĂ©solue par leur pacte. Le deuxiĂšme point ne dĂ©pend pas dâelles. Sur le troisiĂšme point, relatif au vĂȘtement, les Clarisses nâobtempĂšrent pas, grĂące aux informations de leurs bons amis et Ă lâexemple des sĆurs de Pillenreuth, qui bĂ©nĂ©ficient de la protection de Christophe Kress27. Le temps aidant, plus personne ne songera Ă revenir sur cette prescription. Quant aux grandes ouvertures pour le parloir, une seule est finalement percĂ©e le dernier jour avant lâexpiration du dĂ©lai. Celle-ci suffit largement car les moniales, qui ne tiennent pas outre mesure Ă discuter, lâont aussi signifiĂ© Ă leurs parents, de telle maniĂšre que celui qui Ă©tait venu une fois ne revenait plus de si tĂŽt. Laus Deo !28 » Les sĆurs elles-mĂȘmes font lâinventaire qui sera remis aprĂšs un certain temps. Sabine Pirckheimer, sĆur de Caritas et abbesse bĂ©nĂ©dictine Ă Bergen, Ă©crit Ă leur frĂšre Willibald 29 Sabina Pirckheimer Ă son frĂšre Willibald, Stadtbibliothek NĂŒrnberg, Nr. 542/14, citĂ© dans Krabbel, ... Je mâĂ©tonne quâelles puissent tout supporter de ce quâelles ont Ă souffrir. Moi, je ne pourrais pas. Câest probablement une grĂące de Dieu que les pauvres femmes se battent plus vaillamment que les hommes ; les couvents dâhommes ont Ă©tĂ© plus vite remis ; ils semblent avoir une plus grande crainte des hommes [âŠ] Jâai priĂ© la digne mĂšre de venir chez nous, si elle le veut29. Attendus thĂ©ologiques 30 t. 8, p. 313-335 et 565-669. 30Pour bien comprendre lâĂ©vĂ©nement qui dĂ©bouchera sur le crĂšve-cĆur de lâenlĂšvement de trois jeunes sĆurs chapitres 33-34, il faut se rappeler que depuis 1521 deux Ă©crits de Luther, les Themata de votis et le De votis monasticis ont causĂ© des ravages dans les esprits et inaugurĂ© le grand dĂ©peuplement des monastĂšres30. Dans ces Ă©crits, le docteur de Wittenberg rĂ©fute la distinction dans le Nouveau Testament entre commandements valables pour tous et conseils Ă©vangĂ©liques. Il nâaccepte pas quâon fasse du Nouveau Testament une nouvelle loi et affirme que les prescriptions nĂ©o-testamentaires concernent tous les chrĂ©tiens. Il entend ainsi abolir la distinction entre le chemin de perfection des moines et le chemin commun des laĂŻcs. Les vĆux de baptĂȘme ne peuvent ĂȘtre dĂ©passĂ©s par aucun engagement particulier. De plus, il dĂ©clare les vĆux monastiques contraires Ă la foi », car ils sâaccordent non pas Ă la misĂ©ricorde divine mais Ă la justification par de bonnes Ćuvres. Ils sont Ă©galement contraires Ă la libertĂ© Ă©vangĂ©lique », car tout ce qui nâest pas indispensable au salut doit rester libre. 31Nous trouvons confirmation de lâinfluence de ces Ă©crits dans la dispute thĂ©ologique » entre Caritas et Wenzel Link aux chapitres 44-45 et 48-49 des Notes mĂ©morables, que leur longueur empĂȘche de reproduire. Cette dispute est remarquable Ă plusieurs titres elle est Ă©pistolaire ; fait plus rare encore, sinon exceptionnel, lâun des deux protagonistes est une femme ; derniĂšre particularitĂ©, la dispute Ă©pistolaire passe par un intermĂ©diaire, le procurateur du couvent, qui est en mĂȘme temps rĂ©formĂ© et haut magistrat de la ville. RĂ©sumer lâenjeu de cette controverse permettra simplement de mieux Ă©clairer les tenants et les aboutissants thĂ©ologiques de lâĂ©pisode que nous venons dâexaminer. 32Lâinstruction de Wenzel Link fonde toutes ses allĂ©gations sur les Themata de Luther, souvent repris en toutes lettres. 33La premiĂšre instruction peut alors ĂȘtre ramenĂ©e Ă sept reproches 1 se sĂ©parer du commun des hommes ; 2 par lĂ , sâempĂȘcher de vivre la charitĂ© et 3 chercher le salut dans la vie religieuse ; 4 prĂ©tendre que les vĆux sont faits Ă Dieu et tomber dans lâidolĂątrie ; croire au bien-fondĂ© Ă©vangĂ©lique des traditions monastiques ; soustraire les religieuses Ă lâautoritĂ© lĂ©gitime, celle des parents et de la sociĂ©tĂ© ; 7 vivre hors de la parole et sans foi. Une certaine logique rĂ©unit ces griefs les deux premiers partent du fait dâune vie sĂ©parĂ©e, donc diffĂ©rente, qui la rend doctrinalement suspecte, entraĂźne lâaccusation finale et justifie les parents ou la sociĂ©tĂ© de sĂ©vir Ă lâencontre des religieux. 31 Un vĆu spirituel ou autre est une loi sous tous les rapports qui emprisonne tout naturellement la ... 34Aux sept reproches dĂ©jĂ allĂ©guĂ©s, la deuxiĂšme instruction en ajoute deux qui ont aussi leur corollaire dans les Themata31 lâun porte sur la considĂ©ration de lâĂ©tat religieux comme Ă©tat supĂ©rieur et comme Ă©tat de perfection, lâautre sur les charges particuliĂšres Ă leurs consciences. 35Tout comme les reproches de Wenzel Link, les rĂ©ponses de Caritas peuvent ĂȘtre reliĂ©es aux sentences des Themata. Ses parades prĂ©sentent parfois des tournures qui vont plus loin que les propos de Link et paraissent plutĂŽt rĂ©futer les sentences de Luther, ce qui confirmerait lâhypothĂšse que Caritas a eu en main son opuscule. 32 NM, p. 141 ; Pfanner 2, p. 109. 33 NM, p. 123 ; Pfanner 2, p. 95. 34 Un exemple parmi dâautres il sâensuit que ceux-ci [jeunes gens et jeunes filles entrĂ©s dans les ... 36Les rĂ©ponses de Caritas au premier Ă©crit de Wenzel Link, concernant la vie religieuse, spĂ©cifiquement les vĆux, se classent ainsi 1 prĂ©cision et justification du sens de la sĂ©paration ; 2 tĂ©moignage de la charitĂ© des sĆurs vers lâextĂ©rieur ; 3 renvoi Ă la misĂšre des religieux et religieuses dĂ©froquĂ©es ; 4 affirmation que Caritas a fait ses vĆux Ă Dieu ; 5 contestation du droit de la parentĂ© Ă enlever des parents adultes. Le troisiĂšme de ces arguments â Link nâen a parlĂ© briĂšvement quâune seule fois et encore pour le minimiser32, parce que Caritas en avait parlĂ© Ă Caspar NĂŒtzel33 â sâadresse plus aux sentences de Luther quâau prĂ©dicateur nurembergeois. Les sentences incriminĂ©es par Caritas recommandent toutes, dâune maniĂšre ou dâune autre, la sortie du couvent34. 35 Titre donnĂ© par Luther Ă Wenzel Link. 37Dans la mesure oĂč elles atteignent des reproches thĂ©ologiques que le doctor dexter35 » nâa plus repris, les rĂ©ponses de Caritas Ă sa deuxiĂšme instruction visent donc surtout les sentences des Themata. Elle Ă©largit de nouveau le propos de maniĂšre habile et sensĂ©e en dĂ©montrant que la ligne de sĂ©paration ne passe pas entre le couvent et le monde, mais entre les hommes qui sont responsables de leurs actes aussi bien dans le couvent quâau dehors. Ses rĂ©ponses peuvent ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es dans le tableau suivant, ce quâelles sous-entendent seulement Ă©tant placĂ© entre crochets. Couvent Monde Procure-t-il le salut ? â non [Procure-t-il le salut ? â non] EnlĂšve-t-il le salut ? â non [EnlĂšve-t-il le salut ? â non] Compter trouver le salut en entrant au couvent une erreur Compter trouver le salut en sortant du couvent une erreur Existence dâabus ? â oui Existence dâabus ? â oui PrĂ©sence de misĂ©ricorde ? â oui PrĂ©sence de misĂ©ricorde ? â oui Omission de misĂ©ricorde ? â oui Omission de misĂ©ricorde ? â oui 36 LĂ©gende de PĂ©rouse », chap. 80 et Miroir de la perfection », chap. 65, dans Saint François dâas ... 38Caritas introduit une Ă©quivalence thĂ©ologique entre le monastĂšre et le monde, puisque dans les deux le salut ne vient nullement du milieu » mais uniquement du Sauveur et de ses mĂ©rites. Elle sous-entend que les questions posĂ©es au couvent Ă propos du salut peuvent Ă©galement ĂȘtre adressĂ©es au monde extĂ©rieur. La sĂ©paration ne sâĂ©tablit pas selon les milieux sociaux mais par la perpĂ©tration ou non de lâabus, par la pratique de la misĂ©ricorde ou de son omission, bref par lâaction de lâhomme responsable. La ligne de dĂ©marcation traverse le cĆur de lâhomme. Si Caritas nous paraĂźt nĂ©gliger la part de lâenvironnement, sa rĂ©flexion nous conduirait aussi bien Ă reconnaĂźtre que lâenvironnement prend sa part autant Ă lâintĂ©rieur quâĂ lâextĂ©rieur du couvent. Il est Ă©vident que, pour Luther, le milieu du monde est moins faussĂ© que celui du couvent. Caritas dĂ©fendrait au contraire, avec toute la tradition, que lâinverse prĂ©vaut. Lâenvironnement du monde est faussĂ© alors que le couvent offre un environnement moins exposĂ©. Mais, en dĂ©veloppant sa premiĂšre pensĂ©e, on affirmera, sans solliciter la vue de lâabbesse, que le monde englobe aussi bien le couvent que lâextĂ©rieur de celui-ci. Câest la droiture de la conscience qui fait sortir de lâenvironnement faussĂ© du monde. En la considĂ©rant volontiers comme un couvent intĂ©rieur, lâabbesse rejoindrait lâintuition de son sĂ©raphique pĂšre François36. 37 Nous confessons que Dieu ne donne pas la chastetĂ© Ă tout le monde, mais elle nâest pas refusĂ©e Ă ... 39Son argumentation antithĂ©tique se poursuit dans les autres rĂ©ponses la chastetĂ© nâest pas donnĂ©e Ă tout le monde, mais elle nâest pas non plus refusĂ©e Ă tout le monde. Celle-ci est alors possible non seulement en tant que fait humain mais comme don de Dieu qui est agrĂ©able Ă Dieu. Lâargument se trouve Ă©tayĂ© par un exemple qui ne devait laisser indiffĂ©rents ni Caspar NĂŒtzel ni les autres Conseillers37. Caritas y reprend lâantithĂšse de saint Paul celui qui marie sa fille fait bien, celui qui ne la marie pas fait mieux. Elle ne cache pas quâelle souscrit Ă lâancienne conception de la voie royale » du cĂ©libat et de la virginitĂ©, Ă©tats meilleurs », mais dans la libertĂ© du choix. 38 Si seulement on pouvait anĂ©antir les couvents, alors cela irait bien partout. Câest une chose Ă©to ... 40Sa derniĂšre rĂ©ponse en faveur des vĆux appartient Ă la mĂȘme famille dâidĂ©es promettre de bonnes choses nâest pas mauvais, mais faire de mauvaises choses, mĂȘme sans vĆux, nâest pas bon. Toute sa dĂ©fense de la vie religieuse tend Ă faire admettre cette Ă©vidence. Puisque le monastĂšre est assujetti aux mĂȘmes contingences spirituelles que le monde, avec des seuils diffĂ©rents, il faut tolĂ©rer son existence, de la mĂȘme maniĂšre quâon nâa pas le droit dâanĂ©antir le monde, sous prĂ©texte quâil y a des abus et des pĂ©chĂ©s38. Une seule diffĂ©rence existe pourtant on nâa pas le droit, ni le pouvoir dâanĂ©antir le monde ; de mĂȘme, on nâa pas le droit dâanĂ©antir le couvent, mais bien le pouvoir de le faire, et cela change tout. * * * 41Comme notre Ă©pisode en tĂ©moigne, le VĂ©nĂ©rable Conseil » ne se privera pas de travailler Ă la disparition du monastĂšre. Or, involontairement, il va lâaider Ă trouver une autre vigueur. Les Clarisses de Nuremberg entrent dans la logique des grands tĂ©moins de la foi. Les moniales de la communautĂ© de Caritas Ă©taient parties pour une vie de foi tranquille, dans le long rĂ©cit dâune histoire sans surprises majeures, avec les tentations de mĂ©diocritĂ© aimable inhĂ©rentes Ă une vie installĂ©e. Mais voici quâelles vivent une rupture de texte », majeure dans ce rĂ©cit, rupture de continuitĂ© dans lâhistoire, qui va les provoquer Ă lâhĂ©roĂŻcitĂ© du martyr. La montĂ©e du conflit, qui est imminent, transparaĂźt dans notre Ă©pisode. Cependant, ni lâabbesse, ni sa communautĂ© ne se doutent encore, Ă ce moment-lĂ , que son dĂ©ploiement sera incomparablement plus violent, plus insidieux et plus pĂ©nible quâelles ne peuvent se lâimaginer. 42ImmĂ©diatement aprĂšs notre Ă©pisode, il y aura celui de lâenlĂšvement des jeunes sĆurs du couvent par leurs parents, dĂ©crit avec une dramatisation digne du meilleur scĂ©nario de film. Puis suivront des harcĂšlements moraux et matĂ©riels de toutes sortes, sans parler du sablage continu du moral de la communautĂ© par des sermons cadencĂ©s. Ne comprenant plus la vocation des Clarisses, sâil lâa jamais comprise, et cherchant Ă les dĂ©courager dans leur voie, le Conseil les pousse, par son harcĂšlement, Ă la vĂ©ritĂ© de leur charisme, au-delĂ de ce qui fut mĂȘme aux beaux jours de la rĂ©forme de lâObservance. Câest maintenant quâelles deviennent vraiment les pauvres dames » de sainte Claire. 43La communautĂ© survivra encore, privĂ©e des sacrements et abandonnĂ©e Ă lâindigence, jusquâen 1596, quand la derniĂšre des sĆurs se meurt. Caritas Ă©tait dĂ©jĂ morte depuis 64 ans, le 19 aoĂ»t 1532, quatre ans aprĂšs avoir Ă©crit la derniĂšre ligne des Notes mĂ©morables, prĂ©maturĂ©ment usĂ©e par le bon combat. ABRĂVIATIONS Luther Deutsch Luther Deutsch, Die Werke Luthers in Auswahl, 10 vol. , Ă©d. Kurt ALAND, Göttingen, 19912. NM Notes mĂ©morables, traduction F. TERZER voir infra Pfanner 2 Quellensammlung, Ă©d. Josef PFANNER 2. Die DenkwĂŒrdigkeiten der Caritas Pirckheimer, Landshut, 1962. WA Weimarer Ausgabe D. Martin Luther Werke, Sonderedition der kritische Gesamtausgabe, Weimar 2002 s. WA Br Weimarer Ausgabe Briefe Top of page Bibliography Otto BONMANN, Eine unbekannte Weihnachtsansprache der Ăbtissin von St. Klara NĂŒrnberg anlĂ€sslich einer Visitation », dans An heiligen Quellen, t. 30, Kevelaer, 1937, p. 6 s. Dieter HARMENIG, Eine unbekannte Handschrift aus dem Klarakloster zu NĂŒrnberg mit einer Briefnotiz ĂŒber Charitas Pirckheimer » 1481, dans Jahrbuch fĂŒr frĂ€nkische Landesforschung, t. 32, Neustadt/Aisch, 1972, p. 45-54. Johannes KIST Ă©d., Anhang I Ămterlisten et Anhang II Urkundliche Beilagen », Annexes, dans Das Klarissenkloster in NĂŒrnberg bis zum Beginn des 16 Jahrhunderts, NĂŒrnberg, 1929, p. 126-139 et 141-197. Martin LUTHER, D. Martin Luther Werke, Sonderedition der kritische Gesamtausgabe Weimar 2002 s. Martin LUTHER, Luther Deutsch, Die Werke Luthers in Auswahl, 10 vol. , Ă©d. Kurt ALAND, Göttingen, 19912. Gerhard PFEIFFER, Quellensammlung zur NĂŒrnberger Reformations-geschichte, NĂŒrnberg, 1968. Caritas PIRCKHEIMER, Quellensammlung, Ă©d. Josef PFANNER, Landshut, 1961-1966. 1. Das Gebetbuch der Caritas Pirckheimer, Landshut, 1961. 2. Die DenkwĂŒrdigkeiten der Caritas Pirckheimer, Landshut, 1962. 3. Briefe von, an, und ĂŒber Caritas Pirckheimer, Landshut, 1966. Caritas PIRCKHEIMER Der hochberĂŒhmten Charitas Pirckheimer, Ăbtissin von S. Clara zu NĂŒrnberg, DenkwĂŒrdigkeiten aus dem Reformationszeitalter, Ă©d. Constantin HĂFLER, Bamberg, 1852. Caritas PIRCKHEIMER Die DenkwĂŒrdigkeiten der Caritas Pirckheimer, Ă©d. Frumentius RENNER, St. Ottilien, 1982. S. FRANĂOIS DâASSISE Documents, Ăcrits et PremiĂšres Biographies, Ă©d. ThĂ©ophile DESBONNETS et Damien VORREUX, Paris, 1968. Top of page Notes 1 Caritas Pirckheimer, Notes mĂ©morables [NM], p. 104. Les Notes mĂ©morables sont une sorte de journal ou de livre blanc, rĂ©digĂ©es aux tout premiers temps de la RĂ©forme, couvrant les annĂ©es 1524-1528. Ces notes, appelĂ©es en allemand DenkwĂŒrdigkeiten, rendent compte des tourments et de la lutte de Caritas et de ses Clarisses pour la survie de leur communautĂ©, ainsi que pour la libertĂ© de leur conscience et de leur foi. Elles sont Ă©crites en moyen haut allemand, dans un style touchant et parfois dramatique qui rappelle ou annonce avec quelques siĂšcles dâavance les Dialogues des CarmĂ©lites. Nous les citons dâaprĂšs la traduction que nous en avons faite pour un mĂ©moire de maĂźtrise et qui attend sa publication. Les rĂ©fĂ©rences complĂštes aux sources et aux Ă©tudes se trouvent reportĂ©es dans la bibliographie placĂ©e Ă la fin de lâarticle. En attendant la publication des NM, qui changera la pagination, nous ajoutons par prĂ©caution les rĂ©fĂ©rences Ă lâĂ©dition critique du texte original Pfanner, indiquĂ©e par lâabrĂ©viation Pfanner 2. 2 Reinhold Schaffer, citĂ© dans Johannes Kist, Charitas Pirckheimer ein Frauenleben im Zeitalter des Humanismus und der Reformation, Bamberg, 1948, p. 50 et n. 57. 3 Thomas A. Brady Ă©d., Die deutsche Reformation zwischen SpĂ€tmittelalter und FrĂŒher Neuzeit, MĂŒnchen, 2001 ; Bernd Moeller et Stephen E. Buckwalter Ă©d., Die frĂŒhe Reformation in Deutschland als Umbruch, GĂŒtersloh, 1996. 4 Johannes Kist, Das Klarissenkloster in NĂŒrnberg bis zum Beginn des 16. Jahrhunderts, NĂŒrnberg, 1929, p. 95. Il sâagit de la Bulle Inter cetera » du 11 juin 1476 citĂ©e p. 185. 5 NM, p. 84 ; Pfanner 2, p. 66. 6 En juin 1522, Ă la demande des monastĂšres de Nuremberg, Caritas avait Ă©crit une lettre de fĂ©licitations et dâencouragement au thĂ©ologien catholique Emser pour ses Ă©crits rĂ©futant Luther, dans laquelle elle critiquait le VĂ©nĂ©rable Conseil de Nuremberg. Cette lettre fut interceptĂ©e et publiĂ©e comme pamphlet, avec des modifications malintentionnĂ©es et commentaires railleurs, ce qui fit grand bruit et scandale. 7 NM, p. 1 ; Pfanner 2, p. 1. 8 NM, p. 25 ; Pfanner 2, p. 20. 9 NM, p. 84 ; voir aussi p. 21 et 88 ; Pfanner 2, p. 66-67, 17 et 69. 10 Martin Luther, t. 8, p. 313-335 ; Luther Deutsch, Die Werke Luthers in Auswahl, vol. 2, Ă©d. Kurt aland, p. 313-322. Pour Ă©viter toute confusion avec les cĂ©lĂšbres thĂšses de 1517, nous dĂ©signerons les Themata, Ă©galement appelĂ©s thĂšses, par Themata ou sentences. 11 Sur les 139 thĂšses des Themata, il y en a au moins quinze 29, 31-34, 35, 37, 46-47, 71-72, 81-82, 104-105 qui ont une teneur et un vocabulaire identiques aux prĂ©dications rapportĂ©es par Caritas. Nous en citons, traduisons et rĂ©sumons quelques-unes pour lâexemple. Un vĆu religieux est sous tous les rapports une loi qui naturellement prend la conscience en otage 29. Tout ce que Paul dit de la loi et des Ćuvres de la loi vaut aussi pour les vĆux et les religieuxses 31. Câest pourquoi, ces vĆux sont sacrilĂšges, sans foi et idolĂątres et faits aux dĂ©mons 33. Les religieux sont comme les prĂȘtres et les vestales des paĂŻens et mĂȘme pires quâeux 35. Les vĆux ne doivent pas seulement ĂȘtre brisĂ©s, mais encore punis sĂ©vĂšrement 46 et les couvents qui sont les bouges et les bordels du diable sont Ă raser complĂštement 47. On devrait rejeter tous les couvents 104 et parce quâils enseignent le contraire de ce quâils devraient, il faut les fuir comme des bordels publics 105. 12 Themata, p. 318. 13 Ibid., p. 319. 14 Ibid., p. 314. 15 NM, p. 12 ; Pfanner 2, p. 10. 16 Un des prĂ©dicateurs les plus influents de Nuremberg, ami et ancien supĂ©rieur de Luther dans lâOrdre des ermites de saint Augustin. 17 NM, p. 163 ; Pfanner 2, p. 126. 18 NM, p. 162 ; Pfanner 2, p. 125. 19 Lettre de Scheurl, citĂ©e par Gerta Krabbel, Caritas Pirckheimer, Ein Lebensbild aus der Zeit der Reformation, MĂŒnster, 1982, p. 78. 20 luther, dans Luther Deutsch, vol. 10, p. 111 ; WA Br n° 446 2, 415. 21 Otto Bonmann, Eine unbekannte Weihnachtsansprache der Ăbtissin von St. Klara-NĂŒrnberg anlĂ€sslich einer Visitation », dans An heiligen Quellen, t. 30, p. 6 s. 22 Ich hab ein getreue, freuntliche, liebe, wirdige mutter an yr wyrden, mer denn ich sagen oder schreiben kann, der ich kein weckczel beger, weil ich leb » Felicitas grundher, Lettre 157 », dans Briefe von, an, und ĂŒber Caritas Pirckheimer, Ă©d. Josef Pfanner, p. 248. 23 RĂ©sumĂ© en exergue du chapitre dans lâĂ©dition critique de Pfanner. 24 Katharina Pirckheimer Ă son pĂšre Willibald, Stadtbibliothek NĂŒrnberg, Nr. 550/31, citĂ© dans Krabbel, Caritas PirckheimerâŠ, p. 153. 25 Câest nous qui soulignons dans cette sĂ©rie de citations. 26 NM, p. 94-97 chap. 32 ; Pfanner 2, p. 73-76. 27 NM, p. 97 ; Pfanner 2, p. 75. 28 NM, p. 109 ; Pfanner 2, p. 84. 29 Sabina Pirckheimer Ă son frĂšre Willibald, Stadtbibliothek NĂŒrnberg, Nr. 542/14, citĂ© dans Krabbel, Caritas PirckheimerâŠ, p. 165. 30 t. 8, p. 313-335 et 565-669. 31 Un vĆu spirituel ou autre est une loi sous tous les rapports qui emprisonne tout naturellement la conscience » Themata, 29. 32 NM, p. 141 ; Pfanner 2, p. 109. 33 NM, p. 123 ; Pfanner 2, p. 95. 34 Un exemple parmi dâautres il sâensuit que ceux-ci [jeunes gens et jeunes filles entrĂ©s dans les ordres] ont une nĂ©cessitĂ© et un droit dâautant plus grand de rompre leurs vĆux » 65. 35 Titre donnĂ© par Luther Ă Wenzel Link. 36 LĂ©gende de PĂ©rouse », chap. 80 et Miroir de la perfection », chap. 65, dans Saint François dâassise, Documents. Ăcrits et premiĂšres biographies, ThĂ©ophile Desbonnets et Damien Vorreux Ă©d., p. 953-954 et 1073. 37 Nous confessons que Dieu ne donne pas la chastetĂ© Ă tout le monde, mais elle nâest pas refusĂ©e Ă tout le monde non plus. Sâil nâĂ©tait pas possible de la garder, toutes les Ă©pouses dont les maris sont souvent longtemps partis ne seraient pas sages, ce quâĂ Dieu ne plaise. » NM, p. 167 ; Pfanner 2, p. 129 38 Si seulement on pouvait anĂ©antir les couvents, alors cela irait bien partout. Câest une chose Ă©tonnante Dieu a dĂ©fendu les maisons closes oĂč pourtant lâon pĂšche publiquement, et personne nâa pitiĂ© de ces pauvres gens ou ne pense au moyen de les sortir de cette vie de pĂ©chĂ© ! Il nây a que nous que tout le monde veut tirer par les cheveux vers le ciel [âŠ] Je ne pense pas que promettre de bonnes choses puisse ĂȘtre bien mauvais, par contre faire de mĂ©chantes choses, mĂȘme sans vĆux, ne peut ĂȘtre bon. Si les vĆux sont injustes, alors les vĆux de baptĂȘme doivent ĂȘtre Ă©galement injustes, surtout de la part de petits enfants sans raison. Nous laissons chacun libre de garder ou non ce quâil a promis, mais nous voudrions en mĂȘme temps quâon nous laisse demeurer en ce que nous voulons garder en mettant notre espoir en lâaide de Dieu ». NM, p. 166 et 167 ; Pfanner 2, p. 128-129Top of page References Bibliographical reference François Terzer, âLa rĂ©sistance de lâabbesse Caritas Pirckheimer Nuremberg, 1525â, Revue des sciences religieuses, 80/1 2006, 21-41. Electronic reference François Terzer, âLa rĂ©sistance de lâabbesse Caritas Pirckheimer Nuremberg, 1525â, Revue des sciences religieuses [Online], 80/1 2006, Online since 05 August 2015, connection on 27 August 2022. URL DOI of page Copyright All rights reservedTop of page
LAPROMESSE đet les sĂ©ries indiennes fans clubđđ | La promesse Ă©pisode 1 Ă 203 FIN | Facebook. Log In.
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s La religion serait, aux yeux de la psychanalyse, une nĂ©vrose obsessionnelle. Les Ă©crits de Freud touchant Ă la religion, de Totem et tabou Ă LâAvenir dâune illusion, alimentent cette vulgate. On peut nĂ©anmoins sâinterroger sur le sort que Freud rĂ©serve, dans MoĂŻse et le monothĂ©isme, Ă ses coreligionnaires juifs persĂ©cutĂ©s par les nazis le testament » du fondateur de la psychanalyse Ă lâĂ©gard du judaĂŻsme est plus ouvert quâon ne croit. De plus, on ne sâest guĂšre avisĂ© du fait que la qualification de nĂ©vrose ne constitue en rien une dĂ©finition. Quand Freud cherche Ă donner quelque chose de tel, il sâappuie volontiers sur lâĂ©tymologie et sur les significations souvent contradictoires que celle-ci livre. La mĂȘme dĂ©marche peut ĂȘtre tentĂ©e Ă propos de la religion, qui nâest pas seulement rassemblement sous un principe mais aussi Ćuvre de lecture, comme lâillustre la promesse faite Ă Abraham, le pĂšre des religions du Livre. Viewed by psychoanalysis, religion should be an obsessive neurosis. Freudâs writings on religion, from Totem and Taboo » to The Future of an Illusion » sustain that common view. One may all the same question the place that Freud in Moses and Monotheism » gives to his fellow Jews per-secuted by the nazis the testament » of the founder of psychoanalysis concerning Judaism is more open-minded than is usually believed. Moreover little attention has been paid to the fact that calling religion a neurosis is by no means a definition. When Freud attempts to give something like a definition, he usually starts with the etymology and with the often contradictory meanings that science provides. The same approach may be tried about religion, which not only a gathering of people following the same principle, but also the practice of reading, as is illustrated by the promise made to Abraham, the father of the religions of the de page EntrĂ©es d'index Haut de page Texte intĂ©gral 1Quand on demande Ă quelquâun qui sâintĂ©resse Ă la psychanalyse ce quâil pense de la religion, il est courant de lâentendre Ă©voquer la nĂ©vrose, les foules conventionnelles et les liens libidinaux qui en assurent la cohĂ©sion. Quand on cherche ensuite Ă faire prĂ©ciser ce que reprĂ©sente le terme de nĂ©vrose, la rĂ©ponse est tout aussi rebattue. Elle en appelle Ă la maladie, voire Ă lâanomalie psychique. Et celles-ci renvoient Ă la compĂ©tence du psychanalyste, du coup promu officier de santĂ© mentale et rectificateur des errements du dĂ©sir. On trouve dans lâĆuvre de Freud les Ă©lĂ©ments qui nourrissent une telle vulgate. Cette version consacrĂ©e permet de sâen tenir aux idĂ©es reçues et dâignorer une recherche qui sâĂ©tend sur plus dâun demi-siĂšcle. Une rĂ©flexion rigoureuse portant sur la conception freudienne de la religion exige en revanche de lire le maĂźtre de prĂšs afin de dĂ©gager de ses Ă©crits les consĂ©quences quâils impliquent. 2Une telle exigence relĂšve de la morale Ă©lĂ©mentaire, Ă laquelle je souscris. Je dĂ©velopperai mon parcours en deux temps. AprĂšs avoir exposĂ© la façon dont Freud approche le fait religieux Ă partir de son expĂ©rience clinique et des apports de lâethnologie et de lâhistoire, je pointerai, dans le discours freudien, les remarques qui permettent dâintroduire la problĂ©matique de la lecture Ćuvrant dans la religion et dans la rĂ©flexion menĂ©e Ă son propos. I. La construction de Totem et tabou 1 S. Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », LâAvenir dâune illusion, Paris, PUF, 1971, p. ... 2 Ibid. 3 Ibid., 4 S. Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es », 1948, p. 76. 5 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 86. 6 Ibid., p. 90. 3DĂšs 1907, un Ă©crit intitulĂ© Actes obsĂ©dants et exercices religieux rĂ©vĂšle lâintĂ©rĂȘt portĂ© par Freud Ă la religion. Lâauteur ouvre son propos par cette phrase Je ne suis certes pas le premier quâait frappĂ© la ressemblance qui existe entre les actes obsĂ©dants des nĂ©vrosĂ©s et les exercices par lesquels le croyant tĂ©moigne de sa piĂ©tĂ©1 ». La suite de lâarticle multiplie les exemples qui montrent la ressemblance entre pensĂ©es, reprĂ©sentations ou impulsions obsĂ©dantes, caractĂ©ristiques de la nĂ©vrose obsessionnelle2 » et les actes sacrĂ©s du rite religieux3 ». Ă cette Ă©poque Freud reste modĂ©rĂ©. Il ne dĂ©clare pas encore que la religion nâest quâune nĂ©vrose de lâhumanitĂ©4 ». Il se contente de comparer la nĂ©vrose obsessionnelle Ă une caricature mi-comique, mi-lamentable dâune religion privĂ©e5 » qui demeure sous lâemprise dâun sentiment de culpabilitĂ© [lequel] prend sa source dans certains processus psychiques prĂ©coces6 ». 7 Ibid., p. 92. 8 Ibid., p. 93. 9 Ibid., p. 94. 4On retiendra ici lâinsistance du psychanalyste sur lâĂ©conomie du sentiment ou de lâaffect dont lâorigine nâest pas encore prĂ©cisĂ©e. Et quand il invoque lâangoisse expectante7 » du religieux craignant les chĂątiments divins, il se contente de souligner les concordances » et les analogies » qui lui permettent de concevoir la nĂ©vrose obsessionnelle comme constituant un pendant pathologique de la formation des religions8 ». Il qualifie ainsi la nĂ©vrose de religiositĂ© individuelle [et] la religion de nĂ©vrose obsessionnelle universelle9 ». On notera enfin, pour y revenir plus loin, que Freud se borne pour lâinstant Ă rĂ©coler et Ă dĂ©crire les actes et les pensĂ©es obsĂ©dants sans avancer de vĂ©ritable dĂ©finition qui rendrait compte de la nĂ©vrose obsessionnelle - et donc implicitement de la religion. Il lui faudra mener Ă bien lâentreprise dĂ©veloppĂ©e dans Totem et tabou pour asseoir dĂ©finitivement sa conception du religieux. Celle-ci, en effet, ne variera plus jusquâen 1939, annĂ©e de la publication intĂ©grale du MoĂŻse et le monothĂ©isme et de la disparition de lâinventeur de la psychanalyse. 10 S. Freud, Totem et tabou, Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1965, p. 162. 5Avec Totem et tabou, Freud ancre sa rĂ©flexion autour de la notion de tabou afin de justifier lâapport de la psychanalyse Ă lâethnologie et dâexpliquer lâuniversalitĂ© de lâinterdit de lâinceste. Cette notion lui permet de faire le lien entre lâarticle de 1907 et sa position dĂ©finitive de 1912 qui centre sa conception de la nĂ©vrose et de la religion autour de la problĂ©matique paternelle, elle-mĂȘme liĂ©e Ă la question du totem. La dĂ©monstration du psychanalyste suit un parcours rigoureux. On peut le rĂ©sumer de la façon suivante le tabou de lâinceste rapportĂ© par lâethnologie renvoie lui-mĂȘme Ă un interdit qui semble caractĂ©riser toutes les structures sociales observĂ©es. Pour faire concorder psychanalyse et ethnologie et ainsi garantir le sĂ©rieux de son hypothĂšse, Freud a recours aux thĂ©ories de Darwin et Ă la notion dâ un pĂšre violent, jaloux, gardant pour lui toutes les femelles et chassant ses fils Ă mesure quâils grandissent10 ». Ă partir de ce postulat darwinien, il Ă©labore, Ă la maniĂšre de Platon, un mythe explicatif. 11 Ibid.,p. 163. 12 Ibid. 6Ce mythe fait Ă©tat du meurtre dâun pĂšre primitif, corrĂ©latif de la premiĂšre organisation sociale et cause constitutive de la civilisation. Rappelons Ă ce titre ces pages cĂ©lĂšbres de lâouvrage Lâorganisation la plus primitive que nous connaissions et qui existe encore actuellement chez certaines tribus consiste en associations dâhommes jouissant de droits Ă©gaux et soumis aux limitations du systĂšme totĂ©mique, y compris lâhĂ©rĂ©ditĂ© en ligne maternelle. Cette organisation a-t-elle pu provenir de celle que postule lâhypothĂšse darwinienne ? et par quel moyen a-t-elle Ă©tĂ© obtenue ?11 » La rĂ©ponse est connue qui conte le meurtre du pĂšre, suivi de sa dĂ©voration, par des frĂšres rassemblĂ©s dans la haine Un jour, les frĂšres chassĂ©s se sont rĂ©unis, ont tuĂ© et mangĂ© le pĂšre, ce qui a mis fin Ă lâexistence de la horde paternelle. Une fois rĂ©unis, ils sont devenus entreprenants et ont pu rĂ©aliser ce que chacun dâeux, pris individuellement, aurait Ă©tĂ© incapable de faire12 ». La dĂ©voration rĂ©alise lâidentification au pĂšre sur le mode de lâincorporation orale. Elle permet ainsi Ă chacun de sâapproprier la force et le pouvoir paternels. 7Mais lâĂ©criture du mythe ne peut sâarrĂȘter lĂ sans faire Ă©tat de lâarticulation du dĂ©sir et de la loi qui, seule, permet de rendre compte de la survie dâune sociĂ©tĂ© de frĂšres, comme de la naissance de la civilisation et de la religion. Cette construction introduit donc, outre la notion dâambivalence, celle de culpabilitĂ© qui, ensemble, expliquent lâexaltation du pĂšre et sa divinisation par les frĂšres repentants 13 Ibid., p. 164. Il suffit, dit Freud, dâadmettre que la bande fraternelle, en Ă©tat de rĂ©bellion, Ă©tait animĂ©e Ă lâĂ©gard du pĂšre des sentiments contradictoires qui, dâaprĂšs ce que nous savons, forment le contenu ambivalent du complexe paternel chez chacun de nos enfants et de nos nĂ©vrosĂ©s. Ils haĂŻssaient le pĂšre [...], mais tout en le haĂŻssant, ils lâaimaient et lâadmiraient. AprĂšs lâavoir supprimĂ©, aprĂšs avoir assouvi leur haine et rĂ©alisĂ© leur identification avec lui, ils ont dĂ» se livrer Ă des manifestations affectives dâune tendresse exagĂ©rĂ©e. Ils le firent sous la forme du repentir [...]. Le mort devenait plus puissant quâil ne lâavait jamais Ă©tĂ© de son vivant13. 8Le pĂšre devint Dieu et la loi avec lui. La religion put dĂ©sormais exercer son empire avec lâaide de la morale... et du bras sĂ©culier quand cela fut possible. 9Pour rendre compte de lâarticulation de la loi et du dĂ©sir, Freud Ă©met une nouvelle hypothĂšse 14 Ibid., p. 165. Si les frĂšres Ă©taient associĂ©s, tant quâil sâagissait de supprimer le pĂšre, ils devenaient rivaux, dĂšs quâil sâagissait de sâemparer des femmes. Chacun aurait voulu, Ă lâexemple du pĂšre, les avoir toutes Ă lui, et la lutte gĂ©nĂ©rale qui en serait rĂ©sultĂ©e aurait amenĂ© la ruine de la sociĂ©tĂ©. [..] Aussi les frĂšres, sâils voulaient vivre ensemble, nâavaient-ils quâun seul parti Ă prendre aprĂšs avoir, peut-ĂȘtre, surmontĂ© de graves discordes, instituer lâinterdiction de lâinceste, par laquelle ils renonçaient tous Ă la possession des femmes convoitĂ©es, alors que câĂ©tait principalement pour sâassurer cette position quâils avaient tuĂ© le pĂšre14. 10La boucle est bouclĂ©e. Les sentiments obsĂ©dants et lâambivalence qui les caractĂ©rise se retrouvent dĂ©placĂ©s sur lâinterdit de lâinceste, incarnĂ© dans un tabou qui nâappelle ni raison ni conscience morale. Son dĂ©cret tombe du ciel oĂč rĂšgne un pĂšre divinisĂ©, tout puissant, prĂȘt Ă se venger de la moindre incartade de ses fils, mais aussi toujours disposĂ© Ă leur garantir une vie Ă©ternelle quand leurs vertus ont accumulĂ© les mĂ©rites suffisants pour amadouer le monstre sacrĂ©. 11La religion disposera dâun avenir radieux ; elle rĂšgnera sur un monde humain en proie au ressentiment et Ă lâobĂ©issance haineuse, tant que le mythe religieux gardera, au dĂ©triment de la science, son pouvoir de sĂ©duction. LâhumanitĂ© vivra Ă cĂŽtĂ© de la rĂ©alitĂ© et de la vĂ©ritĂ©. Victime de la passion, elle sera dirigĂ©e par des clercs qui ne connaissent que leur pouvoir et se moquent de la raison et de sa voix fragile. 15 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 49. 16 Ibid., p. 39. 17 Freud, Totem et tabou, p. 179. 12Alors se lĂšve lâhumaniste dĂ©cidĂ© Ă dĂ©fendre urbi et orbi les valeurs de la civilisation contre les illusions [des] doctrines religieuses15 ». Celles-ci vĂ©hiculent des idĂ©es qui se cristallisent en des dogmes » invĂ©rifiables par des preuves scientifiques. Ă ces dogmes qui sont tous des absurditĂ©s16 », Freud oppose une thĂ©orie fondĂ©e sur lâobservation clinique que tout thĂ©rapeute peut confirmer. Et pour en signifier lâorigine, il substitue aux mythes religieux un mythe scientifique qui sâinscrit dans le complexe dâĆdipe oĂč lâon trouve les commencements Ă la fois de la religion, de la morale, de la sociĂ©tĂ© et de lâart, et cela en pleine conformitĂ© avec les donnĂ©es de la psychanalyse qui voit dans ce complexe le noyau de toutes les nĂ©vroses, pour autant que nous ayons rĂ©ussi jusquâĂ prĂ©sent Ă pĂ©nĂ©trer leur nature17 ». 18 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 44. 13LâAvenir dâune illusion, publiĂ© quinze ans plus tard, ravive la querelle et dĂ©clenche, au moins parmi les responsables religieux, un nouvel Ă©moi et une polĂ©mique non moins vĂ©hĂ©mente. Lâopuscule de Freud nâa pourtant rien Ă voir avec une pasquinade voire avec un pamphlet. Lâauteur, sĂ©duit comme la plupart des savants de son temps par lâefficace de la science, cherche Ă remettre la religion Ă sa place. Câest une illusion, dĂ©clare-t-il, et ce qui caractĂ©rise lâillusion, câest dâĂȘtre dĂ©rivĂ©e des dĂ©sirs humains18 ». La religion diffĂšre de lâerreur en ce sens quâelle renonce Ă ĂȘtre confirmĂ©e par le rĂ©el, câest-Ă -dire par les moyens de la science qui fait appel Ă lâobservation et au raisonnement. 19 S. Freud , Malaise dans la civilisation », Revue française de psychanalyse, Paris, PUF, XXXIV, ja ... 14Le positivisme scientiste professĂ© par le Viennois ne sâaccompagne pourtant pas dâun optimisme bĂ©at. La psychanalyse pour laquelle il revendique la scientificitĂ© que lui refusera, plus tard, Karl Popper, lui aura en effet permis de mettre au jour les ressorts cachĂ©s de lâĂąme humaine vouĂ©e Ă lâagressivitĂ© Lâhomme est, en effet, tentĂ© de satisfaire son besoin dâagression aux dĂ©pens de son prochain, dâexploiter son travail sans dĂ©dommagement, de lâutiliser sexuellement sans son consentement, de sâapproprier ses biens, de lâhumilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer »19. ConfrontĂ© Ă la fĂ©rocitĂ© et Ă la dĂ©tresse de son semblable, Freud stigmatise dans lâAvenir dâune illusion puis, trois ans plus tard, dans Malaise dans la civilisation, lâimpuissance de la religion Ă offrir une quelconque amĂ©lioration de la condition humaine. La morale fondĂ©e sur la crainte peut Ă la rigueur brider le mal qui sommeille en chacun, mais elle demeure incapable de domestiquer ce loup toujours prĂȘt Ă tuer. En agitant ses origines divines, la morale fondĂ©e sur la religion peut aussi accomplir son Ćuvre de rĂ©pression sans changer pour autant la nature psychologique de celui que lâon civilise, autrement dit, quâon dresse. 20 Voir ibid., p. 77. 21 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 29. 22 Ibid.,p. 70. 23 Ibid., p. 77. 24 Ibid.,p. 78. 25 Freud, Malaise dans la civilisation », p. 79. 26 Ibid. 15La civilisation a quand mĂȘme du bon20. Elle permet de lutter contre les souffrances engendrĂ©es par la suprĂ©matie de la nature21 ». Elle humanise cette nature et transmet le patrimoine culturel amassĂ© de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations. Elle garde les acquis de la raison. Et parmi ceux-ci, il y a la psychanalyse qui apprend Ă lâhomme Ă sâaccepter tel quâil est, rĂ©duit Ă ses propres forces [et tenu de] sâen servir comme il convient22 ». Les seules divinitĂ©s qui se partagent le panthĂ©on freudien sâappellent logos et anankĂš23. Et si celle-ci impose raison et nĂ©cessitĂ© venant de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure, celui-lĂ nâest peut-ĂȘtre pas trĂšs puissant24 », mais il prĂ©side au travail scientifique, lequel est susceptible de mieux tenir ses promesses que ne le fait la religion. Cela dit, Freud se garde bien dâĂ©mettre quelque avis dĂ©finitif sur la civilisation Pour diffĂ©rentes raisons, tout jugement de valeur sur la civilisation humaine est bien loin de ma pensĂ©e25 », parce que tous les jugements de valeur portĂ©s par les hommes leur sont indiscutablement inspirĂ©s par leur dĂ©sir de bonheur, et quâils constituent ainsi une tentative dâĂ©tayer dâarguments leurs illusions26 ». II. Le testament de MoĂŻse et le monothĂ©isme 27 D. Bakan, Freud et la mystique juive,Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1977, 119. 28 M. Schur, La Mort dans la vie de Freud, Paris, Gallimard, 1975, p. 555. 29 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 119. 16On achĂšvera ce rappel de la conception freudienne de la religion en reprenant quelques pages de MoĂŻse et le monothĂ©isme. Cet ouvrage est curieux. Autant Totem et tabou se distingue par lâĂ©lĂ©gance et la puissance de sa construction, autant le dernier livre de Freud apparaĂźt comme un essai fait de piĂšces et de morceaux, dĂ©roulant une sĂ©rie dâhypothĂšses qui ne semblent pas manifester la rigueur chĂšre Ă son auteur. David Bakan avoue Ă ce propos que certains des disciples de Freud ont essayĂ© de le rejeter ; dâautres le considĂšrent comme une production de vieillard et suggĂšrent que la meilleure façon de respecter le gĂ©nie de Freud est dâignorer cette Ćuvre27 ». Une telle opinion ne tient pas compte, entre autres, du tĂ©moignage de Max Schur28. Le mĂ©decin de Freud reconnaĂźt les points faibles de la construction de son ami. Ainsi dĂ©nonce-t-il la notion de traces archaĂŻques hĂ©rĂ©ditaires auxquelles Freud fait appel pour justifier la transmission de lâexpĂ©rience collective au sujet. Il ne remet pas en question pour autant les hypothĂšses exĂ©gĂ©tiques douteuses qui Ă©maillent lâouvrage. Bakan Ă©voque, lui, lâhypothĂšse dâun livre Ă double sens29 » Ă©crit selon les procĂ©dĂ©s de la Kabbale dont Freud aurait subi lâinfluence par le biais de ses parents, marquĂ©s, lâun et lâautre, par la tradition hassidique. 30 Ibid.,p. 47. 17On nâexposera pas ici la thĂšse dĂ©veloppĂ©e par David Bakan autour du courant mystique qui aurait mis fin au pouvoir des seuls rabbins, et ouvert le judaĂŻsme Ă la modernitĂ© occidentale. On soulignera en revanche le propos de LĂ©o Strauss rapportĂ© par lâauteur, selon lequel il existerait dans la pensĂ©e juive une tradition forgĂ©e pendant lâĂ©preuve de la persĂ©cution, de sâexprimer par Ă©crit dâune façon voilĂ©e30 ». On sait que lâĂ©criture de MoĂŻse et le monothĂ©isme a pour toile de fond la persĂ©cution anti-juive dont lâhistoire reconnaĂźt le caractĂšre exclusif. 31 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 7. 32 Ibid. 33 Ibid., p. 94. 34 Ibid., p. 80. 18La premiĂšre phrase de lâessai donne sa dimension tragique Ă lâensemble de lâouvrage DĂ©possĂ©der un peuple de lâhomme quâil cĂ©lĂšbre comme le plus grand de ses fils est une tĂąche sans agrĂ©ment que lâon nâaccomplit pas dâun cĆur lĂ©ger31 ». La question se pose alors de savoir pourquoi Ă©crire un livre qui fait mal et qui dĂ©possĂšde ses compatriotes dâun hĂ©ros tutĂ©laire. La phrase qui suit donne la rĂ©ponse Toutefois aucune considĂ©ration ne saurait mâinduire Ă nĂ©gliger la vĂ©ritĂ© au nom dâun prĂ©tendu intĂ©rĂȘt national32 ». La vĂ©ritĂ© est donc lâenjeu de lâentreprise. Lâ idĂ©al de vĂ©ritĂ© objective des hisÂtoriens33 » doit prĂ©sider Ă une dĂ©marche qui sâoppose au nationalisme. Et Freud connaĂźt parfaitement lâintĂ©rĂȘt national des nazis et lâantisĂ©mitisme fou de lâauteur de Mein Kampf. La vĂ©ritĂ© est donc liĂ©e au rĂ©el, câest-Ă -dire Ă lâĂ©criture de lâhistoire. Mais Freud sait aussi que le rĂ©el est toujours dĂ©jĂ interprĂ©tĂ©, et que la lecture interprĂ©tante est celle dâun sujet, lui-mĂȘme touchĂ© par ce rĂ©el. Car, selon lui, les phĂ©nomĂšnes psychiques tirent leur caractĂšre obsĂ©dant [de] la part de vĂ©ritĂ© historique quâils contiennent34 ». Le travail du psychanalyste consiste donc Ă jeter un pont entre lâĂ©coute clinique et le rĂ©el de lâĂ©vĂ©nement historique. Câest pourquoi Freud ne renoncera jamais vraiment Ă lâopinion qui dĂ©fend lâhĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis. 35 Ibid., p. 144 s. 36 Ibid., p. 116. 37 Ibid.,p. 117. 38 Ibid. 39 Ibid.,p. 119. 40 Ibid., p. 120. 19Quel que soit le caractĂšre kabbalistique confĂ©rĂ© Ă lâouvrage, on retiendra que son auteur, comme il lâaffirme, ne retire rien de ce quâil a avancĂ© dans Totem et tabou. Et pourtant il opĂšre un glissement qui dĂ©place le rĂŽle du pĂšre sur le fils. Ce nâest plus un PĂšre-Dieu qui est tuĂ©, mais MoĂŻse, lieutenant du PĂšre. En tant que grand frĂšre, le Grand Homme, crĂ©ateur des juifs35, suscite la haine de la fratrie. Il sera assassinĂ©, non sans avoir rĂ©alisĂ© son Ćuvre de lĂ©gislateur et imposĂ© le monothĂ©isme du pharaon hĂ©rĂ©tique Akhenaton. Freud interprĂšte lâinstauration du monothĂ©isme comme le retour de la religion du pĂšre primitif36 ». AprĂšs une pĂ©riode de latence indĂ©finie, un juif romain, Paul de Tarse, sâempare du sentiment de culpabilitĂ© fourrĂ© dans lâinconscient juif et le ramĂšne trĂšs justement Ă sa source prĂ©historique, en lui donnant le nom de pĂ©chĂ© originel un crime avait Ă©tĂ© commis envers Dieu et la mort seule pouvait le racheter37 ». Poussant plus loin, Freud affirme Toutefois, il ne fut nullement question de ce meurtre, mais seulement du fantasme de son expiation, et câest pourquoi ce fantasme put ĂȘtre saluĂ© comme un message de dĂ©livrance Ăvangile. Un fils de Dieu, innocent de toute faute, sâĂ©tait sacrifiĂ©, avait pris Ă son compte la culpabilitĂ© de tous. Il fallait bien que ce fĂ»t un fils, puisque le meurtre avait eu un pĂšre pour victime38 ». Et le psychanalyste conclut Le judaĂŻsme avait Ă©tĂ© la religion du pĂšre, le christianisme devint la religion du fils. Lâancien Dieu, le Dieu-pĂšre, passa au second plan ; le Christ, son fils, prit sa place, comme aurait voulu le faire, Ă une Ă©poque rĂ©volue, chacun des fils rĂ©voltĂ©s. Paul, le continuateur du judaĂŻsme, fut aussi son destructeur39 ». MoĂŻse assassinĂ© avait Ă©tĂ© le substitut du pĂšre40 » et le Christ, substitut de MoĂŻse, rĂ©alise, selon Paul, le judaĂŻsme, en faisant du Dieu national protecteur exclusif de son peuple Ă©lu, un Dieu universel sans image, sans matĂ©rialitĂ© et sans choix prĂ©fĂ©rentiel. 41 Schur, La Mort dans la vie de Freud, p. 554. 42 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 77. 43 Ibid.,p. 75. 44 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 61. 20On comprend que ce dĂ©piautage du judaĂŻsme, puis du christianisme, ne soit pas du goĂ»t de tout le monde. Que MoĂŻse soit considĂ©rĂ© comme un goy cynique, utilisant la condition prĂ©caire des juifs en Ăgypte pour rĂ©cupĂ©rer un pouvoir perdu avec le retour dâAmon, ne peut quâenfermer dans le dĂ©sespoir leurs descendants persĂ©cutĂ©s par les nazis. Freud se doute bien que la publication de son essai pourrait aussi affecter les relations avec une Ăglise catholique omniprĂ©sente. Il sait que lâinfluence dâun certain PĂšre Schmidt sur la hiĂ©rarchie pourrait entraĂźner des reprĂ©sailles41 allant jusquâĂ interdire lâexercice de la psychanalyse42 » en Autriche. Pourquoi alors, aprĂšs beaucoup dâhĂ©sitations, dĂ©cide-t-il de publier la partie conclusive de lâouvrage ? Parce quâil est mĂ», dit-il, par lâaudace de celui qui nâa plus grand-chose ou plus rien du tout Ă perdre43 ». La rĂ©ponse semble rapide de la part dâun savant qui a toujours revendiquĂ© sa judaĂŻtĂ© » et qui passa toute sa vie [...] dans un monde composĂ© presque exclusivement de Juifs44 ». Nâayant plus rien Ă perdre, se dĂ©solidariserait-il de ses compatriotes ? On suggĂšrera une rĂ©ponse plus loin. 45 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 75. 46 Ibid.,p. 76. 47 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 149-150. 48 Ibid.,p. 151. 49 Ibid.,p. 152. 50 Ibid. 51 Ibid., p. 154. 21Cela dit, une nouvelle question surgit bientĂŽt autour de lâidĂ©e de sublimation. Le psychanalyste Ă©voque dĂ©jĂ dans VAvenir dâune illusion le devenir pulsionnel et la possible Ă©puration » de la religion. Ă un contradicteur virtuel45 qui avance cet argument, il rĂ©pond quâil nây est pas insensible tout en affirmant que les illusions religieuses [demeurent] impossibles Ă corriger46 », car elles possĂšdent un caractĂšre dĂ©lirant. Dans MoĂŻse et le monothĂ©isme, pourtant, il admet chez les juifs certaines dispositions psychiques [aidant] Ă supporter les inconvĂ©nients de la religion mosaĂŻque dans le seul dessein dâĂȘtre le peuple Ă©lu de Dieu47 ». Et quelles sont les consĂ©quences de cette religion ? Freud en note trois. La premiĂšre est dâavoir donnĂ© aux Juifs une idĂ©e plus grandiose de la divinitĂ©48 ». La seconde consiste Ă interdire de se faire une image de Dieu49 », en dâautres termes, Ă mettre Ă lâarriĂšre-plan [...] la perception sensorielle par rapport Ă lâidĂ©e abstraite50 ». La troisiĂšme a trait Ă la reconnaissance de lâexistence de forces âspirituellesâ, câest-Ă -dire de forces que les sens, et singuliĂšrement la vue, ne peuvent saisir51 ». 22Ces trois consĂ©quences lui permettent dâamener une conclusion qui ne semble pas avoir Ă©tĂ© exploitĂ©e par les anthropologues, les thĂ©ologiens ou les moralistes soucieux dâarticuler la doctrine psychanalytique et la thĂ©ologie, eu Ă©gard aux rapports de la fonction paternelle avec lâĂcriture. Voici la conclusion de Freud 52 Ibid., p. 154-155. Nous savons que MoĂŻse inculqua aux Juifs la fiertĂ© de se croire un peuple Ă©lu ; grĂące Ă la dĂ©matĂ©rialisation de Dieu, un nouveau joyau sâajouta encore au trĂ©sor secret de ce peuple. Les Juifs continuĂšrent Ă sâintĂ©resser aux choses spirituelles, les malheurs politiques de leur nation leur apprirent Ă apprĂ©cier Ă sa juste valeur le seul bien qui leur restĂąt leurs documents Ă©crits. ImmĂ©diatement aprĂšs la destruction par Titus du temple de JĂ©rusalem, le rabbin Jochanaan ben Sakkai demanda lâautorisation dâouvrir Ă JahnĂ© la premiĂšre Ă©cole consacrĂ©e Ă lâĂ©tude de la Thora. DĂ©sormais ce furent les Livres SacrĂ©s et leur Ă©tude qui empĂȘchĂšrent ce peuple dispersĂ© de se dĂ©sagrĂ©ger52. 53 K. Stern, La TroisiĂšme RĂ©volution. Essai sur la psychanalyse et la religion, Paris, Ăd. du Seuil, 1 ... 54 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 76. Nous soulignons. 55 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 83. 56 Voir GOUX, Les Iconoclastes, Paris, Ăd. du Seuil, 1978. 23Une telle affirmation modifie lâabord de la question religieuse pratiquĂ© aprĂšs Freud. Karl Stern53 dĂ©nonce Ă ce propos le rĂ©ductionnisme de la formule ne que » employĂ©e par les disciples, mais que lâon trouve dĂ©jĂ , on lâa soulignĂ©, sous la plume du maĂźtre de Vienne Nos recherches nous amĂšnent Ă conclure que la religion nâest quâune nĂ©vrose de lâhumanitĂ©54 ». RĂ©duire la religion Ă un certain nombre de phĂ©nomĂšnes psychiques morbides55 », qui tiennent lieu de dĂ©finition, semble rĂ©vĂ©ler une hĂąte qui ne relĂšve pas de la neutralitĂ© propre Ă la mĂ©thode scientifique. On peut dĂšs lors se poser la question des raisons qui ont poussĂ© Freud Ă pourchasser la religion et Ă en dĂ©noncer, trente ans durant, le caractĂšre nĂ©vrotique. Le souci de vĂ©ritĂ© en est une, qui vitupĂšre le mensonge millĂ©naire colportĂ© par les clercs. LâantisĂ©mitisme ambiant en est certainement une autre, lequel voit la trĂšs catholique Autriche sĂ©duite par les pompes hitlĂ©riennes. Une exigence morale sans concession apparaĂźt, elle aussi, comme une des raisons permettant dâinvoquer la rigueur scientifique, faute de pouvoir dĂ©montrer lâexactitude de la doctrine. Toutes ces raisons ont Ă©tĂ© invoquĂ©es pour expliquer le radicalisme de Freud, sans compter celle qui consiste Ă dĂ©noncer les rapports nĂ©vrotiques du psychanalyse avec son pĂšre Jakob. Bakan, enfin, propose une interprĂ©tation reprise par Jean-Joseph Goux56 selon laquelle Freud aurait voulu protĂ©ger les siens de la rivalitĂ© mortifĂšre des nazis en faisant du peuple allemand le dĂ©positaire dâune Ă©lection usurpĂ©e par les juifs Ă la suite de MoĂŻse. Cette interprĂ©tation pourrait rĂ©pondre Ă la question posĂ©e plus haut Ă propos de la solidaritĂ© de Freud avec le destin du peuple juif. 24Il reste cependant Ă dĂ©velopper une problĂ©matique qui a trait Ă la dĂ©finition mĂȘme de la religion et au ne que » qui lâaccompagne. Il est quand mĂȘme curieux que la plupart des psychanalystes qui ont suivi Freud nâaient pas cherchĂ© du cĂŽtĂ© de lâĂ©tymologie pour dĂ©finir le mot religion ». InstallĂ© dans les catĂ©gories du mĂ©dical ou du mĂ©dicinal, Freud lui-mĂȘme reste fixĂ© Ă une construction Ă©laborĂ©e une fois pour toutes dans Totem et tabou. Il offre pourtant au lecteur de MoĂŻse et le monothĂ©isme la possibilitĂ© de dĂ©velopper une autre intelligence de la religion. Celle-ci introduit la problĂ©matique de la lecture et de lâĂ©criture en lien avec la fonction paternelle. Cette possibilitĂ© vaut la peine dâĂȘtre ici dĂ©veloppĂ©e. III. La promesse de la lettre 57 S. Freud, Essai de psychanalyse appliquĂ©e, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es »,1933, p. 174. 25Quand Freud cherche Ă Ă©tablir avec exactitude la signification dâun mot dĂ©signant un concept, il ne manque pas de chercher Ă cerner lâĂ©tymon de ce terme. La dĂ©finition de das Unheimliche en français lâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ© est Ă cet Ă©gard exemplaire. LâenquĂȘte quâil mĂšne se conclut par cette phrase Ainsi âheimlichâ est un mot dont le sens se dĂ©veloppe vers une ambivalence, jusquâĂ ce quâenfin il se rencontre avec son contraire âunheimlichâ57 ». Il ne semble pas avoir cherchĂ© Ă faire le mĂȘme parcours pour le mot religion » Religion en allemand. Le recours Ă lâĂ©tymologie lui aurait pourtant offert, au mot religion », une signification ne relevant pas de la seule psychopathologie. Le Dictionnaire historique de la langue française reprend les deux significations attribuĂ©es au latin religio pour affirmer que lâĂ©tymologie est controversĂ©e depuis lâAntiquitĂ© 58 A. Rey dir., Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992 ... Ă la suite de Lactance, de Tertullien, les auteurs chrĂ©tiens se plaisent Ă rattacher religio au verbe religare relier », de re [...] Ă valeur intensive et de ligare lier ». La religion ayant pour objet les relations que lâon entretient avec la divinitĂ© [...]. Une autre origine est signalĂ©e par CicĂ©ron et appuyĂ©e de son autoritĂ© religio serait tirĂ© soit de legere cueillir, ramasser » » lire avec adjonction dâun prĂ©fixe re [...] marquant lâintensitĂ© ou le retour en arriĂšre, soit de religere, recueillir, recollecter »58. 26Lâarticulation des deux Ă©tymologies illustre avec bonheur la conclusion de Freud qui insiste sur la spiritualisation du judaĂŻsme opĂ©rĂ©e par MoĂŻse. La destruction du Temple et la dĂ©matĂ©rialisation de Dieu concourent Ă purifier le culte et les pratiques de la religion juive. Si, en effet, les seuls biens restĂ©s aux juifs, aprĂšs la destruction du Temple, furent leurs documents Ă©crits et si lâĂ©tude des Livres SacrĂ©s fut la seule pratique qui empĂȘcha le peuple dispersĂ© de se dĂ©sagrĂ©ger, il faut bien admettre que lâarticulation des deux dĂ©finitions latines du mot religio convient au judaĂŻsme en tant que religion dite du Livre. 59 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 125. 60 Ibid. 61 Ibid. 27Elle devrait donc convenir Ă©galement au christianisme et Ă lâislam. Pour celui-ci, Freud avoue un savoir limitĂ©, lequel lui permet toutefois [dâaffirmer] que lâinstauration de la religion de Mahomet lui paraĂźt ĂȘtre une rĂ©pĂ©tition abrĂ©gĂ©e de la religion juive sur laquelle elle sâest modelĂ©e59 ». Cela signifie que lâislam rĂ©cupĂ©ra dans le judaĂŻsme la figure du grand et unique PĂšre primitif60 ». Mais quâAllah, en retour, se montra bien plus reconnaissant envers son peuple Ă©lu que ne lâavait Ă©tĂ© JahvĂ© envers le sien61 ». On a Ă©voquĂ© plus haut ce que dit Freud de la religion chrĂ©tienne fondĂ©e par Paul. Cela Ă©tant, il faut reconnaĂźtre que des trois religions du Livre, seul le judaĂŻsme mĂ©rite vraiment ce qualificatif. Lâislam et, jusquâĂ une date rĂ©cente, le catholicisme, eurent tendance Ă se rĂ©clamer dâune tradition accrochĂ©e au sens reçu et rĂ©tive Ă tout renouvellement apportĂ© par la relecture. La rĂ©citation du Coran ou des Ăvangiles ne permet pas en effet de revendiquer un brevet de lecture. Cette affirmation introduit dĂšs lors la question de la lecture. 28Quâest-ce que lire ? LâĂ©tymologie reste imprĂ©cise. On choisira la dĂ©finition partagĂ©e par la majoritĂ© des dictionnaires. Celle-ci renvoie lire Ă legere cueillir, colliger, lier, Ă©lire ». Au XVIe siĂšcle, le français lire prend le sens de discerner », puis de comprendre » le sens de certains signes. La comprĂ©hension est elle-mĂȘme le rĂ©sultat du dĂ©chiffrage des lettres, ces derniĂšres Ă©tant le rĂ©sultat produit par lâĂ©criture, laquelle signifie dâabord inciser, couper ». 62 Voir R. Sublon, LâĂthique ou la Question du sujet, Metz-Strasbourg, Ăditions du Portique, 2004, p. ... 29LâĂ©tymologie de ces deux verbes annonce avec justesse la structure caractĂ©ristique de la lettre. Une telle structure est dite moebienne en ce sens que la coupure longitudinale du ruban de Moebius rĂ©vĂšle la particularitĂ© dâarticuler lâidentique et le diffĂ©rent62. On dira donc que le dĂ©chiffrage se confronte Ă une structure de coupure oĂč Y un sâarticule Ă lâautre, câest-Ă -dire nâest pas sans lui, comme Freud le constate, lui aussi, Ă propos de V Unheimliche. Ces remarques permettent dâavancer que la lettre, en tant que condition de la lecture, est grosse dâun double effet un effet de sens en mĂȘme temps quâun effet de suspens. En dâautres termes, le tracement de la lettre garde une ouverture. Elle interdit toute clĂŽture sur une signification ultime, qui dirait le vrai sur le vrai. Elle mĂ©nage donc la possibilitĂ© de relire. 30Freud nâa pas pris la peine de dĂ©finir la religion. Il a pourtant perçu quâelle pouvait ĂȘtre une lecture - Ă preuve celle quâil fait du judaĂŻsme. On la poursuivra ici, Ă titre dâillustration, en remontant toutefois, par-delĂ MoĂŻse, au mythe dâAbraham, le pĂšre des croyants, commun aux trois religions du Livre. Ce mythe comporte, on le sait, la perspective dâun meurtre dont le fils est lâobjet, et le pĂšre, lâacteur. On peut interprĂ©ter lâĂ©pisode en imaginant quâAbraham prend ses prĂ©cautions pour Ă©viter le sort rĂ©servĂ© au pĂšre primordial. Cette anecdote nâa pas manquĂ© de susciter des commentaires variĂ©s qui, dâOrigĂšne Ă Kierkegaard, Ă©maillent la thĂ©ologie chrĂ©tienne. La plupart des exĂ©gĂštes rĂ©duisent cet Ă©pisode Ă un conflit psychologique, voire moral, et offrent des solutions tout aussi psychologiques ou morales qui consistent Ă cĂ©lĂ©brer le renoncement Ă la violence de la pulsion de mort ou Ă exalter la spiritualisation possible de la religion. 63 J. Lacan, Des Noms-du-PĂšre, Paris, Ăd. du Seuil, 2005, p. 87. 64 J. Lacan, Le SĂ©minaire. Lâidentification, inĂ©dit, sĂ©ance du 65 Ibid. 31Une telle lecture qui consiste Ă se fier Ă la purification des ĂȘtres et des idĂ©es ne semble pas, en thĂ©orie au moins, garantir la promesse faite par la divinitĂ© Ă Abraham dâune immense descendance. Une autre lecture de lâAkeda, câest-Ă -dire de la ligature dâIsaac, est possible. Elle en appelle Ă une nĂ©cessitĂ© logique susceptible dâassurer une issue au drame qui se noue. Cette lecture met en scĂšne la fonction du nom propre et le caractĂšre essentiel de ce dernier dâĂȘtre dĂ©pourvu de sens. Le sĂ©minaire consacrĂ© par Lacan Ă VIdentification 1961-1962, puis Y Introduction aux Noms-du-PĂšre 1963, lui permettent de situer la fonction du nom propre en tant quâil est une marque dĂ©jĂ ouverte Ă la lecture63 ». En choisissant Gardiner contre Russel, lequel ignore la fonction de la lettre dans le nom propre, Lacan souligne dâabord lâinfluence de John Stuart Mill 1806-1876 et du grammairien grec du IIe siĂšcle avant Dionysus Thrax, sur Gardiner. Pour le psychanalyste, Mill voit juste en ce quâil distingue le nom propre du nom commun en recourant au sens Si quelque chose est un nom propre, câest pour autant que ça nâest pas le sens de lâobjet quâil amĂšne avec lui, mais quelque chose qui est de lâordre dâune marque appliquĂ©e en quelque sorte sur lâobjet ». Lacan poursuit Je pose quâil ne peut y avoir de dĂ©finition du nom propre que dans la mesure oĂč nous apercevrons le rapport de lâĂ©mission nommante avec quelque chose qui, dans sa nature radicale, est de lâordre de la lettre64 ». Et pour finir il constate que, le figuratif effacĂ©, ce qui reste câest quelque chose [du] trait unaire en tant quâil fonctionne comme distinctif, quâil peut Ă lâoccasion jouer le rĂŽle de marque65 ». 32Cette sĂ©rie dâaffirmations permet dâidentifier lettre, trait unaire et marque ouverte Ă la lecture. La lettre attend la lecture et câest Ă ce niveau que se situe, pour finir, le Nom par excellence, le Shem, imprononçable en tant que tel, et qui sâouvre sur une bĂ©ance au lieu de lâAutre. Cela Ă©tant, la relecture du mythe dâAbraham permet de pointer, en dehors du pathos ou du moralisme des interprĂ©tations habituelles, la condition de lâalliance, de la promesse et de la fĂ©conditĂ© dite spirituelle dâune religion qui serait du Livre. 66 Saint-Arnaud, La grĂące du âtroisiĂšme jourâ », Revue des Sciences Religieuses, 75 2001, p. ... 33RĂ©sumons Ă grands traits le mythe qui met en scĂšne lâĂ©mission nommante » de la divinitĂ©, Ă©mission qui transporte quelque chose de la lettre. El Shaddai qui se nomme et promet lâalliance renomme Abram en ajoutant un hĂ© Ă son nom. Abram devient Abraham. Puis est promulguĂ©e la condition de lâalliance tout mĂąle sera circoncis. La circoncision sera dĂ©sormais signe de la coupure dâune alliance. De son cĂŽtĂ©, lâĂ©pouse du patriarche est renommĂ©e Ă son tour. Elle ne sâappellera plus SaraĂŻ, mais Sarah avec hĂ©, car elle aussi reçoit le trait de la marque, trait identique Ă celui quâa reçu Abraham. Lâalliance se rĂ©vĂšle ainsi au lieu du redoublement de la marque, lĂ oĂč sâĂ©crit dans le nom et sur le sexe la diffĂ©rence qui constitue sa condition mĂȘme de possibilitĂ©. Cette diffĂ©rence repose sur ce fait, rappelĂ© par Guy-Robert Saint-Arnaud, que la marque ne peut devenir marque dâune diffĂ©rence que de la seule qualitĂ© de nâĂȘtre pas lâautre marque. Ce nâest pas la non-identitĂ© dâun trait Ă son voisin qui fait sa diffĂ©rence, mais le seul fait quâil nĂ©cessite dâĂȘtre Ă la fois deux et un pour nâĂȘtre pas le trait dâĂ cĂŽtĂ©66 ». 67 Lacan, Des Noms-du-PĂšre, p. 70. 34Si on rĂ©duit lâidentitĂ© du sujet Ă son statut social, on ne retiendra dâAbraham et de Sarah que le sens attachĂ© Ă leur nom propre, ou bien la symbolique qui les fait pĂšre et mĂšre, patriarche et matriarche, mais encore frĂšre et sĆur, car issus lâun et lâautre du mĂȘme pĂšre. On pourra dĂšs lors gloser, thĂ©ologiser ou moraliser autour dâun inceste originaire comme on lâa fait pour la descendance dâAdam et Ăve. En revanche, si on veut signifier un sujet qui se fonde et se dĂ©termine dans un effet du signifiant67 », une lettre est nĂ©cessaire et suffisante en tant quâelle fonctionne comme trait marqueur. Cette lettre disqualifie lâentreprise qui cherche Ă rĂ©aliser le symbolique de lâimaginaire, caractĂ©ristique, selon Lacan, de la religion. OpposĂ©e Ă cette entreprise, le travail de la psychanalyse consiste Ă imaginer le rĂ©el du symbolique et Ă renoncer Ă lâillusion quâun tel travail pourrait aboutir Ă sa fin grĂące Ă la rĂ©cupĂ©ration du reste quâil produit. 68 R. Heyer, Sacrifier la promesse ? », Revue des Sciences Religieuses, 79 2005, p. 413. 35Le dĂ©tour par la re-nomination dâAbram et de SaraĂŻ justifie ainsi une autre lecture de la religion, celle-ci Ă©tant liĂ©e Ă la promesse. Partant de lâAkeda, RenĂ© Heyer, confrontĂ© Ă ce problĂšme, constate que la promesse bute sur la finitude oĂč Ă©choue toute promesse rĂ©alisĂ©e. Ainsi ce fils tard venu, Isaac, qui tombe comme tous les fils sous le coup de la mortalitĂ©. Que vaut en effet une promesse si ce que lâon en obtient se perd dĂšs que reçu ? Il faut donc quâĂ travers la promesse accordĂ©e se maintienne son ouverture de promesse68 ». 36Quelle meilleure façon peut-on alors imaginer pour garder cette ouverture que celle dâassurer la possibilitĂ© de la lecture que la lettre conditionne ? Son trait est Ă©crit dans le nom et dans la coupure de lâAlliance. Il est tracĂ© sur lâorgane de la gĂ©nĂ©ration. Celui-ci nâest plus tout. SaraĂŻ, de son cĂŽtĂ©, a perdu le yod de lâorigine. La lettre inscrite dans la chair et dans le nom invite tout lecteur possible Ă y lire la passe de lâaffiliation. Celle-ci consiste Ă assentir Ă lâimpossible saisie dâune origine pour relire la trace dâune coupure. 69 Freud, Totem et tabou, p. 185. 70 Goethes Werke, MĂŒnchen, Droemersche Verlag Anstalt, 1953,I, p. 746. Jean Malaplate le traduit D ... 71 Goethe, Faust I et II, p. 63. 37Lâorigine est barrĂ©e. Freud, pourtant, achĂšve Totem et tabou sur une citation au commencement Ă©tait lâaction69 ». Ă quoi cette citation renvoie-t-elle ? Au dilemme faustien, bien sĂ»r. ConfrontĂ© Ă la lecture du premier verset de lâĂvangile selon saint Jean, Goethe y voit un texte fondateur Im Anfang war das Wort !70 ». Mais quoi ? Le mot Ă©crit-il le destin ? Le nom emporte-t-il la chose ? Et si câĂ©tait le Sens qui primait sur le reste ? Serait-ce alors le Sens qui crĂ©e et qui fait vivre ? Et si câĂ©tait la Force ?... Il faut aller plus loin ; lâEsprit meut lâintuition qui permet de tracer Dans le commencement existait lâAction71 ». 72 Freud, Totem et tabou, p. 185. 38Freud a lu ce passage du poĂšte. Comme lui, il pose dans le commencement lâacte. Ce choix est la coupure qui achĂšve son parcours en lâouvrant sur lâĂ©thique. Celle-ci exige que le choix soit possible das Wort ou die Tat ? Car lâun nâest pas sans lâautre. Le choix impliquant une perte, Freud conclut Sans prĂ©tendre clore la discussion [..] par une dĂ©cision dĂ©finitive et absolue, nous pouvons risquer cette proposition âau commencement Ă©tait lâactionâ72 »... Dans le commencement le tracement de la lettre mĂ©nageait le possible. Haut de page Notes 1 S. Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », LâAvenir dâune illusion, Paris, PUF, 1971, p. 83. 2 Ibid. 3 Ibid., 4 S. Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es », 1948, p. 76. 5 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 86. 6 Ibid., p. 90. 7 Ibid., p. 92. 8 Ibid., p. 93. 9 Ibid., p. 94. 10 S. Freud, Totem et tabou, Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1965, p. 162. 11 Ibid.,p. 163. 12 Ibid. 13 Ibid., p. 164. 14 Ibid., p. 165. 15 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 49. 16 Ibid., p. 39. 17 Freud, Totem et tabou, p. 179. 18 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 44. 19 S. Freud , Malaise dans la civilisation », Revue française de psychanalyse, Paris, PUF, XXXIV, janvier 1970, p. 50. 20 Voir ibid., p. 77. 21 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 29. 22 Ibid.,p. 70. 23 Ibid., p. 77. 24 Ibid.,p. 78. 25 Freud, Malaise dans la civilisation », p. 79. 26 Ibid. 27 D. Bakan, Freud et la mystique juive,Paris, Petite BibliothĂšque Payot, 1977, 119. 28 M. Schur, La Mort dans la vie de Freud, Paris, Gallimard, 1975, p. 555. 29 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 119. 30 Ibid.,p. 47. 31 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 7. 32 Ibid. 33 Ibid., p. 94. 34 Ibid., p. 80. 35 Ibid., p. 144 s. 36 Ibid., p. 116. 37 Ibid.,p. 117. 38 Ibid. 39 Ibid.,p. 119. 40 Ibid., p. 120. 41 Schur, La Mort dans la vie de Freud, p. 554. 42 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 77. 43 Ibid.,p. 75. 44 Bakan, Freud et la mystique juive, p. 61. 45 Freud, LâAvenir dâune illusion, p. 75. 46 Ibid.,p. 76. 47 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 149-150. 48 Ibid.,p. 151. 49 Ibid.,p. 152. 50 Ibid. 51 Ibid., p. 154. 52 Ibid., p. 154-155. 53 K. Stern, La TroisiĂšme RĂ©volution. Essai sur la psychanalyse et la religion, Paris, Ăd. du Seuil, 1969, p. 103 et 111. 54 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 76. Nous soulignons. 55 Freud, Actes obsĂ©dants et exercices religieux », p. 83. 56 Voir GOUX, Les Iconoclastes, Paris, Ăd. du Seuil, 1978. 57 S. Freud, Essai de psychanalyse appliquĂ©e, Paris, Gallimard, coll. IdĂ©es »,1933, p. 174. 58 A. Rey dir., Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, article Religion », p. 1758. 59 Freud, MoĂŻse et le monothĂ©isme, p. 125. 60 Ibid. 61 Ibid. 62 Voir R. Sublon, LâĂthique ou la Question du sujet, Metz-Strasbourg, Ăditions du Portique, 2004, p. 79-80. 63 J. Lacan, Des Noms-du-PĂšre, Paris, Ăd. du Seuil, 2005, p. 87. 64 J. Lacan, Le SĂ©minaire. Lâidentification, inĂ©dit, sĂ©ance du 65 Ibid. 66 Saint-Arnaud, La grĂące du âtroisiĂšme jourâ », Revue des Sciences Religieuses, 75 2001, p. 351. 67 Lacan, Des Noms-du-PĂšre, p. 70. 68 R. Heyer, Sacrifier la promesse ? », Revue des Sciences Religieuses, 79 2005, p. 413. 69 Freud, Totem et tabou, p. 185. 70 Goethes Werke, MĂŒnchen, Droemersche Verlag Anstalt, 1953,I, p. 746. Jean Malaplate le traduit Dans le commencement Ă©tait le Verbe » Goethe, Faust I et II, trad. J. Malaplate, Paris, GF-Flammarion, 1984, p. 63. On pourra aussi se rĂ©fĂ©rer Ă la traduction de GĂ©rard de Nerval, dans Goethe, Faust, Paris, GF-Flammarion, 1964, p. 67 Au commencement Ă©tait le verbe ! ». 71 Goethe, Faust I et II, p. 63. 72 Freud, Totem et tabou, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Roland Sublon, Freud et la religion ou le choix du commencement », Revue des sciences religieuses, 82/1 2008, 65-79. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Roland Sublon, Freud et la religion ou le choix du commencement », Revue des sciences religieuses [En ligne], 82/1 2008, mis en ligne le 10 octobre 2012, consultĂ© le 27 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Roland Sublon FacultĂ© de thĂ©ologie catholique UniversitĂ© Marc Bloch StrasbourgHaut de page Droits d'auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
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